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Un palais réinventé… à Nantes

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Un-palais-re-invente--Nantes.jpgUn palais réinventé… à Nantes

Un ancien Palais de justice transformé en Hôtel dont la cérémonie de remise des clés qui s’est déroulée le 8 novembre dernier, inaugure la fin des 27 mois de travaux dédiés à la conversion de l’ancien palais de justice en Radisson Blu Hôtel à Nantes.

Un palais réinventé… à Nantes

La reconversion de l’ancien Palais de Justice en un hôtel quatre étoiles associé à un espace culturel est une première en Europe. Pour réaliser ce lieu d'exception, les acteurs du projet ont relevé cinq principaux défis : l’ouverture de la façade, la redistribution des espaces, la transformation de la salle des pas perdus et de la salle des Assises et la création des chambres. Les nouveaux aménagements, tout en contrastes, créent un environnement moderne dans un bâtiment du XIXe siècle qui est désormais ouvert à la lumière naturelle et riche en couleurs. Ce bâtiment constitue la première restructuration hôtelière certifiée NF Bâtiments tertiaires - démarche HQE®.

Destiné à accueillir majoritairement une clientèle d’affaires pour l’hébergement, le Radisson Blu Hotel, Nantes deviendra un nouveau lieu de vie nantais, ouvert sur la ville. Le restaurant L'Assise propose une cuisine préparée avec des produits locaux de saison, dans un cadre chargé d’histoires.

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Les 142 chambres, dont 15 juniors suites et 5 suites, sont mises à la disposition de la clientèle pour des tarifs allant de 140 € à 390 €. L’établissement a été conçu pour accueillir les séminaires avec une surface de 300 m2. Un spa complète les équipements de l’hôtel avec une salle de fitness, tous deux réservés à la clientèle de l'établissement.

C’est en 2000 que le Palais de Justice de Nantes a cessé d’assurer les fonctions pour lesquelles il avait été construit en 1851 par le Conseil général de Loire-Inférieure (Architectes Séheult et Chenantais), au cœur d’un quartier de Nantes comprenant également la maison d’arrêt et la caserne de la gendarmerie. Depuis le départ des tribunaux vers le nouveau Palais de Justice conçu par Jean Nouvel sur l’Ile de Nantes, le bâtiment était totalement inoccupé.

Au printemps 2004, le ministère de la Justice en a rendu les clés au Département de Loire-Atlantique. Quelque peu abîmé par les années écoulées sans mise aux normes ni occupation, le bâtiment conservait son caractère prestigieux et une grande fonctionnalité. Son emprise foncière de 5 611 m2, ses 10 000 m2 répartis sur quatre niveaux et son square attenant en faisaient un des bâtiments historiques incontournables de la ville. Sa situation sur la place Aristide Briand, dans le centre de Nantes, dans un quartier avec un tissu commercial diversifié et une qualité de vie résidentielle certaine, était un des atouts de ce bâtiment abandonné.

Recouvrant ce patrimoine - non protégé au titre des Monuments historiques -, le Département a pris, dès 2005, le parti de le préserver. Il se mit en quête d’une nouvelle utilisation, qui permette au bâtiment de rayonner au-delà de l’agglomération et de la Loire-Atlantique, au plan national et européen.

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La ville de Nantes travaillait par ailleurs à sa notoriété et à la qualité de son accueil touristique. La mairie avait lancé un vaste plan de réhabilitation de l’Ile de Nantes, un programme culturel ambitieux avec Estuaire et Les Machines de l’Ile. Un plan de réaménagement du centre-ville avait été lancé, pour faciliter la circulation des piétons et des deux roues et développer un commerce haut de gamme encore peu représenté en comparaison avec d’autres capitales régionales françaises.

Tout un quartier en mutation, comme la Caserne qui fait l’objet d’une importante rénovation, La caserne Lafayette reconsidèrée pour valoriser le centre de nantes…., située place Aristide Briand, était également la propriété du Département de Loire-Atlantique. Elle sera prochainement cédée à un promoteur pour valoriser ce patrimoine tout en participant à l’attractivité économique de l’agglomération nantaise. La caserne deviendra un complexe – le Carré Lafayette – mêlant logements haut de gamme et logements sociaux, boutiques de luxe, bureaux et centre de balnéothérapie. Les bâtiments patrimoniaux seront conservés et réhabilités.

Quant à la prison de Nantes, évacuée en juin 2012, mise en vente par l’Etat, elle cherche un acheteur.

Enfin, le Département, en liaison étroite avec le service des espaces verts de la ville, rénove le square Faustin-Hélie, attenant au Radisson Blu Hotel, Nantes. Les travaux, initiés en juillet 2012, s’achèveront à la fin de l’année. La mise en place d’espaces de jeux pour enfants, le repositionnement des lions, initialement sur les marches du Palais de Justice, et la rénovation des grilles complètent le travail de re-végétalisation du site.

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Désireux de trouver à l’ancien Palais de Justice une affectation et un usage à la hauteur de son potentiel, le président du Conseil général de l'époque, Patrick Mareschal, a lancé en avril 2005 trois "marchés de définition" simultanés, mettant aux prises trois équipes pluridisciplinaires explorant chacune une thématique et proposant à l’issue de la procédure un scénario. Une démarche empruntée depuis par d’autres collectivités se trouvant dans une situation identique.

En septembre 2005, le Département a retenu trois équipes explorant les thématiques suivantes : hôtellerie de luxe avec complément culturel ; culture et social - échange des savoirs ; culture et valorisation économique et touristique du patrimoine. Après étude des dossiers, le Département a retenu la proposition d’implanter dans l’ancien Palais réhabilité un hôtel 4 étoiles de niveau international, associé à un espace d’art contemporain.

La collectivité départementale, présidée par Philippe Grosvalet depuis 2011, met les lieux à disposition, sous forme d’un bail à construction de longue durée, 80 ans.

Le Département a ensuite lancé un appel à candidatures afin d'identifier une équipe composée d'un investisseur et d'un opérateur hôtelier. Après des négociations détaillées, les conseillers généraux de Loire-Atlantique ont choisi en mai 2007 l’équipe réunissant AXA Real Estate, Altarea Cogedim, the Rezidor Hotel Group (enseigne Radisson Blu), DTACC (Carvunis Cholet) et l'Agence Nuel.

L'ensemble de cette démarche a été conduit par un comité de pilotage réunissant autour du Département, la Ville de Nantes, la Chambre de commerce et d'industrie et l'association des commerçants de Nantes Plein Centre.

Un lieu de vie ouvert sur le quartier et la ville, ainsi Altarea Cogedim, l’agence d’architectes DTACC (Carvunis Cholet) et l’architecte d’intérieur-designer Jean-Philippe Nuel ont été associés au projet dès l’appel à candidature du Département. Ce projet d’envergure a suscité de multiples réflexions afin de réussir à transformer ce bâtiment austère, dans lequel on ne pénétrait que par obligation, en un bâtiment accueillant et largement ouvert sur la ville. Cette nouvelle adresse s’intègre désormais parfaitement dans son quartier du point de vue architectural et participe également à une redéfinition de la place Aristide Briand. Le travail en partenariat entre Altarea Cogedim, l'agence DTACC et Jean-Philippe Nuel dès le début des études a permis d’imaginer les grandes options prises pour la reconversion de ce bâtiment historique.

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Entre défis architecturaux et défis techniques :

1. L’OUVERTURE DE LA FAÇADE

Sur le fronton du Radisson Blu Hotel, Nantes la plaque “Palais de Justice” est toujours en place. “Nous ne nous sommes même pas posé la question de la retirer,” expliquent Jacques Cholet (DTACC) et Jean-Philippe Nuel. “Il n'y pas eu de débat, cela semblait naturel pour tout le monde de la conserver. L'hôtel assume son passé, cela fait partie de son identité. En revanche, nous avons retiré tout ce qui était trop solennel.” Les statues des deux lions qui encadraient l'entrée ont été déplacées dans le jardin public qui jouxte le bâtiment.

L’agence DTACC a travaillé sur la structure du bâtiment avec l’enjeu majeur de l’ouvrir au maximum. La statue de la Justice qui domine la façade est toujours en place. La voûte qui l’abrite a été complètement évidée, une baie vitrée remplaçant à présent le mur de pierre pour apporter de la lumière naturelle sur la coursive et dans le lobby. Les demi-fenêtres initiales deviennent également des baies vitrées accessibles depuis la rue, le mur derrière les colonnes en haut de l’escalier monumental disparaît afin d’ouvrir le lieu sur l’extérieur. Dans le même esprit, une faille est créée au milieu de l’escalier et marque l’apparition d’un accès de plain-pied à l’hôtel, apportant la modernité nécessaire à sa reconversion. L’escalier en pierre menant de la place au 1er étage a été conservé et peut toujours être utilisé. “Les fondations ont été renforcées et les colonnes remplacées. Ce sont les compagnons du Tour de France qui nous ont accompagnés sur ce projet. Par leur technique de travail, ils nous ont permis d’agrandir l’ouverture à sa taille maximale en créant une voûte en pierre de toutes pièces, comme au temps des Cathédrales,” précise Jérôme Beauvois, directeur général adjoint de Cogedim Atlantique.

2. LA REDISTRIBUTION DES ESPACES

L’intérieur du Palais devait subir la même mutation que l’extérieur. La salle des pas perdus a été reconvertie pour devenir le lobby de l’hôtel. Son accès se fait par l’intérieur du bâtiment avec un nouvel escalier débouchant de manière spectaculaire dans cette salle et bien entendu par des ascenseurs. Cet espace est largement ouvert sur la façade et sur la ville, transformant ainsi radicalement l’effet d’enfermement tout en apportant une grande modernité à ce lieu pour marquer sa mutation.

Il a été nécessaire de retravailler les cours de service intérieures pour les transformer en espaces terrasse pour le bar du lobby et le restaurant. “Sans doute l’un des chantiers les plus ambitieux et les plus complexes qui nous a permis de créer une douzaine de chambres supplémentaires.”, complète Jérôme Beauvois, directeur général adjoint de Cogedim Atlantique.

Le ravalement réalisé pendant les travaux a permis de redonner de l’éclat à la pierre. L’idée étant de toujours apporter plus de légèreté à l’ensemble.

3. LA TRANSFORMATION DE LA SALLE DES PAS PERDUS

La salle des pas perdus est devenue un lobby de 400 m2 environ. Cette transformation a nécessité une grande technicité, notamment au niveau de l’acoustique. Cette salle donne désormais accès à des espaces de réunion et reste un lieu de circulation.

4. LA RECONVERSION DE LA SALLE DES ASSISES

L’ancienne salle des Assises a été reconvertie en restaurant de 88 couverts, de 200 m2 environ. Les boiseries et le plafond ont été retravaillés pour donner un aspect plus contemporain à l’ensemble. Pour les rendre plus lumineux, les lambris des murs ont été lasurés en blanc, avec un aspect glacé. L’estrade du président de la cour d’Assises a été reconstituée et abrite désormais la cave à vin du restaurant. Le soir, un film, consacré à Jules Verne et au voyage est projeté sur les parties hautes des murs, invite à la rêverie, au repos.

5. LA CRÉATION DES CHAMBRES

Tout l’enjeu résidait dans la création d’une grande diversité de chambres en termes d’espace, de volume et de vue, proposant chacune une atmosphère différente. Au total, l’hôtel compte 142 chambres dont 20 suites. Toutes proposent un état d’esprit original et unique. Il en existe 40 typologies distinctes.

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Trois de travaux pour une reconversion réussie, d’un haut lieu de magistrature en un hôtel quatre étoiles associé à un espace culturel est une première en Europe.

L’équipe retenue en 2007 rassemble des entreprises et des opérateurs confirmés (AXA Real Estate, Altarea Cogedim, the Rezidor Hotel Group, DTACC et Jean-Philippe Nuel). Après trois ans d’études, les travaux ont pu débuter en 2010. Les travaux de réhabilitation des parties extérieures et intérieures, avec une surface totale de 11 000 m2 aujourd’hui, ont duré 27 mois au total.

Si le bâtiment n’est pas classé “monument historique”, le plan de réhabilitation est visé par la Conservation régionale des Monuments historiques (ministère de la Culture). Un soin particulier a ainsi été apporté aux parties du bâtiment faisant l’objet d’une restauration. Ce ne sont pas moins de 160 compagnons du Devoir couvreurs, charpentiers, maçons ou tailleurs de pierre qui sont intervenus sur la toiture, la verrière et la façade. Des actions responsables ont été menées sur le site pour le cloisonnement et la réalisation de faux plafonds, avec l’embauche de personnes en difficulté.

A l’issue de trois années de réhabilitation, l’hôtel constitue la première restructuration hôtelière certifiée NF Bâtiments tertiaires - démarche HQE®.

“Plus d’une vingtaine d’entreprises et une dizaine de corps de métier nous ont accompagnés dans l’élaboration de ce vaste projet.

Restaurateurs de pierre, menuisiers, décorateurs... la rénovation du Palais de Justice de Nantes exigeait un éventail de compétences particulièrement large. C’est en cela que sa réhabilitation fut un défi complexe mais passionnant,” explique Jérôme Beauvois, directeur général adjoint Cogedim Atlantique.

“Le Palais est un projet ambitieux où nous avons donné un aspect contemporain, de par l’architecture, l’aménagement, la décoration...

à un bâtiment qui avait eu, avant cela, une première vie. Nous l’avons réellement réinventé”, conclut Julien Dunand, responsable de programme d'Altarea Cogedim Entreprise.

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L’intérieur, aménagé par Jean-Philippe Nuel, l’ancienne salle des pas perdus regroupe les fonctions d’accueil, d’attente mais aussi de détente puisqu’elle devient l’extension naturelle du bar. Le mobilier, résolument contemporain, est composé de vastes îlots matérialisés par des ensembles de canapés qui structurent l’espace tout en créant des pôles de convivialité. Autour de ces îlots, des fauteuils moins formels complètent le dispositif.

Le lobby est couronné par des luminaires qui sont une expression contemporaine du lustre classique.

En périphérie de la salle, derrière le plan des colonnes, les différentes fonctionnalités de l’hôtel (accès chambres, bar, salles de réunion) viennent se “plugger” sous forme de boîtes dont les couleurs contrastent avec l’architecture monochrome du lobby.

L’objectif final est de créer un lieu vivant et interactif entre la ville et l’hôtel lui-même.

Le restaurant L'Assise y concourt également, il se révèle aussi en transparence toujours dans l’axe majeur du bâtiment et face à la ville. Aménagé dans l’ancienne salle des Assises du tribunal, ses boiseries historiques sont conservées, mais peintes en blanc pour gommer le sentiment d’enfermement. Seul le plafond est gardé dans l’état avec ses bois peints pour constituer un tableau historique en apesanteur dans l’espace. Les portes vitrées sur les cours latérales, aménagées en été, participent également à l’ouverture de la salle.

Dans le lobby, le mobilier coloré contribue à désacraliser le lieu, tout comme la cave à vin ou à grappa qui clôt la perspective sur une estrade à l’emplacement même où siégeait la cour du Tribunal. Les sièges du restaurant ont été spécialement créés pour le projet et édités par Ligne Roset.

En soirée, profitant de la double hauteur, il est proposé une véritable scénographie du lieu, la partie supérieure de la salle sur toute la périphérie étant transformée en écran de projection. C’est l’opportunité d’ouvrir l’espace d’une façon différente. Un film a spécialement été créé pour l’ouverture de l’hôtel : Jules Vernes, natif de Nantes, en est le thème avec toute la poésie de son environnement romanesque.

Dans les chambres, c'est finalement sur le thème du clair-obscur que s'opère le contraste, avec deux couleurs principales, des tons chocolat et le blanc du mobilier, en partie conçu sur-mesure par Jean-Philippe Nuel. Si les chambres bénéficient d'une belle lumière naturelle, c'est artificiellement que l'ancrage de l'hôtel dans le passé et dans la ville a été affirmé. Et cela au moyen de reproductions géantes d'œuvres picturales provenant des musées de Nantes, comme les célèbres jeux d'ombres et de lumière du peintre Georges de La Tour ou des photos originales de bâtiments nantais (Christian Zachariasen) saisies dans le même jeu de clair-obscur. Il s'agit à chaque fois d'un détail d'une œuvre différente, agrandi et reproduit sur l'un des pans de mur.

Comme dans les espaces communs, la dimension scénographique est appuyée pour proposer aux clients une expérience sans nuire à la fonctionnalité.

Seules les fenêtres rappellent le bâtiment originel du XIXe siècle. Elles sont d’une hauteur imposante, tout à fait hors norme dans un hôtel contemporain. La lumière naturelle était alors la principale source d’éclairage et les ouvertures devaient s’intégrer dans un bâtiment aux proportions volontairement imposantes pour marquer les esprits.

Les salles de bains notamment s’ouvrent totalement sur la chambre, tout en laissant à chaque client la possibilité de gérer l’intimité par un jeu de portes coulissantes.

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Crédits photos : ©Christian Zachariasen, sauf bas p.14 et haut p.16 ©Christophe Dugied


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