4ème édition pour une traversée artistique dans la métropole nantaise… Le
Voyage à Nantes… Part.III
3ème volet consacré à la 4ème édition du Voyage à Nantes, une expédition artistique à travers le métropole nantaise.
Estuaire
ILE de Nantes - Rue La-Noue- Bras-de-fer
Mètre à ruban
Lilian Bourgeat
CRÉATION PERENNE
Lilian Bourgeat s’évertue à dépasser l’ordinaire, au sens propre comme au sens figuré. Il s’attache à surdimensionner des objets de notre quotidien (salon de jardin, bottes en caoutchouc, plots de signalisation, banc public, etc.) : tout en conservant leur exact aspect d’origine, ceux-ci s’affranchissent de leur banalité pour acquérir un statut extraordinaire, quasi iconique. On s’approche alors d’un univers de conte de fée, où les objets usuels deviennent autonomes et doués d’une certaine magie.
C’est le cas pour ce mètre à ruban démesuré. Outil indispensable à l’architecte, l’urbaniste, l’ouvrier et bien d’autres corps de métier, le mètre à ruban l’est aussi pour l’artiste qui le transporte partout avec lui. Copie exacte mais gigantesque du sien propre, celui-ci est déployé dans la cour du nouveau siège du groupe Aethica dont le métier est justement de construire des projets immobiliers. Au cœur de l’île de Nantes, l’œuvre apparaît comme un monument dédié à la simplicité d’un outil, banal s’il en est, mais qui rend concrètes les constructions issues de notre imagination.
MÈTRE À RUBAN esquisse © LiLian bOurgeat6
ILE de Nantes
Bâtiment Manny
The Zebra crossing, regulations and general Directions
Angela Bulloch
Angela Bulloch cherche à détourner des systèmes existants, règles ou structures. Ici, l’œuvre signale l’immeuble Manny et le connecte à son environnement immédiat. En s’inspirant du marquage des passages piétons britanniques, dont elle respecte la réglementation, et de leurs célèbres Belisha Beacon – globes jaunes dont elle reprogramme le clignotement –, elle redessine l’espace public face au bâtiment et crée l’impression d’un dérèglement pour semer le doute dans l’esprit du promeneur... d’autant que le passage piéton se prolonge à l’intérieur du bâtiment !
26
ILE de Nantes
Bâtiment Manny
Air
Rolf Julius
Dans son travail, Rolf Julius cherchait inlassablement à mettre au jour la relation entre musique et sculpture, ou comment créer de “la musique pour les yeux”, titre d’une de ses compositions. Le promeneur passant à proximité de Manny découvre air qui, sous la peau métallique du bâtiment, résonne et semble subtilement “rendre audible la façade”. Entre cliquetis métalliques et vagues chants d’oiseaux, cette musique sourde et discrète renvoie à l’environnement immédiat du bâtiment.
Maison régionale d’Architecture des Pays de La Loire
Musée nomade :
De Frank Myers Boggs à Claudio Parmiggiani
De la mer au ciel, trois grandes marines de la collection XIXe du musée des Beaux- Arts sont présentées face à La barque des neuf planètes de Claudio Parmiggiani. La barque des neuf planètes est une œuvre caractéristique de l’art de Claudio Parmiggiani qui aime trouver son inspiration dans les chefs-d’œuvre du passé. Elle est inspirée de l’œuvre de Bellini, L’allégorie de la Fortune, conservée à la Galerie de l’Académie à Venise, où l’on voit une jeune femme, assise dans une barque, entourée de sept putti. Elle tient dans ses mains une sphère blanche. La peinture de Bellini appartient à une série de quatre panneaux allégoriques figurant la Persévérance, la Prudence, la Sagesse et la Fortune. Dès 1968, la barque est un élément utilisé par Parmiggiani comme une métaphore du voyage, de la mémoire, de la rencontre, de l’inconnu... Ici, il utilise un punto, barque employée autrefois pour naviguer le long des rives du Pô. Dans cette représentation poétique de l’univers, notre Terre est une des neuf planètes que l’artiste laisse voguer au gré de notre imagination.
BARCA CHE TRASPORTA NOVE PIANETI, CLaudiO Parmiggiani, 1994. turin © rmn
– PhOtOgraPhie : g. bLOt
Estuaire
ENSA Nantes
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE
L’absence
Atelier Van Lieshout
Atelier Van Lieshout – célèbre pour ses mobile homes qui rendent possible la vie autarcique, ou pour ses unités architecturales inspirées par le corps humain et les organes vitaux – a acquis une réputation internationale en produisant des œuvres aussi diverses que des machines, sculptures, bâtiments, installations et des concepts pour des villes utopiques. L’absence est une sculpture qui répond à son environnement architectural. Elle offre l’apparence d’une masse mouvante et vivante aux multiples protubérances, comme l’incarnation d’un geste dénué de limites de formes ou de fonctions. Cette forme intuitive est habitable : l’artiste en fait un lieu de vie et de discussion.
ENSA Nantes
Place Haute
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE
Les hôtes
FICHTRE
Depuis 2009, en bord de Loire, l’école est implantée au cœur du Quartier de la création. Les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont inventé un dispositif générateur de situations riches et diverses, propice aux activités d’enseignement et de recherche. Trois planchers béton largement ouverts, desservis par une rampe extérieure, mettent progressivement en relation le sol et le ciel. Une structure légère divise la hauteur des niveaux principaux, créant un système propre à leur extension et à leur évolutivité tout en leur associant d’amples volumes.
Le toit du bâtiment, un immense belvédère perché à 22 mètres, domine les quais de Loire. Pour jouir du panorama, Fichtre installe son mobilier (cf. p. 42) et des marchands ambulants permettent de profiter pleinement du lieu.
Ecole Nationale supérieure d’architecture / Galerie Loire
Musée nomade :
Jardins égarés
Entre nature, artifice et écologie, le musée des Beaux-Arts cultive son jardin avec un ensemble d’œuvres du XVIIIe siècle à nos jours qui questionnent notre rapport à la nature : celle-ci a toujours été pour les artistes une source d’inspiration inépuisable. Ainsi, dans ses collections, le musée conserve des œuvres destinées à la décoration des jardins, telle la copie d’un vase antique dit “de la Villa Borghèse”, due à un sculpteur anonyme du XVIIIe siècle, ou une œuvre de Gina Pane, action, stripe rake qui porte un message écologique, dès 1969. Certaines œuvres de la collection de peinture, sculpture ou vidéo rappellent l’importance dans notre culture du jardin et de ses productions – arbres, fleurs, légumes –, que ce soit sur un mode bucolique, critique ou plein d’humour.
Le très savant et fourni bouquet de fleurs d’Alexandre Chantron ou l’étonnante pomone de Ludovic Alleaume peuvent ainsi faire écho à la vidéo de Jean-Claude Ruggirello, jardin égaré, qui donne son titre à cette exposition.
DWARF, DWARF II, PrésenCe PanChOunette, 1989, COLL. du FraC des PaYs de
La LOire © marC dOmage
Quai François-Mitterrand
Les hôtes
FICHTRE
Créé en 2001 à Nantes, Fichtre est composé de Frédéric Péchereau, Thomas Cantin et Wilfrid Lelou, tour à tour plasticiens, architectes, jardiniers ou ouvriers spécialisés. Leur particularité : vouloir sortir du champ de l’architecture pour investir d’autres disciplines (urbanisme, scénographie, design, art contemporain ou bricolage) et fabriquer manuellement des objets qui proposent d’expérimenter l’espace comme un terrain de jeux. Poursuivant cette idée d’occuper la ville différemment et d’inventer, le temps des beaux jours, de nouveaux espaces de convivialité, Fichtre créait en 2012 un mobilier urbain temporaire ingénieusement pensé et agencé. Pari tenu et succès confirmé, tables, bancs, hamacs, praticables furent occupés tout l’été ! Les Hôtes vous accueillent à nouveau à leurs tables, en bord de Loire ou sur le toit de l’école d’architecture, le temps d’un pique-nique, d’un barbecue, d’un jeu, d’un moment de repos... Déclinant le mobilier existant, Fichtre réserve bien des surprises !
Barbecue à disposition midi et soir, tous les Jours sauf lundi soir.
© COLLeCtiF FiChtre sur une PhOtO de marC dOmage
Palais de Justice
Sans titre
Jenny Holzer
L’architecture imposante du Palais de justice proposée par Jean Nouvel (2000) suggère par ses volumes, sa géométrie implacable, son jeu d’ombre et de lumière, la puissance et la force de la justice. Artiste conceptuelle, Jenny Holzer (1950, USA) travaille autour du langage, notamment de la notion de texte qu’elle utilise sous différentes formes (affichage, défileur électronique, gravure). Dans la salle des pas perdus, Jenny Holzer fait lentement défiler des textes fondateurs de la justice française (Code civil, droits de l’homme). Jouant sur les reflets des baies vitrées et du sol de granit poli, le défilement semble infini. Côté Loire, dans un rythme plus rapide, circulent des citations sur la justice, mots de philosophes et de femmes de lettres, de l’Antiquité à nos jours.
ILE de Nantes
Bâtiment harmonie Atlantique
De temps en temps
François Morellet
François Morellet est un artiste qui concilie la rigueur mathématique et géométrique avec le hasard et l’humour. De temps en temps est un “indicateur météorologique” qui s’étend sur toute la façade du bâtiment. Chaque jour, au travers de trois “habillages” lumineux, la façade laisse apparaître des nuages, un soleil ou la pluie qui annoncent le temps qu’il fera quelques heures plus tard !
Oeuvre visible à la tombée de la nuit.
© bernard renOux
Temple du goût
Rue kervégan (Ile Feydeau)
Le nouvel esclavage
Isaac Cordal
Avant que l’Espagne ne subisse de plein fouet la crise financière mondiale, Isaac Cordal voyait déjà la bétonisation à outrance de son pays comme preuve de l’aliénation de la société. Il a donc choisi ce matériau de construction qu’est le ciment pour y mouler des corps humains. Sa série Cement eclipses est tout autant critique que réflexion sur notre comportement en tant que masse sociale. Composée de petites sculptures de quelques centimètres de haut qui prennent la forme d’archétypes de nos sociétés (business man, soldat, simple citoyen...), elle montre les effets dévastateurs de notre évolution en rupture avec notre environnement naturel.
Cette exposition est issue d’un travail mené pendant trois mois dans la ville de Nantes.
Hautement évocatrices, les installations d’Isaac Cordal savent faire appel à notre sensibilité, déclenchent rire ou mélancolie, activent nos cerveaux. Artiste de la rue, il repousse les murs de l’exposition en proposant plusieurs créations à découvrir dans la ville, le long du parcours.
-site non aCCessiBle auX Personnes en fauteuil, aCCessiBle auX Personnes à moBilité réduite aCComPagnées.
© isaaC COrdaL
Cours Franklin-Roosevelt
Histoire d’un mur
Créé et Organisé Par PiCk uP PrOduCtiOn
Immobile, imposant et rassurant, un mur ne sait pas rester vierge. Affiché, taggé, sali, ravalé, peint, décoré, graffé, repeint et encore graffé... Inévitablement le mur s’expose. Il suscite les regards, capable de provoquer simultanément aversion et engouement, mépris et contemplation, antipathie et affection.
à Nantes, un mur prend ses quartiers d’été au cœur de la ville. Ce mur-là sépare autant qu’il réunit : il vous invite à suivre sa métamorphose tout au long de l’été et vous attend chaque vendredi pour un nouveau rendez-vous.
© www.vaChesauvage.net
Place du Bouffay
Follow
The leaders
Isaac Cordal
En écho à son exposition au Temple du Goût (cf. p. 45), Isaac Cordal s’approprie la place du Bouffay. Mises en scènes dans la réalité de la ville, ses sculptures composent une armée de figures solitaires et mélancoliques évoluant au sein d’un univers bétonné dans lequel une touffe d’herbe ou une flaque d’eau deviennent les fragiles fragments du monde naturel.
Sur cette place du Bouffay au caractère minéral, au sein d’un quartier faisant l’objet d’une rénovation urbaine, Isaac Cordal choisit d’implanter une île de gravats issus de bâtiments détruits dans d’autres endroits de la métropole.
Des centaines de sculptures de l’artiste évoluent dans cette ruine contemporaine, témoins du caractère éphémère des constructions humaines. L’installation impressionne autant qu’elle incite à la déambulation, à la recherche du détail, au parcours méditatif.
© isaaC COrdaL
Station Duchesse Anne
Des stations gourmandes en Ville
Les stations gourmandes, installées à l’occasion du Voyage en 2012 et plébiscitées par le public venu pique-niquer et cueillir fruits, légumes et herbes aromatiques, reviennent ! Ces vergers et potagers urbains s’enrichissent pour favoriser la biodiversité : framboisiers, groseilliers, cerisiers, pruniers... qui ont déjà reçu la visite d’abeilles, bourdons, pucerons et coccinelles, se diversifient et s’accompagnent de parcelles aux fleurs mellifères, de nichoirs pour les oiseaux ou d’hôtels à insectes.
© martin argYrOgLO
Estuaire
Canal Saint-Félix
Nymphéa
Ange Leccia
D’abord peintre, Ange Leccia se tourne rapidement vers les arts filmiques. Ses “arrangements”, comme il les nomme, naissent d’un travail sur l’image, filmée ou photographique, qu’il déchire, ralentit, découpe. Nymphéa consiste en une projection à la surface du canal. Une jeune femme évolue tranquillement dans un environnement aquatique. Cette double présence de l’eau, dans l’image et comme support de l’image, produit un effet troublant. La lumière de la projection joue à la surface mouvante de l’eau, hommage perceptible aux recherches picturales de Claude Monet. Cette ondine est incarnée par Laetitia Casta, icône de notre société, devenue ici nymphe mythique contemporaine.
Oeuvre Visible à la tombée de la nuit.
Le Lieu unique
Musée nomade :
Thierry Kuntzel,
The Waves
Figure majeure de l’art vidéo, Thierry Kuntzel développe une œuvre entre écriture, cinéma, vidéo et arts plastiques. Avec the Waves – des vagues qui déferlent inexorablement, accompagnées du bruit de la mer –, l’artiste intègre complètement le spectateur à la mise en scène, l’immerge dans des projections de grand format. Par ses déplacements, le visiteur décide des mouvements des vagues : plus il s’approche de l’écran, plus le mouvement de l’image ralentit, jusqu’à l’arrêt complet et inversement. Ici, le “visiteur-acteur” explore sa perception de l’espace et expérimente sa position et son point de vue par rapport à l’image vidéo, traitée comme une matière plastique et vivante.
1er étage du lieu unique
THE WAVES, thierrY kuntzeL, 2003 © viLLe de nantes – musée
des beaux-arts – PhOtOgraPhie : C. CLOs
Le Lieu unique
Sans tambour ni trompette
Michael Dans, Erik Dietman, Benjamin Monti, Mrzyk
& Moriceau, Daniel Nadaud, Roland Topor, Didier Trenet
Dans l’ancienne biscuiterie Lefèvre- Utile devenue scène nationale, la programmation explore théâtre, danse, musique, arts plastiques, philosophie... Un lieu multiple dans lequel on trouve également un bar, un restaurant et même un hammam.
Cette exposition a pour guide Roland Topor, illustrateur (Hara-Kiri, elle magazine), dessinateur (toporland, panique), peintre, écrivain (Le locataire chimérique), cinéaste, acteur (Werner Herzog), homme de radio (Des papous dans la tête) et de télé (téléchat) connu pour le caractère surréaliste et engagé de son travail. Admirateur de cette œuvre protéiforme, Bertrand Godot propose une exposition collective autour de cette figure tutélaire. Quand on sait l’importance que la ville de Nantes a eue dans l’histoire du surréalisme, il est fort à parier que les sept artistes invités feront coexister une pensée plurielle, sans recourir au verbe ou à l’adjectif. L’occasion de (re)découvrir l’absurdité vitale des pièces de Michael Dans, les œuvres insolentes mais non moins élégantes d’Erik Dietman, le corpus iconographique hybridé de Benjamin Monti, la réalité dominée par le rêve de Mrzyk & Moriceau, les jeux de construction de Daniel Nadaud et le goût de Didier Trenet pour les arts libertins du XVIIIe siècle.
Jusqu’au 11 août.
© benJamin mOnti