Cinq lauréats aux
Trophées 2012 des Entreprises publiques locales
Cinq récompenses ont été décernées, le 8 novembre à Montpellier, lors du 5e Congrès des Entreprises publiques locales 2012. La Somimon (34), la Semavo (95), la SIDR (974) et la Saemes (75) ont reçu chacune un Trophée et la Maison du Fromage (68) une mention spéciale du jury.
Ce concours vise à mettre en valeur des initiatives particulièrement significatives de la performance économique, sociale ou environnementale des Entreprises publiques locales (Epl) au service des collectivités territoriales et des territoires. Il met également l'accent sur la capacité des Epl à innover ou à répondre aux enjeux du développement durable.
Pour cette nouvelle édition des Trophées, huit Epl étaient nominées parmi une vingtaine de candidats. Le jury du concours, présidé par Guy Geoffroy, député maire de Combs-la-Ville (77) et président des Ecomaires, a fait son choix sur la base de cinq critères : la présentation de l'action, la prise en compte du développement durable, l'innovation, la pertinence économique et la valeur ajoutée de l'Epl.
Le Palmarès 2012 des Trophées des Epl :
Catégorie développement « Habitat et développement urbain » 2 lauréats ex aequo
→ SIDR (Société immobilière du département de La Réunion) La SIDR a été récompensée pour la construction d'une résidence innovante en centre ville de la commune du Port. La résidence Florès Malacca constitue la première pierre d'un important projet de réouverture de la ville vers son port. Elle participe à l'amélioration de l'image d'un quartier, dans une logique de développement durable et de mixité sociale.
En conciliant en centre-ville développement durable, logement social et mixité, la résidence Florès/ Malacca se veut la locomotive d’un aménagement capable d’apporter une nouvelle dynamique à la ville et de l’ouvrir vers son port historique. L’opération participe à la structuration, à l’attractivité et à l’amélioration de l’image d’un quartier phare.
La Réunion : un centre-ville novateur pour Le Port
C’est une dynamique innovante qui est apportée au centre de la ville du Port, sur la côte Nord-Ouest de l’île de La Réunion. La réalisation en 2011 de la résidence Florès/ Malacca a ouvert de nouvelles perspectives pour la cité maritime qui a vu le jour en 1879. « C’est l’opération phare d’un important projet urbain au cœur de la cité », commente Benoît Zimberger, directeur adjoint de la recherche et du développement de la SIDR, aménageur et constructeur du site. « Elle se veut l’une des locomotives des réalisations à venir le long du mail de l’Océan, support de développement du centre-ville en tant qu’axe symbole et repère ».
Imaginé il y a plus de 30 ans le mail est en effet considéré comme une zone d’urbanisation incontournable, où sont installés des équipements majeurs tels que médiathèque, écoles d’architecture et des Beaux Arts. En conciliant développement durable, logement social et mixité, la résidence Florès/Malacca ouvre la voie à une nouvelle dimension pour la ville, plus humaine et adaptée à son environnement social, urbain et économique, mais aussi climatique et écologique.
Mixité, social et développement durable
« L’opération de construction fait le lien entre le projet de ville et celui « de l’habité », avec un aspect développement durable qui se décline à différentes échelles », explique Benoît Zimberger. « Un travail sur les espaces intermédiaires a également permis de relier la résidence avec son environnement tropical, où la vie à l’extérieur est importante, en multipliant les lieux d’échanges comme ces larges coursives, ces locaux communs, ou ces jardins, populaires par leur fraicheur ».
Le projet a voulu apporter une mixité qui se retrouve dans des logements étudiants (les premiers de la ville qui compte plusieurs écoles d’études supérieures), des logements sociaux, mais aussi des logements à loyer modéré pour fixer et attirer les ménages à revenus moyens sur la ville. Plus de 50 étudiants en recherche de solution d’hébergement ont ainsi pu se loger en studio meublé « à un coût inférieur de 30 % du marché privé ». Une soixantaine de ménages à revenus moyens ont également pu trouver « un logement locatif de moyen standing en centre-ville, à prix abordable ». La mixité est aussi fonctionnelle : les services de La Poste et du Trésor Public se sont installés en pied d’immeuble ainsi qu’un bar restaurant.
Avec cette opération, la Sem a voulu concilier logement social et contraintes environnementales. Les deux nouveaux bâtiments, au design moderne et aéré, répondent aux critères PERENE (orientations réglementaires en matière thermique et acoustique). La végétation est ici omniprésente, et les toitures-terrasses sont autant de jardins suspendus qui assurent une isolation thermique et phonique. « Et, un équipement photovoltaïque permet de produire de l’électricité revendue à EDF », précise le directeur adjoint du développement de la SIDR.
Présidente : Nassimah Dindar Présidente du Conseil général de La Réunion
Directeur général : Philippe Jouanen
Année de création : 1949
Département : 974
Nombre de salariés : 454
→ Semavo (Société d'aménagement du Val d'Oise) La Semavo a été distinguée pour la rénovation réussie du centre commercial Arc-en-Ciel de Garges-lès-Gonesse, redevenu un lieu de vie incontournable qui participe au développement du centre ville. Le jury a tenu à récompenser le rôle déterminant de la Sem dans la conduite d'un dossier complexe où aucun opérateur privé ne se serait risqué.
Garges-lès-Gonesse : un centre commercial pour un centre de vie
C’est une nouvelle jeunesse pour le centre commercial Arc-en-Ciel qui a été repensé et restructuré pour redynamiser le centre-ville. « Avec ses commerces de proximité, son marché couvert, ses équipements publics et ses logements, le bâtiment est devenu l’un des lieux incontournables du centre-ville depuis sa création dans les années 1970 », explique Eric Renckert, directeur général de la Semavo, Sem qui a conduit la restructuration du centre commercial. Vieillissant, mal adapté aux besoins des habitants, le centre était en déclin malgré sa position stratégique, lieu de passage entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud de la ville, à deux pas de la mairie. Seul un tiers des 8 000 m2 de surface commerciale était encore en activité, avec des normes de sécurité qui n’étaient plus respectées. « Il fallait absolument agir : le centre risquait ni plus ni moins de fermer », poursuit Eric Renckert.
Face à la complexité du dossier dans une copropriété qui comptait de nombreux propriétaires aux statuts et intérêts différents, le processus prend plusieurs années. « Aucun opérateur privé ne se serait risqué dans une opération aussi complexe », reconnait le directeur général de la Semavo. Après une phase de réflexion par la ville et la communauté d’agglomération Val de France, une étude de faisabilité est d’abord réalisée en 2000, suivie d’un difficile processus d’acquisition foncière par la Sem.
Une opération complexe
« Il était indispensable que l’ensemble des commerces soit regroupé dans une entité distincte des autres copropriétés du bâtiment, avec un seul propriétaire à leur tête, pour ne plus retomber dans les difficultés du passé et proposer une offre commerciale cohérente », précise Eric Renckert. Une procédure de déclaration d’utilité publique (DUP) est mise en œuvre par la Semavo dans le cadre d’une convention publique d’aménagement. Les travaux sont enfin lancés en 2007. Au programme : mise aux normes de sécurité, suppression des mails annexes pour créer des allées fluides et aérées, rénovation du mail, fermeture des parkings en sous-sol, restructuration d’un parking extérieur.
« Les 20 commerçants présentant une possibilité d’adaptation dans le nouveau plan de composition commerciale ont été conservés et 18 autres boutiques ont été commercialisées », précise Sylvie Dechaine, chef de projets. Des activités commerciales de proximité qui avaient disparu ont été réintroduites sur 6 000 m2 : bar-brasserie, petite restauration, équipement de la maison ou encore boutiques de prêt-à-porter et services. « Le centre commercial, revendu à l’Epareca1 allié à la Caisse des dépôts, est redevenu un centre de vie, un lieu de convivialité, un point de rencontre des habitants du quartier ». Un pôle santé et des services de la ville pourraient également voir le jour sur les 2 000 m2 restant, renforçant l’attractivité du site.
SEMAVO
PDG : Philippe Sueur Conseiller général du Val d’Oise, maire d’Enghien-les-Bains
Directeur : Eric Renckert
Année de création : 1969
Département : 95
Nombre de salariés : 15
Catégorie « Services au public »
→ Saemes (Sem d'exploitation du stationnement de la Ville de Paris)
La Saemes a été primée pour la rénovation de ses parkings dans une dynamique éco-responsable, capable d'ouvrir une voie innovante aux autres structures gestionnaires de stationnement dans la capitale et en Ile-de-France. Le jury a aussi apprécié l'excellente présentation orale de la Sem.
Des parkings éco-responsables
« La politique de qualité engagée depuis 1999 par la Saemes, qui a débouché sur la certification Iso 9001 en 2000, a aidé la Sem à aller encore plus loin et à obtenir en décembre 2011 la certification Iso 14001 », explique Ludovic Bu Locko, directeur commercial, marketing et développement de la Saemes. La société, deuxième opérateur de stationnement sur Paris et cinquième en France, s’est lancée dans cette nouvelle démarche environnementale en 2009. Au programme : la protection de l’environnement par la maîtrise de l’énergie, des déchets, des ressources naturelles, et le comportement éco-responsable de son personnel. «L’une des principales difficultés a été de faire adhérer l’ensemble des 254 salariés au projet, à cause d’un manque de connaissance des enjeux », confie Ludovic Bu Locko. Les mesures de communication et un travail pédagogique auprès du personnel ont joué un rôle clé dans le succès de la certification, appuyé par le service « qualité » de la Saemes.
La Sem s’est d’abord appuyée sur une entreprise conseil, la Socotec, pour effectuer un diagnostic de la situation. Puis, elle a mis en place une structure de pilotage qui a réuni, toutes les six semaines, les directeurs, des responsables de services ainsi que des chefs de parcs, « qui disposent d’une très bonne vision du terrain ». Un plan d’actions a ainsi été défini, « incluant un rétro-planning jusqu’à la certification, des objectifs, des cibles, et des indicateurs ».
L’adhésion de l’ensemble de la Sem
« Cette certification Iso 14001 a permis de fédérer le personnel autour des problématiques environnementales », poursuit Ludovic Bu Locko. Parmi les résultats concrets : l’installation de LED sur des sites pilotes « qui a permis une réduction de 30 % de la consommation d’énergie électrique ». Au siège de la Saemes, 20 % d’économie ont aussi été réalisés grâce à l’installation d’un système de pompe à chaleur et de déteteurs de présence pour automatiser l’éclairage. Autre ressource importante dont la gestion a été maitrisée : l’eau. Le parc Val d’Europe (77) est désormais équipé d’une auto-laveuse « qui utilise 70% d’eau en moins que les modèles classiques ». Le changement de climatisation a également fait baisser de 40 % les besoins en eau du siège.
« Les actions en faveur de l’environnement se retrouvent à tous les niveaux, ajoute Ludovic Bu Locko. La consommation de papier a, par exemple, été réduite de 10 % avec l’utilisation de papier recyclé, et des impressions recto-verso. Et près de 2 000 m2 de déchets clients ont déjà été triés sur l’ensemble des parcs ». La Saemes est ainsi devenue en décembre 2011 le premier opérateur de stationnement en France certifié pour ses actions environnementales.
Président : Yves Contassot Conseiller de Paris
Directeur général : Alain Devès
Année de création : 1979
Département : 75
Nombre de salariés : 260
Catégorie « Développement des territoires » 2 Epl récompensées dans cette catégorie
→ Somimon (Société du Marché d'intérêt national de Montpellier) La Semimon a obtenu le Trophée dans cette catégorie pour l'approvisionnement local des Restaurant du Cœur mis en place sur le département de l'Hérault. Le jury a salué cette opération qui a su concilier humain, social et économie. Il a également retenu son aspect reproductible, d'autres Min projetant de se lancer dans des actions similaires.
Offrir aux plus démunis des fruits et légumes frais et variés dans le cadre des Restos du Cœur, tout en apportant un nouveau marché aux producteurs locaux. C’est le pari de l’Agglomération de Montpellier qui soutient l’opération à travers Mercadis, son marché d’intérêt national, géré par la Somimon. « L’enjeu était de démontrer que social et développement économique sont conciliables », commente Gabrielle Deloncle, vice-présidente de Montpellier Agglomération déléguée au commerce, l’une des chevilles ouvrières du projet. La présidente de la Somimon a su faire le lien avec deux autres femmes clés pour relever le défi : Françoise Vezinhet, présidente des Restos du Cœur de l’Hérault, et Marion Guillou, présidente de l’Inra, à l’origine de l’idée. Il leur a d’abord fallu bousculer les habitudes et les idées reçues. Après un premier tour de table sur la faisabilité du projet en avril 2011 entre les différents acteurs1, le MIN de l’Agglomération de Montpellier est retenu pour assister l’Association départementale des Restos du Cœur de l’Hérault
(AD34) dans sa démarche. Le choix s’appuie sur le savoir-faire et les contacts acquis par le MIN en matière d’approvisionnement local. « Les fruits et légumes produits en Languedoc-Roussillon et en Paca représentent près de 40 % du volume total des produits qui transitent par le marché », rappelle Olivier Lauro, directeur général de la Somimon.
Une vingtaine de producteurs locaux
En septembre 2011, le contrat avec les Restos du Cœur est attribué à deux grossistes régionaux du MIN. Une première car l’association travaille traditionnellement avec un grossiste national. Les professionnels du MIN de Montpellier Agglomération sont un atout avec les liens étroits qu’ils ont tissé avec les producteurs du Languedoc-Roussillon. « Ces grossistes jouent également le rôle déterminant de « régulateur », par leur maîtrise globale du secteur des fruits et légumes, précise Olivier Lauro. Ils adaptent en effet la demande à l’offre au bénéfice en priorité de l’écoulement de la production des producteurs locaux, en fonction des disponibilités des producteurs, des maturités de produits et aussi des cours ».
De novembre 2011 à mars 2012, les deux grossistes ont ainsi assuré pendant 17 semaines l’approvisionnement des produits issus d’une vingtaine de producteurs locaux (dont 5 groupements), avec une démarche de traçabilité assurée par Mercadis. En avril, l’heure est au bilan. Le projet a démontré sa pertinence sociale et économique. L’Association nationale et départementale des Restos du Cœur a décidé de renouveler l’expérimentation pour la prochaine campagne, en 2012-2013.
Cette opération innovante pourrait bien maintenant faire des émules. Gabrielle Deloncle et un représentant de l’INRA se rendront d’ailleurs fin septembre à Casablanca pour présenter le projet dans le cadre des 8e Rencontres Internationales de la Diversité.
Présidente : Gabrielle Deloncle Vice-présidente de Montpellier Agglomération
Directeur général : Olivier Lauro
Année de création : 1960
Département : 34
Nombre de salariés : 17
→ La Maison du Fromage - Vallée de Munster
Le jury a tenu à décerner une mention spéciale à cette Sem qui a réussi à rassembler l'ensemble des acteurs locaux pour redynamiser la Vallée de Munster sur le plan économique, touristique et environnemental.
Comment dynamiser un territoire et mettre en valeur son savoir-faire traditionnel pour attirer les touristes et soutenir la production locale ? La Communauté de communes de la Vallée de Munster (CCVM) a trouvé la réponse en créant la Maison du fromage, dont la gestion a été confiée à la Sem du même nom. En associant partenaires publics et privés la nouvelle structure a permis de regrouper autour de ce projet 16 acteurs du monde agricole, des actionnaires institutionnels et l’association des commerçants et artisans de la Vallée de Munster.
Pour assurer le succès de l’opération, le site a été choisi avec soin : un ancien domaine agricole libéré depuis 2007, à seulement 14 km de Colmar (Haut-Rhin) et 57 km de l’aéroport de Base-Mulhouse-Freiburg. Ce projet touristique majeur se veut désormais la vitrine de la Vallée de Munster et de son fromage, sur un espace d’exposition d’environ 2 000 m2. Après deux ans de travaux, le bâtiment, de style traditionnel et contemporain, a ouvert ses portes au public en avril 2011. Au programme : un « pôle muséographique », une boutique où sont commercialisées en circuit court les productions agricoles et artisanales de la Vallée, et un restaurant qui propose des plats à base de produits locaux préparés sur place.
Une marcairerie traditionnelle
Le succès est au rendez-vous : dès les 12 premiers mois, le site a attiré près de 100 000 personnes (avec plus de 62 000 entrées payantes), et plus de 17 500 repas ont été servis. Au total, 17 emplois (ETP) ont été créés pour un chiffre d’affaires de 850 000 euros. Les retombées économiques sont également indirectes : la Maison du fromage a aussi une vocation d’outil de développement du tourisme dans la Vallée. Son hall d’accueil « est aussi un hall d’information afin d’irriguer le territoire en visiteurs et de conduire les clients à séjourner dans la Vallée », précise Damien Mougin, le directeur général de la Sem.
L’un des atouts de la Maison du fromage est de plonger les visiteurs dans une ambiance traditionnelle et vivante. « Le centre d’interprétation sur la fabrication du munster est une marcairerie reconstituée qui permet de comprendre toutes les étapes de fabrication du fromage », explique Damien Mougin. La visite débute par un film sur la vallée et les pratiques estives, puis l’on pénètre dans une étable pour aller au contact des vrais animaux. Le public peut y déguster le lait, voir fabriquer le munster traditionnel et terminer par une dégustation dans la cave d’affinage.
Le site devrait encore évoluer et renforcer son attrait au cours des prochains mois. Les treize producteurs laitiers associés au projet se sont regroupés pour exploiter une fromagerie qui est en cours de construction à côté de la Maison du fromage, dont les caves d’affinages et le hall de fabrication seront intégrés au parcours de visite.
Président : Norbert Schickel Maire d’Eschbach-au-Val, président de la Communauté de communes de la Vallée de Munster
Directeur général : Damien Mougin
Année de création : 2011
Département : 68
Nombre de salariés : 17