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Transition énergétique, le changement c’est dans cent ans….

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Libérez les énergiesTransition énergétique, le changement c’est dans cent ans….

 

L'Office d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a adopté, mardi 10 septembre, un rapport sur « La transition énergétique à l'aune de l'innovation et de la décentralisation». A travers de multiples études, l'OPECST s'est trouvé engagé de longue date dans les réflexions touchant à la transition énergétique. Il soutient la priorité accordée à la lutte contre le changement climatique, et partage l'objectif de la réalisation d'importantes économies d'énergie dans le bâtiment.

Selon ce rapport, la diminution de 75 à 50% de la part du nucléaire dans la production française d'électricité d'ici à 2025, comme le veut François Hollande, serait "l'équivalent de l'effacement de consommation de plus d'un jour d'électricité par semaine en France", une "tâche gigantesque".

"Si la baisse de consommation d'électricité n'était pas au rendez-vous, par exemple en raison de la lenteur du renouvellement du parc immobilier" et que les énergies renouvelables "continuaient à demeurer très coûteuses", "la France s'en trouverait exposée aux conséquences d'un choc énergétique: réduction de la croissance et pression sur les prix", notent les auteurs du rapport, le sénateur UMP Bruno Sido et le député socialiste Jean-Yves Le Déaut, respectivement président et vice-président de l'Office.

"75 à 80% des logements neufs sont encore construits au chauffage électrique. On ne pourra pas diminuer le nucléaire tant qu'on n'avance pas sur les réseaux de chaleur, les économies d'énergie, le stockage de l'énergie.... Cela sera très long et aura un coût faramineux", a estimé M. Sido, lors d'une conférence de presse. En outre, "il faut de l'énergie ancienne (nucléaire) pour produire de l'énergie nouvelle (renouvelable)", a-t-il souligné.

Le rapport constate également, à la lumière de plusieurs expériences, que "la mobilisation des ménages en faveur de la transition énergétique dépend crucialement des incitations financières, c'est-à-dire d'un effort des finances publiques bien plus que d'un effet d'entraînement social".

L'Office préconise donc une "trajectoire raisonnée" pour la réduction du nucléaire.
Mais il met en garde contre le fait qu'on ne réussira pas la transition énergétique dans les conditions techniques actuelles. Il est vital de mettre les bouchées doubles sur l'innovation pour faire émerger au niveau industriel des technologies de rupture, comme celles concernant le stockage de l'énergie. Ce thème de l'innovation est insuffisamment ressorti du débat national en comparaison des objectifs très ambitieux qu'il s'est fixé.
L'OPECST considère ainsi qu'il serait plus réaliste d'envisager un calendrier de transition énergétique débordant sur la seconde partie du siècle. Mais il souligne simultanément le besoin d'une forte mobilisation de l'action publique sur les deux principaux facteurs de freinage de l'innovation : les procédures d'accès au marché, qu'il faudra savoir assouplir à bon escient ; les mécanismes de financement pour passer à l'industrialisation.
Il note enfin le rôle déterminant de l'implication des collectivités locales dans le développement des énergies renouvelables. Il observe l'impact que cette implication pourrait avoir en termes d'allègement de la charge pour les futurs « réseaux intelligents », grâce à l'extension des réseaux de chaleur, et à la mise en place de capacités locales de stockage d'énergie. Comme il en a la vocation, l'OPECST continuera à suivre la question de la transition énergétique au-delà de la fin du débat national.

"Les estimations, quant à la maturation des technologies de stockage d'énergie, indispensables à la stabilisation des énergies variables, obligent à considérer un calendrier s'étalant sur le siècle avec un début de retrait de la production nucléaire vers 2030, une réduction de l'équivalent de 50% des capacités de production actuelle vers 2050 et une cible de 30 à 40% de ces mêmes capacités vers 2100", ajoute le rapport.

Dans le débat national sur la transition énergétique qui doit déboucher sur un projet de loi au printemps 2014, les deux parlementaires regrettent que "la dimension de l'innovation soit insuffisamment prise en compte".

"On fait de la bonne recherche en France, mais les PME innovantes échouent lorsqu'elle doivent changer d'échelle pour financer leur industrialisation et sont alors rachetées par des groupes étrangers", a commenté Jean-Yves Le Déaut.

"Si on n'est pas les premiers sur les technologies de rupture, comme celles sur le stockage de l'énergie, on n'en tirera aucun dividende économique", a-t-il renchéri, en citant l'exemple du solaire et de l'éolien sur lesquels "on est allés à reculons".

Deux parlementaires écologistes membres de l'Office, Denis Baupin et Corinne Bouchoux, ont voté contre ce rapport, déplorant dans un communiqué une "vision archaïque" de la transition énergétique qui "donne la préférence au conservatisme".


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