L’inaction envers la
préservation de l’Environnement engendrera des surcoûts élevés
Des mesures doivent être mise en application dès aujourd’hui pour empêcher des atteintes irréversibles à l’environnement. Sinon les pressions exercées sur l’environnement, d’ici à 2050, produiront des dégradations insurmontables. Tel est le résumé du rapport produit par l’OCDE, Organisation de Coopération et de Développement Économiques Perspectives de l’environnement de l’OCDE à l’horizon 2050 – Les conséquences de l’inaction présente les dernières projections concernant les évolutions socio-économiques au cours des quatre prochaines décennies, ainsi que leurs conséquences dans quatre domaines critiques : changement climatique, biodiversité, eau et effets de la pollution de l’environnement sur la santé.
« Des sources de croissance plus vertes peuvent aider les gouvernements à faire face aujourd’hui à ces problèmes pressants », souligne le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría. « Pour répondre aux besoins des plus de 9 milliards d’habitants de la planète à l’horizon 2050, il sera crucial de rendre l’agriculture, l’approvisionnement en eau, la production d’énergie et les activités manufacturières plus respectueux de l’environnement. »
L’ouvrage Nonobstant la récente récession, l’économie mondiale devrait quasiment quadrupler d’ici à 2050. L’élévation des niveaux de vie ira de pair avec une augmentation ininterrompue de la demande en énergie, en aliments et en ressources naturelles – et une hausse de la pollution.
Les coûts de l’inaction, économiques mais aussi humains, pourraient être énormes. Faute de nouvelles politiques :
La demande mondiale en énergie augmentera de 80 % d’ici à 2050 ; cette hausse sera en majeure partie le fait des économies émergentes (on prévoit +15 % environ en Amérique du Nord, +28 % dans les pays européens de l’OCDE, +2.5 % au Japon et +112 % au Mexique) et sera encore couverte à 85 % par le recours aux énergies fossiles. La conséquence pourrait être un accroissement de 50 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et une aggravation de la pollution de l’air.
La pollution de l’air urbain devrait devenir d’ici à 2050 la première cause environnementale de mortalité dans le monde, devant l’eau insalubre et le manque d’assainissement. Les nombres de décès prématurés à mettre au compte de problèmes respiratoires provoqués par l’exposition à la pollution atmosphérique particulaire pourraient doubler par rapport au niveau actuel pour atteindre 3.6 millions par an à travers le monde. La Chine et l’Inde seront de très loin les pays les plus touchés. Avec une population vieillissante et largement urbanisée, les pays de l’OCDE devraient enregistrer en 2050 le deuxième plus fort taux de décès prématurés liés à l’ozone troposphérique, derrière l’Inde.
Au niveau mondial, la biodiversité terrestre devrait, d’après les projections, diminuer à nouveau de 10 %, avec un recul particulièrement sensible en Asie, en Europe et en Afrique australe. La superficie des forêts adultes devrait baisser de 13 %. Les cours d’eau et les lacs de la planète ont déjà vu disparaître un tiers environ de leur biodiversité et subiront de nouvelles pertes d’ici à 2050.
La demande mondiale en eau augmentera d’environ 55 % sous l’effet de la hausse de la demande du secteur manufacturier (+400 %), des centrales électriques thermiques (+140 %) et des ménages (+130 %). Ces demandes concurrentes mettront en péril l’approvisionnement en eau à usage agricole. Par rapport à aujourd’hui, 2.3 milliards de personnes supplémentaires – et plus de 40 % de la population mondiale au total – vivront dans des bassins hydrographiques soumis à un stress hydrique élevé, notamment en Afrique du Nord et australe et en Asie du Sud et centrale.
Ces prévisions soulignent l’urgence d’une nouvelle réflexion, faute de quoi l’érosion de notre capital environnemental amplifiera le risque de changements irréversibles qui pourraient mettre en péril les acquis de deux siècles d’amélioration des niveaux de vie. « Nous avons déjà assisté à l’effondrement de certaines pêcheries pour cause de surexploitation, avec à la clé de lourdes conséquences pour les communautés côtières, et les pénuries d’eau menacent directement l’agriculture. Ces formidables défis environnementaux ne peuvent pas être traités isolément. Il faut les gérer en liaison avec d’autres grands enjeux planétaires comme la sécurité alimentaire et énergétique et la lutte contre la pauvreté », explique M. Gurría.
Des politiques bien conçues pour faire face à certains problèmes d’environnement peuvent aussi apporter des réponses à d’autres défis environnementaux et favoriser la croissance et le développement. Ainsi, la lutte contre la pollution atmosphérique locale contribue tout à la fois à réduire les émissions de GES et à alléger le lourd fardeau économique imposé par les affections chroniques. Dans le même ordre d’idées, les politiques climatiques concourent à la protection de la biodiversité lorsqu’elles visent par exemple à réduire les émissions liées au déboisement.
Pour nous éviter le sombre avenir décrit dans les Perspectives de l’environnement à l’horizon 2050, le rapport préconise le recours à un éventail de solutions : instaurer des écotaxes et des systèmes d’échange de quotas d’émission pour faire en sorte que polluer coûte plus cher que respecter l’environnement ; évaluer et tarifer les actifs naturels et les services éco-systémiques comme l’air pur, l’eau potable et la biodiversité sur la base de leur vraie valeur ; supprimer les subventions dommageables pour l’environnement aux énergies fossiles ou aux réseaux d’irrigation qui gaspillent l’eau ; et encourager l’éco-innovation en rendant les modes de production et de consommation polluants plus coûteux tout en apportant un soutien public à la R-D fondamentale.
De nombreux pays ont déjà adopté des politiques de croissance verte. Au Mexique, par exemple, le nouveau programme pilote prévoit des transferts monétaires directs aux agriculteurs en lieu et place des subventions au titre de l’électricité consommée pour pomper l’eau d’irrigation, mettant ainsi fin à la distorsion des prix qui encourageait la surexploitation des nappes souterraines. Au Royaume-Uni, le gouvernement a affecté 3 milliards GBP à la nouvelle Green Investment Bank, ce qui devrait permettre de mobiliser 15 milliards GBP d’investissements privés supplémentaires dans les énergies vertes et le recyclage d’ici à 2015. Pour sa part, le gouvernement des États-Unis s’emploie à supprimer progressivement les avantages fiscaux d’une valeur d’environ 4 milliards USD par an qui continuent de soutenir la production d’énergies fossiles. Enfin, mettant à profit sa base de connaissances et ses technologies environnementales, la ville de Kitakyushu au Japon travaille de concert avec les entreprises pour améliorer sa compétitivité en tant que « ville verte » caractérisée par une croissance sobre en carbone. Pouvoirs publics, entreprises, consommateurs : tous ont un rôle à jouer dans la transition vers une croissance verte.