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Bientôt un forage de prospection au large de la réserve naturelle de la presqu'île de Scandola ????

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5105Bientôt un forage de prospection au large de la réserve naturelle de la presqu'île de Scandola ????

Peut-être ? L’état doit statuer très prochainement sur un permis de prospection au large des côtes méditerranéennes à la demande de la société Melrose. Un forage en eaux très profondes prévu en zone sismique.

La société Melrose a demandé l’autorisation de lancer de nouvelles études, en effet elle aurait identifié un gisement d'hydrocarbures proche de Marseille et attendraient la prolongation du permis exclusif de recherches. 

Tout remonte en 2002, lorsque le ministre de l’Industrie de l’époque François Barouin, accorde à la société anglaise TGS-Nopec l’octroi d’un premier permis d’exploration à la société TGS‐NOPEC, pour une durée de 3 ans, sur une superficie de 25 000 km2, au large des Bouches‐du‐Rhône et du Var. Un permis « Rhône maritime » l’autorisant à chercher des hydrocarbures liquides ou gazeux. En 2005, cet octroi a donc été muté au profit de la société Melrose Mediterranean Limited, prolongation pour une période de 5 années supplémentaires pour une superficie ramenée à 12 500 km2 (jusqu’au 19 novembre 2010. Ces modifications ont été approuvées par un arrêté du ministère en charge de l’Ecologie en 2006. En juillet 2010, une nouvelle demande de prolongation de 5 années a été déposée par Melrose Mediterranean Limited, pour une superficie de 9 375 km2. Dans l’attente, la compagnie a continué ses campagnes de prospection sismique pendant l’hiver 2010/2011, alors que son permis avait expiré depuis novembre 2010.

En janvier 2011, les sociétés Melrose Mediterranean Limited et Noble Energie France SAS concluent une convention de mutation, suite à laquelle Noble Energie devient majoritaire dans le permis Rhône maritime et dépose le 18 juillet 2011 une nouvelle demande de prolongation du permis de recherche.

Une réponse qui doit être transmise à Melrose avant la présidentielle, très prochainement qui apporte un lot de réflexions notamment sur ce champ d’exploration et les méthodes employées. Un champ d’exploration qui nécessite des tests offshore ultra-profonds ainsi qu’une recherche sismique 3D, le tout à très hauts risques.

Le procédé comporte une série d’actions comme le lancement depuis un bateau de très fortes ondes (plus de 250 décibels) pour analyser les couches géologiques et y repérer de potentiellement des hydrocarbures.

Déjà plusieurs échouages de cétacés début 2011, sur la commune de Six-fours, avaient pu être attribués à l’usage de ces ondes acoustiques. Mais, en reportant sur la carte les données géologiques connues, les scientifiques ont également pu mettre en évidence une activité sismique intense dans la zone de forage envisagée : depuis 2005, l’épicentre de deux séismes a été localisé dans le périmètre du permis Rhône Maritime. « Forer dans une zone instable par 2 500 mètres de fond présente un risque que personne n’est aujourd’hui capable de maîtriser comme l’a encore montré la dernière marée noire provoquée par la plateforme de Shell dans le golfe de Guinée », confie Denis Lieppe, membre du conseil scientifique du parc national de Port-Cros et chercheur à l’Université Paris-Sorbonne, au journal les Échos en janvier dernier.

Celui-ci fait, par ailleurs, remarquer que le périmètre du permis est encadré d’une vingtaine d’aires marines et littorales protégées, déployées par l’État depuis cinquante ans et pour ne citer qu’elle, le sanctuaire Pélagos censé offrir une aire aux mammifères marins. Melrose prévoit de forer un puits d’exploration dès 2013.

Le conseil scientifique de la réserve naturelle de Scandola s’est alarmé de cette demande et a donc voté à l’unanimité, un avis négatif contre ces prospections d’hydrocarbures concernant le permis Rhône Maritime :

• Les prospections se déroulent à « proximité de la Réserve naturelle marine du Parc naturel Régional de la Corse ainsi que de nombreux autres espaces protégés à très grande valeur patrimoniale (Parc national de Port-Cros, Réserve naturelle des Bouches de Bunifaziu, Sanctuaire international Pelagos pour la protection des mammifères marins…).

• Les forages profonds (1 500 m) sont loin d’être maîtrisés, et encore moins leur colmatage en cas d’accident, comme l’a montré l’accident de Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, en avril 2010.

• La Méditerranée nord-occidentale, en particulier la zone de prospection, est une zone à forte activité sismique, comme en témoigne le séisme du 7/7/2011, au large d’Ajaccio, de magnitude 5,5. Des vents violents et irréguliers (mistral, tramontane) constituent également un facteur de risque.

• En cas d’accident et d’écoulement d’hydrocarbures, au fond ou en surface, la probabilité que les côtes continentales et de Corse soient atteintes en quelques heures ou en quelques jours est très élevée.

• Il n’est pas acceptable que, en cas d’accident, l’effort de protection du patrimoine naturel et culturel, étalé sur plusieurs décennies, soit anéanti.

La position du Conseil scientifique de la Réserve naturelle de Scandola va dans le même sens que les avis et motions formulés par les Conseils scientifiques de la Réserve des Bouches de Bunifaziu, du Parc national de Port-Cros, du projet de Parc national des Calanques et par l’IUCN. Cette position est conforme aux attendus de la Convention de Barcelone, signée et ratifiée par tous les pays riverains de la Méditerranée. »

Dans la droite ligne de cette opposition, une manifestation est également prévue à Marseille et Toulon le 13 février, avant que le ministre de l’Industrie ne prenne sa décision relative au permis de forage et dans l’espoir de sensibiliser les populations à la menace qui guette nos côtes.

De même que le Conseil Scientifique et Pédagogique du GIP, Groupement d’Intérêt public des Calanques, s’en est déjà saisi lors de sa séance du 25 mai 2011 pour dénoncer le danger, freiner l’exploitation et demander à ce que le GIP soit systématiquement informé du dossier. La présidente du CSP a écrit à la Ministre de l’Ecologie le 1er juillet 2011, l’alertant sur ce risque. Début septembre, la directrice de cabinet de cette dernière a indiqué par courrier que la demande déposée était conforme aux lignes directrices de l’accord sur la conservation des cétacés dans les mers Noire et Méditerranée et dans le secteur Atlantique adjacent et aux normes internationales.

Début octobre 2011, le Préfet de Région a consulté plusieurs établissements publics, collectivités locales et le directeur du GIP des Calanques sur cette demande de permis. Ce dernier, ainsi que la présidente du CSP a donné un avis défavorable qui a depuis été à nouveau confirmé par le CSP lors de sa dernière séance du 6 janvier 2012.

Un impact avéré des ondes sonores. Sous l’eau, les ondes sonores se propagent sur de grandes distances. Elles ont un impact avéré sur la faune marine, en particulier sur les cétacés sur lesquels elles provoquent des perturbations majeures: stress acoustique, dérèglement des comportements, désorientation liée aux perturbations du système d’écholocalisation, baisse de l’immunité... Les poissons sont aussi touchés, y compris les espèces d’importance commerciale (réduction des prises par les pêcheurs de 45‐70% lors des les prospections sismiques, baisse de la fécondité...).

Un risque majeur de pollution. Un accident lors des forages exploratoires peut se traduire par une pollution majeure, du type de la marée noire intervenue en 2010 dans le golfe du Mexique. Les produits polluants pourraient atteindre rapidement les eaux et les côtes de Méditerranée française, en particulier des aires marines protégées existantes (Port‐Cros, Bouches de Bonifacio, Scandola, Pelagos) mais aussi du futur cœur marin du Parc national des Calanques.

Spécificités des Calanques et des réserves naturelles. Les conséquences d’un tel évènement pourraient être non maîtrisables et très lourdes sur le long terme sur le milieu marin et côtier, du fait de leurs caractéristiques : côte rocheuse très découpée, herbiers de posidonie, trottoir à algue encroûtante Lithophyllum, paysage, faune, chaînes alimentaires, sédiments... Les effets en terme de santé publique de ces pollutions sont aussi de plus en plus dénoncés.

Le risque intrinsèque à ce type de prospection est en outre accru dans la zone de recherche concernée, du fait de la profondeur du forage et du risque sismique.

D’autre projet suscite l’inquiétude, comme le programme scientifique de forage sans précédent, actuellement à l’étude dans le golfe du Lion. Coordonné par une paléoclimatologue de l’université de Bretagne-Occidentale (Brest). le projet Gold envisage un forage de plus de 11 km sous la surface de la mer, au sud de la zone prospectée par Melrose et Noble Energy. Son but est d’effectuer le premier forage profond dans le golfe du Lion, au large de Toulon, afin « de retracer l’histoire de la Méditerranée depuis 30 millions d’années, souligne Marina Rabineau, chercheuse au CNRS et coordinatrice française du projet. « Et, comme c’est vierge, cela pose la question du potentiel en hydrocarbures pour les compagnies pétrolières, reconnaît-elle, d’autant que le sel est une très bonne couverture imperméable, une condition favorable au stockage de gaz ou de pétrole. » poursuit la chercheuse dans une dépêche AFP le 4 mai dernier.

La possibilité de trouver des hydrocarbures sous la couche de sel suscite l’intérêt des compagnies pétrolières qui sont prêtes à y injecter des fonds pour son financement. Plusieurs d’entre elles dont Total (France), Pétrobas (Brésil), Statoil (Norvège) et la Sonatrach (Algérie) ont participé, en octobre 2010, à un colloque à Banyuls-sur-mer (Pyrénées Atlantique) consacré au projet Gold. Comme le reconnaît François Roure, expert à l’Institut Français du Pétrole : « il y a un intérêt croisé. Ce type de forage qui a besoin de financement industriel, peut apporter des informations aux compagnies ».

Le projet sera présenté en avril à l’Integrated Ocean Drilling Program (IODP), un programme international de recherche sur l’histoire de la Terre à partir des études sur les fonds marins. Si le projet est accepté et son budget bouclé, le forage pourrait intervenir dans les deux ou trois prochaines années.


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