Dans le Nord-Pas-de Calais, la troisième révolution industrielle est en marche…
En octobre dernier, la Chambre de commerce et d’industrie de région et le Conseil régional Nord-Pas de Calais ont confié à Jeremy Rifkin l’élaboration d’une feuille de route engageant le Nord-Pas de Calais vers la transition énergétique.
Le projet avance à un rythme très soutenu et selon un déroulé très rigoureux. Il se construit à partir de toutes les initiatives déjà engagées dans la région, de la réalité économique, de la concertation des membres du forum d’orientation et des travaux des huit groupes engagés dans la recherche du chemin menant à une économie plus compatible avec un futur moins carboné.
Le deuxième forum d’orientation s’est tenu ce jour en présence de Philippe Vasseur, président du forum d’orientation, de Jean-François Caron, vice-président du forum d’orientation et de Daniel Percheron, président du Conseil régional Nord-Pas de Calais ainsi que des membres des différents collèges et groupes de travail.
Le forum d’orientation se compose d’une cinquantaine de membres (désignés par le monde économique, politique, sociétal, de la recherche/des universités/des grandes écoles) qui travaillent tous ensemble.
Ce deuxième rendez-vous a été l’occasion de partager l’avancée de la mission, le calendrier des travaux, ainsi que la préparation du séminaire de travail avec Jeremy Rifkin et ses équipes.
LES HUIT GROUPES DE TRAVAIL
Huit groupes de travail réunissent des experts régionaux (et peuvent accueillir des experts nationaux et européens) ainsi que des entreprises opérant dans le Nord-Pas de Calais sur les 6 piliers de travail retenus et les deux groupes spécifiques sur l’économie circulaire et l’économie de la fonctionnalité.
1. Les énergies renouvelables distribuées
2. Les bâtiments producteurs d’énergie
3. L’efficacité énergétique
4. Stockage de l’énergie
5. Réseaux intelligents
6. Innovation dans la mobilité
7. Economie de la fonctionnalité
8. Economie circulaire
Les groupes de travail ont été officiellement lancés les 4 et 5 mars. Les rapporteurs de chaque groupe ont déjà rendu leur première « copie », en anglais, le 22 mars, date à laquelle, elles ont été transmises aux équipes de Jeremy Rifkin. Du 17 au 19 avril, pour avancer, les groupes ont a eu une réunion téléphonique avec les équipes de Jeremy Rifkin. Une deuxième note a été rendue par chacun des groupes cette semaine.
VISITE DE JOHN « SKIP » LAITNER A LILLE EN AVRIL DERNIER
John Skip Laitner, économiste, « bras droit » de Jeremy Rifkin, était à Lille du 4 au 7 avril. Il a rencontré l’ensemble des participants à la démarche troisième révolution industrielle en Nord-Pas de Calais », à savoir :
· Philippe Vasseur, Daniel Percheron et Jean-François Caron
· Le secrétariat permanent du projet, dirigé par Claude Lenglet
· Les huit groupes de travail régionaux de la troisième révolution industrielle. Spécialiste de l’efficacité énergétique, il a échangé plus spécifiquement avec le groupe de travail régional qui pilote ce sujet dans le cadre de la préparation du Master plan.
· Les représentants des collectivités territoriales associées à la démarche
La diversité des acteurs rencontrés (experts, politiques, techniciens...) a permis à John Skip Laitner de prendre conscience de la dimension participative forte du projet entrepris par les forces régionales autour de la Troisième révolution industrielle. Il a ainsi déclaré que ce Master plan pourrait, par son aspect collaboratif inédit, être un modèle des expertises déjà produite par Jeremy Rifkin et son équipe. Il est à noter que Jeremy Rifkin a déjà réalisé plusieurs Master plans notamment pour les villes de Rome, ou San Antonio au Texas.
La troisième révolution repose pour J Rifkin sur la création conjointe :
- d'un système distribué de production et distribution d’énergies renouvelables. Cette énergie (petit éolien, photovoltaïque, géothermie…) serait produite non plus dans de grandes centrales toujours source de dépendance, de risque et associées à d’importantes pertes en ligne, mais un peu partout et de manière décentralisée, directement sur les constructions (toitures, terrasses, murs, vitrages photovoltaïques, murs anti-bruit…) ou via les fondations (géothermie, puits canadien).
- d’une capacité à stocker une partie de cette énergie (sous la forme d’hydrogène notamment), et à la redistribuer une partie de l'énergie ainsi produite de manière « décentralisée », par l'intermédiaire d’un réseau intelligent de type « smart grid », sans émissions de gaz à effet de serre.
L'ensemble du système sera de plus en plus interactif, intégré et homogène.
Le partage et l’interdépendance sera source de nouvelles opportunités de développement économique, moins basés sur la concurrence, et plus sur la coopération.
La Troisième Révolution Industrielle devrait aussi susciter selon Rifkin une ère économique nouvelle qu’il qualifie d'aire du « capitalisme distribué » (« distributed capitalism ») où des millions d'entreprises existantes et nouvelles ainsi que des propriétaires de logements et véhicules deviendront collaborativement des acteurs de l'énergie. Cette transition énergétique devrait être source de millions d’emplois dits « emplois verts », accompagnant une nouvelle révolution technologique, augmenter considérablement la productivité, sans les inconvénients qu'elle a généré au xxe siècle, tout en atténuant la contribution de l'humanité au dérèglement climatique.
Rifkin insiste sur le caractère impératif des synergies entre les cinq piliers, et sur le fait qu'ils doivent absolument être développés à la même vitesse et ampleur, car le retard d'un seul d'entre eux empêchera le développement des quatre autres.
5 piliers :
1-/ La transition d'un régime d'énergies carbonées ou nucléaire vers les énergies renouvelables. Ces énergies ne sont encore qu'une faible part du bouquet énergétique mais elles se développent vite, leurs coûts diminuent, les rendant plus concurrentielles, surtout si on internalise les coûts environnementaux et de sécurité dans les sources dites « classiques » (pétrole, gaz, charbon et nucléaire) ;
2-/ Reconfigurer les infrastructures et bâtiments (180 millions de bâtiments rien qu'en Europe) en mini-centrales électriques collectant in situ des énergies renouvelables ; au profit d’une production décentralisée d’énergies, proche des endroits où on en a besoin. Des percées technologiques permettent déjà de multiplier des bâtiments à énergie positive. Des implications commerciales et économiques énormes concernent les secteurs de l'immobilier, des bâtiments et travaux publics et autres Industries, partout ; De 2010 à 2035, des millions de bâtiments (maisons, bureaux, bâtiments publics,zones d'activité pourront à la fois accueillir des gens et des activités et produire de l’énergie à partir du soleil, du vent, de l'eau (énergie des vagues et des marées, hydroélectricité), des déchets organiques ou de la géothermique, pour eux-mêmes et en partageant le surplus là où il peut être utile.
3-/ « installer dans chaque bâtiment et dans toute infrastructure de la société des technologies de l'hydrogène et d'autres moyens de stockage pour conserver l'énergie renouvelable intermittente, d'origine photovoltaïque notamment9,10,11,12 et garantir la satisfaction de la demande par une offre fiable et continue d'électricité verte ».Pour maximiser les énergies renouvelables et en minimiser les coûts, il faut en effet rapidement développer des méthodes de stockage facilitant la conversion de source d'énergie intermittente dans des matériels fiables et partagés (ex. : Batteries, remontée d'eau par pompage-turbinage, stockage d'hydrogènequi semble être une solution d’avenir pour le stockage ou transport, etc.). Ce sont des idées portées par J. Rifkin depuis 2002 au moins.
4-/ le développement de Smart grids et intergrids grâce à une technologie inspirée d’Internet connectant les réseaux énergétiques et électriques (devenus bi-directionnels13) en un réseau unique et intelligent. Le réseau électrique sera son propre réseau informationnel. Ceci implique que toutes les mini-centrales de productions d'énergie soient équipés d'un module électronique dans un esprit d'interopérabilité.
5-/ la transition des flottes de transport vers des véhicules hybrides ou à pile à combustible, pour tous les véhicules motorisés [1], chaque véhicule pouvant acheter et vendre de l'électricité en se connectant au réseau Smart grid. Ce réseau est continental et marin (hydrogène ou électricité produits par les éoliennes offshoreeténergies marines. Il est ouvert et interactif ; chaque batterie ou réservoir d’hydrogène de véhicule ou navire y joue aussi potentiellement : 1) un rôle de réservoir « tampon » du réseau, et 2) un rôle de transporteur d'énergie. Tout véhicule connectable peut - selon les moments - prélever de l'énergie dans le réseau, ou lui en fournir (à partir de ses réserves inutilisées et/ou à partir de modules photovoltaïques.