Le génie écologique, une grande filière d’avenir…
Alors que le blog de l’habitat durable a publié le 03 janvier dernier une nouvelle norme Afnor NF X10-900 sur la conduite de projets de génie écologique appliqués aux zones humides et cours d’eau contribuant ainsi à poser les bonnes prescriptions et les enseignements pour faire le choix des orientations à adopter et des techniques à mettre en œuvre. Elle décrit l'ensemble des opérations d'études, de maîtrise d'œuvre, de travaux et de gestion. Car la maîtrise de la préservation de la biodiversité demande de nombreuses connaissances qui dépendent du génie écologique dans les projets d’aménagement.
Une filière génie écologique s’appui donc sur des compétences qui permettent de répondre aux enjeux environnementaux devenus incontournables pour les acteurs publics comme pour le secteur privé.
Que ce soit dans le cadre d’une réhabilitation d’une décharge ou le confortement de berges, cette filière exerce des activités de restauration et d'aménagement d’écosystèmes. Ces opérations permettent notamment de restaurer les fonctionnalités des écosystèmes afin de bénéficier des services qu’ils rendent et de répondre aux objectifs fixés par les politiques environnementales nationales et internationales.
Au-delà de leur valeur patrimoniale, les écosystèmes fournissent en effet des biens et des services à l’homme, indispensables sur le plan social comme économique : selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement, 40 % de l’économie mondiale dépend du bon fonctionnement des écosystèmes. Leur préservation et leur restauration sont donc une nécessité, et s’inscrivent d’ailleurs dans les engagements politiques de la France, via notamment la stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020.
Outre le fait que la filière du génie écologique dispose d’un marché à fort potentiel et pleine expansion, elle a pour enjeu majeur d’aboutir au bon fonctionnement de l’écosystème restauré. Les entre- prises de la filière interviennent à toutes les étapes de la démarche, depuis la prise de décision permettant d’initier des actions sur les écosystèmes jusqu’au suivi des habitats sur le long terme : opérations d’études, de maîtrise d’œuvre, de travaux et de gestion.
Le génie écologique peut permettre de répondre à différents objectifs, relevant de multiples secteurs d’activités :
- la restauration et la gestion des milieux naturels : restauration et entretien de cours d’eau, de pelouses calcaires, des landes littorales, stabilisation de dunes, création de frayères... Les milieux aquatiques font l’objet d’une part importante des opérations de génie écologique, et la demande pour ces prestations est en forte croissance, car elles contribuent à l’atteinte du bon état des eaux exigé pour 2015 au niveau européen (directive-cadre sur l'eau, 2000/60/CE) ;
- une meilleure prise en compte de la biodiversité et des milieux naturels dans les projets d’aménagement, en particulier depuis l’adoption de la loi Grenelle 1 : évitement et réduction des impacts de projets d’infrastructures sur la biodiversité et compensation des impacts ne pouvant être évités par la restauration d’écosystèmes ;
- l’accompagnement et l’intégration écologique de zones d’exploitation : implantation de zones arborées en milieu agricole, création de bandes écologiques en bordures de cultures, réhabilitation de sites industriels après exploitation... ;
- l’optimisation des services rendus par les écosystèmes, notamment en matière de gestion des eaux pluviales et des eaux usées ou effluents : création de zones d’expansion des crues, création de zones humides pour traiter les eaux usées en sortie de station d’épuration, filtres plantés de roseaux pour traiter les effluents industriels ou agricoles... ;
- l’amélioration de la qualité écologique des zones urbanisées et aménagées : aménagement de zones humides pour la gestion des eaux pluviales urbaines, constitution de la Trame verte et bleue en milieu urbain...
Les bénéfices des aménagements écologiques en milieu urbain, du point de vue de la régulation thermique par exemple, en feront des éléments importants pour l’adaptation au changement climatique.
Les interventions sur les habitats naturels nécessitent d’avoir une connaissance globale de ces milieux. Les entreprises de la filière doivent donc mobiliser des compétences pointues relevant de nombreuses disciplines (compétences naturalistes, en écologie, en sciences des sols, en hydromorphologie...) et recourir à des techniques spécifiques et extrêmement variées (utilisation de systèmes d’information géographique, étrépage, technique de restauration écologique des milieux, cette opération consiste à enlever mécaniquement les couches supérieures d’un sol pour le rajeunir, reméandrage de cours d’eau qui consiste à allonger le tracé et réduire la pente pour redonner au cours d'eau sa morphologie sinueuse et ses fonctionnalités., réfection de berges à l’aide du génie végétal...). Ces méthodes et techniques sont adaptées à la complexité et aux particularités de chaque écosystème.