Les Mineurs Chiliens, la vie après - Mardi 2 Octobre 21.30 – France 5
Le 5 août 2010, trente-trois mineurs sont portés disparus dans la mine de San José, au nord de Copiapó, au Chili. Un an après leur miraculeux sauvetage, Sylvie Blum est partie à leur rencontre pour savoir ce qu’ils étaient devenus.
Au Chili, du mois d'aout jusqu'a fin octobre 2010, 33 mineurs sont enterres vivants après l'effondrement d'une mine près de Copiapo. Les cameras du monde entier sont la pour assister a leur spectaculaire sauvetage. Ils auront passe deux mois et demi sous terre. Ce film, tourne un an après l'accident, avec les mineurs et leur communauté, fait revivre l'évènement. Il interroge aussi l'après : comment survivre a une telle expérience ? A qui attribuer les responsabilités ? Comment vivre lorsque le quotidien reprend ses droits ? Plusieurs fois, la réalisatrice avait filme cette région, nouant des liens étroits avec ses habitants. Ce film dresse le portrait de héros ordinaires. A partir d'un évènement qui a fait la Une des medias dans le monde entier, celui-ci, loin du reportage, nous invite a un voyage intime et émouvant.
Sur les Trente-Trois mineurs miraculés de San José, la plupart vivotent aujourd’hui entre chômage et petits boulots. Seule une poignée a repris le chemin des galeries.
Pendant dix-sept jours, personne n’a su s’ils étaient en vie. Coincés dans un refuge de sécurité à sept cents mètres sous terre, ils ont tenu comme ils ont pu. « Au bout d’une semaine, raconte Alex Vega, on ne mangeait plus que tous les deux jours, puis tous les trois jours, jusqu’à l’épuisement des réserves. » Repérés par les secours, ils ont dû patienter deux mois avant d’être remontés, un par un(*). « J’ai souvent perdu tout espoir qu’ils nous retrouvent, poursuit Alex. (...) Je pense que c’est grâce à notre cohésion que l’on a pu survivre. » Avec une impressionnante couverture médiatique, qui a mobilisé deux mille journalistes, l’événement a fait le tour du monde. Mais, malgré son heureux dénouement, il a laissé chez les «trente-trois d’Atacama » des séquelles : cauchemars, troubles de l’humeur, troubles psychologiques... « Comment se remettre de cette épreuve ? On était comme des fauves en cage, coincés avec, de tous les côtés, des tunnels bouchés », se souvient Victor Segovia, à qui ces deux mois et demi de calvaire ont fait perdre vingt-huit kilos. Dans sa maison, Victor a entassé les cadeaux envoyés par les mineurs du monde entier. De l’Etat, les plus âgés de ses compagnons d’infortune et ceux qui souffraient de la silicose, la maladie respiratoire des mineurs, ont obtenu une petite pension. Nissan et Kawasaki ont offert à chacun une rutilante cylindrée, qu’Alex bricole dans sa cour : « Moi, à vrai dire, je n’ai jamais aimé la moto, lâche-t-il, un peu embêté. J’ai pensé la vendre, mais je me suis dit : “Je ne peux quand même pas vendre un cadeau !” » D’un généreux milliardaire, chaque mineur a aussi reçu sept mille euros, soit environ dix mois de salaire. Avec cet argent, Dario a emmené son épouse en voyage, un séjour idyllique en Grèce qui n’a pu remettre à flot leur vie conjugale à la dérive : « Aujourd’hui, reconnaît Dario, devenu marchand ambulant de fruits et légumes, notre couple va très mal. » Sa femme acquiesce : « Ce n’est plus le mari que j’avais : un homme amoureux, calme, posé, casanier, qui se contrôlait... »
Entre traumatisme et colère...
Sur les trente-trois mineurs miraculés de San José, la plupart vivotent aujourd’hui entre chômage et petits boulots. Seule une poignée a repris le chemin des galeries, même si « c’est un sacrifice de passer douze heures sous terre, de supporter une température de 35 ou 37 °C, de respirer de la poussière, des gaz toxiques», rappelle Pablo Ramirez, un camarade de Florencio Avalos, reparti pour le fond car «quand on est mineur, c’est pour la vie». Ce qu’aimerait Alex Vega, « c’est que justice soit faite » : « Je voudrais que ceux qui étaient en charge de la mine et ont planifié le travail soient condamnés. Ils savaient parfaitement qu’elle était la réalité de la mine, quels étaient ses problèmes, mais ils nous ont envoyés travailler quand même.» Comme d’autres, Victor Zamora n’a qu’un souhait : « Redevenir celui que j’étais. Le Victor que j’étais avant, c’était un fou, un fou de la vie. Tous les jours en marchant, il changeait le monde. (...) Il avait un truc pour rendre sa famille heureuse. » Un « truc » qu’ils ont tous plus ou moins laissé derrière eux, au fond du puits de San José.
Christine Guillemeau
(*) Un sauvetage raconté dans Mineurs chiliens, enterrés vivants, un documentaire de Kate Dart et Nick Evans, diffusé sur France 5 le 15 octobre 2011.