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La Plume et le poison pour un demi-siècle d’environnementalisme … Rachel Carson …

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Rachel CarsonLa Plume et le poison pour un demi-siècle d’environnementalisme … Rachel Carson …

A l’occasion du 50ème anniversaire de la publication du Printemps silencieux, la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO et le Centre Rachel Carson de Munich organisent un évènement particulier pour exposer les portées du livre et l’héritage que nous a laissé Rachel Carson. Les présentations et débats seront centrés sur le rôle des femmes dans les mouvements écologistes, le débat international sur le DDT, l’impact des pesticides sur la vie marine et, surtout, comment tracer une voie vers un avenir durable sur la base de son éthique environnementale.

crédit photographique : Yale Collection of American Literature, Beinecke Rare Book and Manuscript Library

« Alors un étrange fléau s’abattit peu à peu sur la région et tout se mit à changer. [...] Il y eut un calme étrange. [...] Les rares oiseaux encore visibles agonisaient, secoués de violents tremblements et incapables de voler. Le printemps avait perdu sa voix. Le matin, naguère vibrant dès l’aube du chœur de dizaines de chants d’oiseaux, aucun son n’était perceptible; seul le silence régnait sur les champs, les bois et les marécages. »

Rachel Carson, Printemps silencieux

Rachel_Carson_National.jpgCe marais fait partie du Rachel Carson National Wildlife Refuge, qui comprend dix terrains éparpillés sur quelque 80 kilomètres du littoral atlantique près de la maison d’été de Rachel Carson dans le Maine.

Mais qui était Rachel Carson ?

Rachel-Carson2.jpgPhotographiée dans le Maine un an avant sa mort en 1964 d’un cancer du sein, Rachel Carson n’avait pas réalisé l’ampleur du mouvement que son livre allait déclencher.

L’une des femmes les plus influentes que l’Amérique contemporaine est connue.

Amoureuse des lettres, elle l’était tout autant de la nature, ses deux passions ont laissées des récits qui ont permis de faire évoluer les consciences environnementales et ont ancré des décisions politiques sans précédentes pour protéger la nature de la destruction par les produits chimiques.

Rachel Carson est née il y a cent ans dans une petite ville de l’ouest de la Pennsylvanie. Bien qu’ayant grandi loin de la côte, elle éprouve dès l’enfance « une intense fascination pour tout ce qui a trait à la mer ». Elle est également déterminée à devenir un jour écrivain.

Au Pennsylvania College for Women, elle se spécialise en anglais jusqu’à sa troisième année, puis passe en biologie, décision hardie à une époque où rares étaient les femmes qui s’orientaient vers les sciences. Rachel Carson poursuit ses études à l’université Johns Hopkins, où elle obtient une maîtrise avec mention en biologie marine en 1932. Alors qu’elle enseigne la zoologie à l’université du Maryland, elle passe ses étés à travailler au Woods Hole Marine Biological Laboratory dans le Massachusetts. C’est là qu’elle voit la mer qu’elle aime tant pour la première fois de sa vie.

Rachel Carson débute dans la fonction publique en tant que rédactrice d’émissions de radio pour l’U.S. Bureau of Fisheries et, en 1936, accède à un poste de spécialiste en biologie aquatique, deuxième femme engagée par le bureau à un poste de ce niveau. Pendant ses quinze ans de carrière, elle rédige des manuels sur la conservation et les ressources naturelles et révise des articles scientifiques. Lorsqu’elle prend sa retraite en 1952, elle occupe le poste de rédactrice en chef des pu- blications de l’U.S. Fish and Wildlife Service.

Durant sa carrière dans la fonction publique, Rachel Carson continue, parallèlement, à produire des écrits inspirés par son amour de la mer. Son premier livre, La Vie de l’océan date de 1941, relate la lutte pour la vie dans la mer et les zones côtières du point de vue du naturaliste. Son deuxième livre, Cette mer qui nous entoure, qui décrit les processus de formation de la terre et des océans, connaît un grand succès et vaut à son auteur une renommée mondiale.

Rachel Carson était profondément attachée au monde naturel qui nous entoure. La vie de l’océan et les dangers liés à la pollution chimique sont demeurés au premier plan de ses préoccupations tout au long de sa carrière de biologiste marine, et son travail a jeté les bases du mouvement environnemental moderne.

Pendant les années 50, elle explora la vie marine des profondeurs aux rivages dans sa trilogie de la mer (« Under the Sea Wind », « Cette mer qui nous entoure » et « Les Merveilles de la mer et de ses rivages »). Elle alerta le public quant aux effets potentiels des activités humaines sur la vie marine, tout en soulignant l’intérêt de mieux connaitre l’océan et ses processus aux vues de leur rôle central dans les systèmes de vie sur Terre. Son dernier livre, Le Printemps silencieux, a eu un impact profond au moment de sa parution en 1962, qui résonne encore aujourd’hui.

Alors que les ressources naturelles semblaient encore illimitées, que l’agriculture s’intensifiait et que la productivité augmentait de façon vertigineuse, ce livre a changé notre compréhension de l’environnement, et surtout du rôle que nous jouons dans notre environnement. Rachel Carson a fait valoir qu’il est plus correct d’appeler les pesticides « biocides » en raison de leurs effets néfastes sur l’environnement, qui se limitent rarement aux espèces nuisibles ciblées. Constatant que l’usage aveugle des pesticides tuait les oiseaux chanteurs, elle s’inspira d’un poème de John Keats —« Et aucun oiseau n’y chante » pour trouver le titre de son livre.

Elle savait aborder les questions techniques dans un style poétique et accessible, touchant ainsi un large public. Elle a ainsi fait germer une prise de conscience environnementale et Le Printemps silencieux devint rapidement un best-seller à travers le monde. Le débat qui s’ensuivit s’échappa des forums spécialisés pour s’étaler dans les pages du New York Times.

Le Printemps silencieux a suscité un tollé général, suivi d’une contre-attaque brutale de l’industrie chimique, souvent teintée de sexisme. Les femmes scientifiques étaient alors rares et peu reconnues ; Rachel Carson devient la cible d’attaques personnelles visant à saper sa crédibilité. Ses détracteurs dressent le portrait d’une femme déraisonnable et hystérique, communiste même ! En réponse à ces attaques, elle canalise le débat pour éduquer le public quant aux impacts des actions humaines sur l’environnement. Pour la première fois, les questions environnementales font l’objet de débats au Sénat, ouvrant la voie pour la création de l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA).

Propulsée à l’avant de la scène par al polémique qui suit la publication de son dernier livre, Rachel Carson devient une sorte d’icône du mouvement environnemental qui suivit, surtout pour les femmes activistes. Dès 1963, Charles Schulz la représente comme modèle des jeunes filles dans son célèbre Peanuts (Snoopy).

L’UNESCO encouragea les débats sur l’environnement dès sa création, après la Seconde Guerre mondiale. En 1962, au moment où Rachel Carson fait comprendre à ses lecteurs qu’ils font partie de leur environnement et sont responsables de sa gestion, l’UNESCO établit la Commission océanographique intergouvernementale suite à une recommandation passée en 1960 pour renforcer son programme de sciences marines. La création de la Commission est suivie par celle du programme sur l’Homme et la biosphère (MAB) en 1970, « pour améliorer la relation globale entre l’homme et l’environnement ; pour prévoir les conséquences des actions d’aujourd’hui sur le monde de demain et ainsi accroître les capacités humaines à gérer efficacement les ressources naturelles de la biosphère », puis vient le Programme international des géosciences (PICG) en 1972, et enfin le Programme hydrologique international en 1975.

L’objectif de ces initiatives est de répondre au défi déterminant de notre époque : protéger les processus naturels de la Terre pour un développement durable, soutenir la santé des écosystèmes et des êtres humains. Les deux sont inséparablement liées, et c’est par Le printemps silencieux que ce message atteint le public pour la première fois. Rachel Carson n’était pas la première à formuler des préoccupations écologiques, mais elle a su se faire entendre dans le monde entier, et sa voix résonne encore aujourd’hui.

Rachel-Carson1.jpgCe pont de Pittsburgh (Pennsylvanie) a été rebaptisé en l’honneur de Rachel Carson lors de la Journée de la Terre, le 22 avril 2006. La scienti- fique avait grandi dans la ville voisine de Springdale.


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