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Transformation de la tour Bois-le-Prêtre …

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TOUR BOIS LE PRETRE1Transformation de la tour Bois-le-Prêtre …

Equerre d’argent 2011, la tour Bois-le-Prêtre, appartenant à Paris Habitat, a subi une profonde rénovation tant sur le plan architectural que sur le plan d’économies d’énergies…

Un projet de rénovation, mené par Frédéric Druot, associé à Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal qui s’est inscrit à travers une amélioration des surfaces des appartements grâce à l’ajout en façade de jardins d’hiver de 16 à 33 m², prolongés par des balcons de 6 à 18 m². Ce nouveau dessin a permis d’accroître l’habitabilité des logements, en améliorant aussi le confort des espaces intérieurs, par l’apport massif de lumière naturelle et la garantie d’une isolation thermique et acoustique performante des façades. Les jardins d’hiver sont fermés par des cloisons mobiles  transparentes  en polycarbonate installées à 2 m des baies vitrées, ce qui laisse un débord de balcon extérieur. « Cette zone tampon agit comme un régulateur thermique », décrit l’architecte Frédéric Druot.

Sur la plan énergétique, les profondes rénovations ont apportées d’importantes économies d’énergie, avec une réduction des charges de chauffage estimée à 50 %. Les baies vitrées des séjours seront protégées par des rideaux de laine de mouton et de textile dont la face extérieure constituée de Mylar, une bâche réfléchissante argentée, renvoie 95 % du rayonnement solaire. Les cloisons mobiles des jardins d’hiver seront, elles, munies de rideaux d’ombrage en tissu réflectif.

 Au cœur de la tour Bois-le-Prêtre :

TOUR BOIS LE PRETRE

Située Porte Pouchet, en limite des communes de Paris, Clichy et Saint-Ouen, construite entre 1959 et 1961 sur les bases du plan Lafay et les recommandations de Pierre Sudrau, modifiée en 1990 (après la révision en 1989 du POS de 1974) et objet d’un concours d’architecture en 2005 dans le cadre du Grand Projet de Renouvellement Urbain de la porte Pouchet, la tour Bois-le-Prêtre illustre une évolution des politiques urbaines et réalisations architecturales aux portes de Paris.

Conçue, par l’architecte Raymond Lopez en 1959, dans le cadre de l’aménagement de la porte Pouchet, la tour Bois-le-Prêtre s’inscrit dans les propositions de l’enquête immobilière confiée en 1954, au même Raymond Lopez. Cette étude a pour objectifs de «1 découvrir les derniers terrains libres de Paris ; 2 déterminer les zones où il est souhaitable de construire ; 3 rechercher des terrains inoccupés ou très mal occupés et y prévoir les premières opérations ». Raymond lopez, assisté de Michel Holley, architecte, va trouver plus de 1500 hectares à construire, près d’un quart de Paris. « Cette enquête est le fond à partir duquel se définissent les opérations urbaines des 20 années qui suivent » et la porte Pouchet est une de ces opérations.

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C’est dans ce contexte que l’Office Public d’Habitations à Loyer Modéré de la Ville de Paris confie à Raymond Lopez la construction du secteur de la porte Pouchet dont les travaux commencent en 1958. Le cahier des charges architecturales demande de réaliser un ensemble moderne constitué de barres, de vastes espaces verts et ponctuellement de tours. Le secteur s’étend sur environ 2,3 km de la porte Pouchet à la porte des Poissonniers. Terminé en 1961, « le secteur à urbaniser » accueille 1104 logements, 14 hectares pour le sport, 6 hectares pour l’enseignement, 2 parkings de surface. Il sera ensuite bordé au nord par le périphérique réalisé en 1966. Ce tronçon prévu à l’origine en tranché, est finalement réalisé en surplomb malgré la proximité des constructions récentes.

La tour Bois-le-Prêtre, quasi jumelle de la tour construite en 1957 par Lopez avec Beaudouin à Berlin, utilise un système constructif industriel composé d’éléments préfabriqués assemblés sur une trame standardisée de voile « 16 cm d’épaisseur » et plancher béton de « 0,26 cm d’épaisseur pour 7,20 m de portée »

Au début des années 90, la construction a juste 30 ans et l’OPAC de Paris entreprend de faire réaliser des travaux de mise aux normes de la tour et de rénovation : isolation par l’extérieur, sécurité, chauffage, pose d’une grille d’entrée, réfection des façades.

Cette mise aux normes est également l’occasion de modifier l’apparence de la tour et de l’ensemble du quartier dans un climat général de remise en question et d’accusation de l’architecture et de l’urbanisme des années précédentes.

Le bureau d’études techniques TECTEAM réalise cette modification en 1990 qui donne à la tour son apparence actuelle.

En mars 2002, la Ville de Paris signe un avenant au Contrat de Ville de Paris pour agir sur 11 sites prioritaires : le Grand Projet de Renouvellement Urbain5. Ce projet qui a pour but d’améliorer la qualité de vie des quartiers périphériques concerne 110 000 habitants dans 7 arrondissements. Un des sites retenus est la Porte Pouchet et à la suite d’un marché de définition l’équipe, CO-BE Architecture et Paysages + Trévelo & Viger-Kolher, architectes urbanistes est en charge du projet urbain. Le site comprend 326 logements.

Si la Ville de Paris, l’OPAC et l’équipe d’architectes proposent la destruction de la tour Borel située trop près des nuisances du périphérique « dans une situation fortement déséquilibrée »1et d’un tiers de la «barre Borel», la tour Bois-le-Prêtre est conservée, et un programme de logements neufs, rue Rebière, est à l’étude.

L’OPAC lance en 2005 un concours d’architecture restreint pour « la transformation de la Tour Bois-le-Prêtre et de ses conditions d’habiter » et confie à l’architecte Françoise-Hélène Jourda une mission d’Assistance à maîtrise d’ouvrage spécifique à cette opération pour l’organisation du concours, la concertation avec les locataires et la prise en compte du développement durable dans le projet. Ainsi, « l’OPAC veut démontrer qu’en dépensant moins (100.000 € par logement contre les 170.000 € nécessaire à une démolition reconstruction) l’opération sera plus réussie que dans du logement neuf».

6 équipes d’architectes sont invitées à participer : architekturbüro halle 1, atelierphilippemadec, atelier Castro-Denissof-Casi, Tania Concko architectes urbanistes, Dominique Perrault architecture, Frédéric Druot, Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal.

L’équipe d’architectes, Frédéric Druot, Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal, lauréate, applique dans ce projet les études menées lors de leur recherche PLUS- les grands ensembles de logements – territoires d’exception15 et l’adapte à la tour Bois-le-Prêtre. « La construction de ces ensembles immobiliers a permis de métamorphoser les conditions de logement de milliers de gens et garanti le passage d’un état d’insalubrité à un état de décence. Quarante années plus tard, la décence ne doit pas être un maximum. Le logement doit avoir comme objectif le plaisir d’habiter et non plus sa mise en attente, trouver les correspondances simples avec des besoins sociaux et familiaux contemporains, être une facilité pour les habitants. »

Le projet de FREDERIC DRUOT ARCHITECTURE

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Le projet de métamorphose de la Tout Bois le Prêtre, consiste en la transformation radicale des conditions de confort et d’habitabilité des 100 logements de l’immeuble occupé. La tour construite en 1962 par l’architecte Raymond Lopez, développe sur 50m de hauteur, 16 niveaux desservant chacun 4 ou 8 logements. Par ajout d’extensions chauffées, de jardins d’hiver et de balcons, la surface hors œuvre d’origine de 8900m2 est portée à 12460m2. Cette nouvelle organisation des surfaces et des améliorations techniques précises permettent d’adapter l’offre locative en répondant par la création de nouvelles typologies aux besoins des familles, de rendre de plain pied l’accès à tous les logements, de réduire passivement, la consommation des énergies de plus de 50%, principalement par l’adjonction des jardins d’hiver.

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Le projet d’intervention repose sur la création d’une double enveloppe habitable et « non shonée » de 2 mètres d’épaisseur permettant de réduire de moitié les consommations d’énergie, les apports phoniques, d’augmenter les apports lumineux et l’habitabilité des logements.

Techniquement il s’agit de greffer des couronnes de planchers sur la périphérie de l’immeuble soit des ajouts en façade de jardins d’hiver de 16 à 33 m2 prolongés par des balcons de 6 à 18 m2 . Concrètement, fenêtres et allèges de la façade ont été déposées puis remplacées par l’empilement progressif d’éléments préfabriqués.

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Les appartements en pignon subissent eux une extension moins spectaculaire de surface shonée, avec agrandissement de séjour ou de cuisine.

Les parties communes ont également été traitées avec le doublement de la surface du hall, la reconfiguration de la circulation commune en remplaçant les escaliers en demi-paliers par des volées droites, la création, à chaque extrémité d’un nouvel ascenseur.

Modifier la ville par l’intérieur : modification du Plu

«Au moment du concours, les règlements d’urbanisme ne nous autorisaient qu’à construire dans les limites du plafond légal des hauteurs, soit 28 m (la tour en faisant 50) » explique Frédéric Druot. « Les extensions proposées n’étant pas spéculatives mais liées à l’amélioration du confort des logements (hygiène, thermique, sécurité), elles se devait donc de concerner tous les logements, en dessous des 28 m ou au dessus. La rédaction du Plu prend aujourd’hui en compte cette possibilité d’amélioration du confort sur toute la hauteur d’une construction existante et l’intégrer dans ses dispositions générales ».

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Les habitants dans la tour pendant et après le chantier

La création du jardin d’hiver ne sera pas facturée au titre d’accroissement de la surface habitable mais une augmentation des loyers est prévue pour absorber le coût des travaux. Celle-ci sera étalée sur sept ans et aidée par l’APL. La population gardera son appartement ou pourra en changer à l’intérieur de la tour. Elle restera sur le site pendant les travaux, ce qui contraint à une organisation précise et pragmatique du chantier. Dix logements transformés en chambres d’hôtel accueillent pour une demi-journée ou pour un mois les habitants dont les logements sont en cours de transformation.

L’Equerre d’argent 2011

La réhabilitation achevée courant 2011, vaut à ses concepteurs la récompense de l’Equerre d’argent en novembre 2011. L’immeuble comporte au final 100 appartements de sept type, du T1bis au T7. Le gain total de Shon est de 3560 m2. Et l’opération aura coûté 100 000€ HT par logement contre 170 000 nécessaires à une démolition-reconstruction.

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