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Une décharge du XVIe siècle découvert aux pieds du Château de Philippe-Auguste…

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Cha-teau-de-Philippe-Auguste-Archeologie.jpgUne décharge du XVIe siècle découvert aux pieds du Château de Philippe-Auguste…

Lors de fouilles archélogiques initiées par le service régional de l’Archéologie (Drac de Haute- Normandie) l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a mis au jour un vaste dépotoir du XVIe siècle révèlant un mobilier archéologique riche et varié : céramiques, ossements, déchets d’artisanats.

Cette découverte située aux abords du Château de Philippe-Auguste (Rouen) a été prescite préalablement à la réalisation d’un programme immobilier  par Bouygues à l’angle des rues Verte et Pouchet, à proximité de la gare, à Rouen.

Le terrain se situe au nord-ouest du centre-ville historique de Rouen, aux abords du château de Philippe-Auguste. Les archéologues y ont identifié un site destiné à recueillir les déchets des habitations voisines au XVIe siècle.  Date à laquelle la démolition du Château fut ordonnée après un incendie et des destructions importantes dues aux guerres de religion.

La Haute Tour de Jeanne d’Arc  haute de 35 mètres environ, est le seul vestige encore en élévation du château bâti à Rouen par le roi Philippe-Auguste au lendemain de sa conquête de la Normandie, en 1204. Maintes fois modifiée, remaniée, détériorée, restaurée, elle constitue néanmoins un témoin important de l’histoire de la Rouen.

Château de Philippe-Auguste-tour-jeanne-d-arc-rouen arc

Le château fut construit sur les ruines de forme elliptique d’un amphithéâtre gallo-romain, daté du IIe siècle après J.-C., ce qui explique son plan polygonal. La position dominante, en hauteur par rapport à la ville, ainsi que la proximité de matériaux de construction facilement récupérables, expliquent probablement le choix de cette implantation. La tour dite « Jeanne d’Arc » était en fait le donjon, ou plutôt la tour maîtresse du château.

Les recherches archéologiques ont donc offert une opportunité unique d’enrichir les connaissances sur la ville de Rouen au XVIe siècle et d’étudier en particulier les modes de gestion des déchets mis en place à la fin du Moyen Age.

Un siècle qui correspond à la venue de la famille Corneille !

Château de Philippe-Auguste-Rouen-Corneille

Le 6 juin 1606, Pierre Corneille naît à Rouen, près de la place du Vieux-Marché. Il y vit pendant 56 ans et y écrit une partie de son œuvre. Absente de ses pièces, Rouen, au même titre que l’Espagne ou que l’Italie, est néanmoins à l’origine de son œuvre. Nous vous invitons donc à une déambulation, sur les pas du dramaturge, dans la ville du XVIIe siècle.

Originaires de Conches dans l’Eure, les ancêtres de Corneille sont, depuis le XVIe siècle, de petits notables qui ont quitté leur condition de tanneurs et d’agriculteurs en achetant des charges d’officiers. Ils accèdent ainsi à la bourgeoisie de robe. En 1584, le grand-père de Corneille acquiert deux maisons dans la rue de la Pie. La maison natale de Pierre Corneille se trouve au numéro 4. Mariés à deux sœurs, Pierre et son frère Thomas habitent les deux maisons voisines jusqu’à leur départ à Paris en 1662.

En août 1584, le grand-père de Pierre Corneille devient propriétaire de deux logis contigus situés dans une ruelle donnant sur la Place du Vieux Marché.

Ces demeures sont alors désignées par les qualificatifs de « Grande » et de « Petite Maison » et c’est dans la dite « Petite », au 17 rue de la Pie (4 aujourd’hui) que voit le jour le 6 juin 1606 l’auteur du Cid, second de la fratrie Corneille. Des cadets suivent dont Thomas, né dans la « Grande Maison » en 1625 et qui suivant l’exemple de son aîné se consacra aux Lettres, puis Marthe, mère d’un autre illustre Rouennais, Fontenelle.

À la mort de leur père en 1639, Pierre et Thomas héritent de leurs maisons natales respectives. Voisins et qui plus est, mariés à deux sœurs, les frères Corneille sont très proches tout au long de leurs vies, fait constaté par leur neveu Fontenelle : « La distance qui était entre l’esprit des deux Corneille n’en mit aucune dans leur cœur ». C’est ensemble d’ailleurs qu’ils quittent la rue de la Pie pour s’établir définitivement à Paris en 1662. Pierre Corneille ne se sépare pas pour autant de sa maison natale, il ne le fera que bien plus tard, un an avant sa mort. Pendant cinquante-six années consécutives, il vit dans cette maison de famille où il devient lui-même père de nombreux enfants. La vie rouennaise du célèbre dramaturge se partage alors entre sa profession d’avocat qu’il exerce au Parlement et sa maison de la rue de la Pie, foyer domestique et lieu d’écriture où il compose une partie de son œuvre. C’est à Rouen qu’il compose ses premières œuvres, des comédies telles que Mélite (1630), la Galerie du Palais (1633), l’Illusion comique (1636)... Ville natale puis lieu de vie de Corneille, Rouen reste cependant absente de ses écrits. La dramaturgie classique réclame en effet des cités antiques et capitales, scènes mythiques où les héros Horace, Cinna, Nicomède pour ne nommer qu’eux, sont fatalement confrontés au choix cornélien du devoir et du sentiment.

Les archéologues y ont identifié un heurt, terme qui désigne dans les archives un site destiné à recueillir les déchets des habitations voisines au XVIe siècle. Cet immense dépotoir couvrant plus de 2 500 m2 est installé en dehors de la ville close, près du fossé longeant les fortifications. Il peut être assimilé à une décharge publique, où plus de 10 000 m3 de déchets sont entreposés en couches successives : gravats et matériaux de constructions, lits de cendre, rejets d’artisanat (dont de la tabletterie, de la métallurgie et de la tannerie), poches de mobilier (huîtres ou chevilles osseuses), niveaux sableux très riches en céramique, verre et ossements animaux, déchets organiques issus de fosses d’aisances, etc. Cette fine stratification indique que le dépotoir a été constitué par de nombreux apports réguliers de déchets en petite quantité plutôt que par quelques grands arrivages.

Cha-teau-de-Philippe-Auguste.JPG© INRAP

La diversité du mobilier archéologique exhumé reflète l’ensemble de la vie quotidienne de Rouen au XVIe siècle. L’abondante céramique domestique retrouvée sur le site (pots à cuire, plats, assiettes, etc.) apporte des éléments de datation ainsi que des informations sur les usages en cours. Elle témoigne de la coexistence d’une production locale et de nombreuses importations, proches comme les céramiques de la région de Beauvais, ou plus lointaines avec des fragments de majolique italienne et hispano-mauresque. Ces pièces d’importation permettaient d’agrandir le vaisselier avec de la céramique plus luxueuse.

Au XVIe siècle, la ville de Rouen est en pleine transformation. Elle est alors la ville la plus peuplée du royaume après Paris. La gestion des déchets est devenue depuis la fin du Moyen Âge un élément important de l’administration municipale et royale ; de nombreux décrets demandent à la population d’évacuer ses déchets hors de la ville ou contre les fortifications. Le site de la rue Pouchet est le résultat de cette nouvelle politique : les habitants, ou des ramasseurs professionnels, apportaient leurs résidus hors de la ville close, dans cette grande excavation qui atteint 5 mètres de profondeur. Là devaient se trouver des récupérateurs qui opéraient un premier tri parmi les déchets ce qui expliquerait la rareté en objets métalliques. En effet, si quelques petits objets en bronze (clef, boucle de ceinture, bouterolle, dé à coudre, épingles à cheveux, …) ou en fer (clous, boucle, …) ont été retrouvés, on note l’absence de grands objets ou d’outils usagés qui ont dû être recyclés. L’étude de tout le mobilier issu de la fouille, complétée par un travail sur les archives, apportera certainement un nouvel éclairage sur la problématique de la gestion des déchets dans les grandes villes au XVIe siècle. 

Château de Philippe-Auguste-1© INRAP


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