1613-2013, Le Nôtre au Château de Versailles…
À l'occasion du quatre-centième anniversaire de sa naissance, le château de Versailles rend
hommage tout au long de l'année 2013, au jardinier de Louis XIV, architecte, paysagiste exceptionnel, mais aussi collectionneur d'art averti, ami et confident du roi dont l'esthétique continue
d'inspirer les créateurs du monde entier.
André Le Nôtre naît à Paris aux Tuileries, le 12 mars 1613, dans une famille de jardiniers du Roi et de dessinateurs de jardins. Après avoir été formé à l’histoire, à la géométrie, à l’agronomie
et à l’hydrologie, Le Nôtre entre dans l’atelier de Simon Vouet, peintre de Louis XIII. Là, il apprend la peinture et l’architecture, approfondit ses connaissances en matière d'optique et de
perspective. Il y rencontre Jacques Sarrazin, Louis Lerambert, Pierre Mignard et Charles Le Brun.
Le Nôtre entame sa carrière en 1635 comme jardinier de Gaston d’Orléans, oncle de Louis XIV. Au service de la monarchie dès 1637, il devient en 1643 dessinateur du Roi et en 1657, contrôleur
général des bâtiments, jardins, arts et manufactures. Ses travaux pour Fouquet, révélés par la grande fête de Vaux-Le-Vicomte (en 1661) et des gravures immédiatement diffusées, lui attirent une
réputation internationale. Il commence, en 1662, les premiers travaux pour Versailles simultanément à ceux des jardins de Chantilly pour le Grand Condé.
À Versailles, ville et parc, avenues et allées, ne forment plus qu’une entité au centre de laquelle se trouve le château. Des terrasses du palais aux extrémités du grand parc, Le Nôtre remodèle
l’espace selon un double axe (est-ouest et nord-sud) jusqu’à faire du Grand Canal l’articulation de l’ensemble vers une perspective sans fin. Le Nôtre redessine et remodèle terrasses, parterres
et bosquets pour en faire un chef-d’œuvre d’équilibre et de fantaisie. Les allées secondaires conduisent aux bosquets qu’elles délimitent et qui ménagent à leur tour plus d’une surprise au
visiteur ! Parterres, allées principales et carrefours sont jalonnés de statues et d’ifs taillés aux formes les plus étonnantes qui font de Versailles un haut lieu de l’art topiaire.
Ce savant équilibre se retrouve décliné avec une imagination infinie dans les autres réalisations du jardinier : Saint-Cloud pour le duc d’Orléans, Sceaux pour Colbert, Clagny pour Madame de
Montespan...Outre Versailles, Le Nôtre réalise pour le roi les jardins de Fontainebleau (à partir de 1642), le jardin des Tuileries, la grande terrasse de Saint-Germain , les grandes avenues pour
quitter Paris (Champs- Elysées) ou gagner Versailles, ou encore les jardins de Trianon.
Anobli, Le Nôtre bénéficie jusqu’au bout de la faveur du roi et – fait rarissime – de son amitié. En 1693, au moment de se retirer à l’âge de 80 ans, l’artiste, grand esthète et collectionneur,
lègue au Roi, les œuvres les plus prestigieuses qu'il possède. Il meurt à Paris dans sa maison des Tuileries, le 15 septembre 1700 à l’âge de 87 ans, laissant derrière lui une œuvre unique en
France et à l’étranger qui a marqué théoriciens, concepteurs de jardins et urbanistes jusqu’à aujourd'hui.
De la fenêtre centrale de la galerie des Glaces se déploie, sous l’œil des visiteurs, la grande perspective qui conduit le regard du parterre d’Eau vers l’horizon. Cette perspective originelle,
antérieure au règne de Louis XIV, le jardinier André Le Nôtre se plut à l’aménager et à la prolonger en élargissant l’Allée royale et en faisant creuser le Grand Canal. Cette vaste perspective
court de la façade du château de Versailles à la grille du parc.
Le parc de Versailles est l’archétype du jardin régulier construit selon un plan architectural rigoureux et géométrique. Pendant végétal de l’architecture des bâtiments, le domaine de Versailles
et de Trianon se compose de trois parties distinctes :
-Les jardins avec leurs parterres de fleurs, présents pour l’agrément.
-Les bosquets, architectures de transition entre les parterres et les grands arbres qui ferment l’horizon. Les bosquets, véritables salons de plein air dissimulés au cœur des espaces boisés du
petit parc, constituent un lieu de promenade et de divertissement.
-La forêt, percée de larges allées rectilignes et de carrefours en étoile, aménagée pour la chasse à courre.
Louis XIV aime les jardins. Jusqu’à sa mort, il préside personnellement à leur aménagement ; il s’y promène souvent, y accompagne hôtes de marque et ambassadeurs étrangers... De somptueuses fêtes
y sont données et le roi élabore un itinéraire préservé par lequel il indique la Manière de montrer les jardins de Versailles.
En 1661, Louis XIV charge André Le Nôtre de la création et de l’aménagement des jardins de Versailles qui, à ses yeux, sont aussi importants que le Château. Les travaux sont entrepris en même
temps que ceux du palais et durent une quarantaine d’années. Mais André Le Nôtre ne travaille pas seul. Jean-Baptiste Colbert, Surintendant des bâtiments du Roi, de 1664 à 1683, dirige le
chantier ; Charles Le Brun, nommé Premier Peintre du Roi en janvier 1664, donne les dessins d’un grand nombre de statues et fontaines ; un peu plus tard, l’architecte Jules Hardouin-Mansart
ordonne des décors de plus en plus sobres et construit l’Orangerie. Enfin, le Roi lui-même se fait soumettre tous les projets et veut le « détail de tout ».
La création des jardins demande un travail gigantesque. D’énormes charrois de terre sont nécessaires pour aménager les parterres, l’Orangerie, les bassins, le Canal, là où n’existaient que des
bois, des prairies et des marécages. La terre est transportée dans des brouettes, les arbres sont acheminés grâce à des chariots de toutes les provinces de France ; des milliers d’hommes,
quelquefois des régiments entiers, participent à cette vaste entreprise.
Les Jardins s’ordonnent autour de deux grands axes qui se coupent à angle droit au niveau de la terrasse et qui commandent de vastes perspectives :
- l’axe nord-sud depuis le bassin de Neptune jusqu’à la Pièce d’Eau des Suisses.
- l’axe est-ouest depuis la façade de la galerie des Glaces jusqu’à l’extrémité du Grand Canal. C’est la perspective majeure de Versailles que Le Nôtre a ouverte sur l’infini. Elle conduit le
regard jusqu’à l’horizon et mesure 3200 mètres, de la façade du château à la grille du Parc.
Depuis 1992, les jardins sont
en cours de replantation, et après la tempête dévastatrice de décembre 1999, les travaux se sont accélérés au point que, dans bien des parties, ils ont déjà retrouvé leur
physionomie d’origine.
Le Parterre d’Eau :
Ces deux grands bassins rectangulaires reflètent la lumière et éclairent la façade de la galerie des Glaces. Pour Le Nôtre, la lumière est un élément du décor, au même titre que la verdure ; dans
ses compositions, il équilibre les masses d’ombre et de clarté.
Les deux parterres d’Eau apparaissent comme le prolongement de la façade du château. Plusieurs fois modifié, cet ensemble ne reçut sa forme définitive qu’en 1685. Le décor sculpté fut alors conçu
et dirigé par Charles Le Brun : chaque bassin est décoré de quatre statues couchées figurant les fleuves et les rivières de France : La Loire et le Loiret, Le Rhône et la Saône, La Seine et la
Marne, La Garonne et la Dordogne ; auxquelles s’ajoutent quatre nymphes et quatre groupes d’enfants. De 1687 à 1694, les frères Keller, fondeurs, coulent dans le bronze, à l’Arsenal de Paris, les
modèles fournis par les sculpteurs, de Tuby à Coysevox.
Les parterres d’Eau ne sauraient être séparés des deux fontaines, dites des Combats des Animaux, achevées en 1687, qui encadrent le grand escalier descendant vers le bassin de Latone. Six statues
allégoriques décorent l’ensemble : L’Air, Le Soir, Le Midi et Le Point du Jour, Le Printemps et L’Eau. Elles font partie de la « grande commande » de statues en marbre faite par Colbert en 1674.
Les bosquets
Le bosquet de la reine :
Ce bosquet a remplacé le fameux Labyrinthe qui illustrait à ses carrefours trente-neuf fables d’Ésope par des fontaines en plomb peintes au naturel mettant en scène des animaux. Construit
en 1669 sur une idée du conteur Charles Perrault, il fut détruit lors de la replantation des jardins en 1775-1776, pour être remplacé par le bosquet de la Reine. Le décor sculpté actuel fut mis
en place à la fin du XIXe siècle.
La salle de Bal :
Aménagée par Le Nôtre entre 1680 et 1683, la salle de Bal s’appelle aussi bosquet des Rocailles, en raison des pierres de meulière et des coquillages rapportés des côtes africaines et malgaches
sur lesquels l’eau ruisselle en cascade. Au centre, une « île » en marbre, aisément accessible, servait à la danse, art dans lequel s’illustrait Louis XIV. Les musiciens se tenaient au-dessus de
la cascade et, en face, un amphithéâtre aux gradins recouverts de gazon permettait aux spectateurs de s’asseoir.
Le bosquet de la Girandole :
Le bosquet de la Girandole, pendant de celui du Dauphin, remplace au sud les anciens quinconces plantés sous Louis XVI. Depuis sa création, il a connu peu de modifications, décoré de termes
commandés par le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, pour son château de Vaux-le-Vicomte, et exécutés à Rome sur des modèles de Poussin.
Le Jardin du roi :
Le bassin du Miroir se trouvait à l’extrémité d’une grande pièce d’eau appelée l’Île d’Amour ou Île Royale (1674) sur laquelle avaient lieu les essais des maquettes de navires de guerre. Non
entretenue pendant la période révolutionnaire, elle fut supprimée en 1817 par l’architecte Dufour, sur ordre de Louis XVIII et remplacée par le Jardin du Roi, jardin clos, tracé à l’anglaise,
planté de superbes espèces disparues en bonne partie lors de la tempête de 1999. Seul subsiste de l’aménagement originel le bassin du Miroir.
La salle des Marronniers :
Organisée entre 1680 et 1683, elle se nommait alors galerie des Antiques ou galerie d’Eau et contenait une allée centrale bordée d’orangers, d’ifs taillés, de bassins et de jets d’eau. Sur le
pourtour de cette allée étaient alignées vingt-quatre statues antiques. Entièrement remanié en 1704, ce bosquet est alors devenu la salle des Marronniers, ornée de huit bustes antiques et de deux
statues.
La Colonnade :
Construite à partir de 1685 par Jules Hardouin-Mansart, la Colonnade a remplacé un bosquet créé par Le Nôtre en 1679 : le bosquet des Sources. Un péristyle accompagne les 32 colonnes de marbre
ioniques. Les tympans triangulaires entre les arcades sont décorés de bas-reliefs représentant des enfants. Les claveaux des arcs s’ornent de têtes de nymphes et de naïades. Au centre, un
soubassement circulaire de marbre sert de socle au fameux groupe exécuté entre 1678 et 1699 par Girardon : L’Enlèvement de Proserpine par Pluton.
Le bosquet des Dômes :
Très fréquemment remanié, ce bosquet changea de nom au gré des modifications apportées à son décor. Créé par Le Nôtre en 1675, il fut le bosquet de la Renommée, en 1677-1678, en raison de la
statue de la Renommée posée alors au centre du bassin et qui lançait un jet d’eau de sa trompette. Entre 1684 et 1704, les groupes des Bains d’Apollon y furent placés d’où son nom à cette période
: le bosquet des Bains d’Apollon. Mais en 1677, Jules Hardouin-Mansart construit deux pavillons de marbre blanc surmontés de dômes, qui lui donnèrent son actuelle dénomination, bien que ces
éléments aient été détruits en 1820.
L’Encelade :
La fontaine de l’Encelade fut exécutée en plomb par Gaspard Marsy entre 1675 et 1677. Le sujet en est emprunté à l’histoire de la chute des Titans ensevelis sous les rochers du Mont Olympe,
qu’ils voulurent escalader au mépris de l’interdiction de Jupiter. Le sculpteur a représenté un géant à demi englouti sous les rochers, luttant contre la mort.
L’Obélisque :
La fontaine de l’Obélisque fut construite par Jules Hardouin-Mansart en 1704, à l’emplacement de l’ancienne salle des Festins ou salle du Conseil, aménagée par Le Nôtre en 1671. Le décor de plomb
servit alors à l’ornementation des bassins du jardin du Grand Trianon.
Le bosquet du Dauphin :
Le bosquet du Dauphin, appelé aussi « les Deux-bosquets » avec celui de la Girandole, est l’un des tout premiers tracés par André Le Nôtre vers 1660. À la fin du XVIIe siècle, le sculpteur Théodon compléta la série de sculptures, consacrée aux saisons ou à des divinités mythologiques.
Le bosquet de l’Étoile :
Il est l’un des premiers à être aménagés par André Le Nôtre dans la partie nord du Jardin, en 1666. Le tracé en étoile des allées principales, le labyrinthe des allées intérieures, le centre
aménagé en salle de verdure animée par les jeux d’eau de sa fontaine et close de treillages, en font un véritable salon de plein air.
Le bosquet des Bains d’Apollon :
Ce bosquet, que l’on appelait le Marais, fut aménagé durant le règne de Louis XIV, entre 1670 et 1673, à l’instigation de Madame de Montespan, dit-on. En 1704, Jules Hardouin-Mansart conçut pour
ce lieu un bosquet nouveau destiné à accueillir les groupes des Chevaux du Soleil et celui d’Apollon servi par les Nymphes. Cet ensemble fut sculpté entre 1664 et 1672 pour orner la fameuse
grotte de Téthys, et lorsque cette dernière fut détruite pour construire l’aile nord du Château, on le transféra au bosquet des Dômes. Hardouin-Mansart aménagea donc ce lieu pour mettre en valeur
ces œuvres particulièrement remarquables. En 1776, un an après l’ordre donné par Louis XVI de replanter le parc, on demanda au peintre Hubert Robert un projet d’aménagement nouveau. Le bosquet
qu’il imagina, achevé en 1778, le fut dans le style, alors à la mode, des jardins anglo-chinois. C’est celui qui demeure aujourd’hui.
Le bosquet du rond vert :
Au nord des jardins, entre le Rond vert (ancien bosquet du Théâtre d’Eau) et l’Étoile (ancien bosquet de la Montagne d’Eau), à l’écart des allées fréquentées, se dissimule un bassin circulaire au
milieu duquel s’élève un rocher. Il s’agit de l’Île des Enfants, chef-d’œuvre de fraîcheur réalisé par Hardy en 1710. Sur le rocher sont disposés six enfants nus jouant avec des fleurs, tandis
que deux autres s’ébattent dans l’eau.
Le bosquet des Trois Fontaines :
Créé par le Nôtre en 1677, ce bosquet est le seul mentionné sur un plan ancien comme étant « de la pensée du roi ». Il est composé de trois terrasses dont chacune présente un bassin différent.
Restauré depuis 2005, il a retrouvé sa magnifique composition et ses jeux d’eau voulus par le souverain : au bassin inférieur, les jets forment une fleur de lys, au centre, des lances verticales
et une voûte d’eau, en haut enfin, une colonne d’eau formée de cent quarante jets ; c’est d’ailleurs cette colonne imposante qui alimente les bassins inférieurs. Bien dissimulé par les
treillages, ce bosquet avait été aménagé de manière que le roi, à 39 ans, atteint de goutte, puisse y venir en roulette et se déplacer sur les rampes d’accès en gazon.
Le bosquet de l’Arc de Triomphe :
Achevé entre 1679 et 1683, ce bosquet n’abrite aujourd’hui qu’une seule fontaine, La France triomphante, œuvre du sculpteur Jean-Baptiste Tuby. Pourtant, à l’époque de Louis XIV, un grand arc de
triomphe s’élève et donne son nom à ce salon de verdure. Les fontaines de la Gloire et de la Victoire qui se tenaient non loin de la première, n’ont pas traversé les époques, probablement fondues
au XIXe siècle.
Les bassins : le règne de l'eau
Plus encore que l’architecture végétale et les bosquets, l’eau sous toutes ses formes est l’ornement privilégié des jardins français : l’eau cascadante de certains bosquets, l’eau jaillissante
des fontaines, l’eau calme des vastes nappes qui reflètent le ciel et la lumière, tel le Parterre d’Eau ou le Grand Canal.
Le bassin de Latone :
Inspiré par Les Métamorphoses d’Ovide, le bassin de Latone illustre la légende de la mère d’Apollon et de Diane protégeant ses enfants contre les injures des paysans de Lycie, et demandant à
Jupiter de la venger. Ce qu’il fit en les transformant en grenouilles et en lézards. Le groupe central en marbre, sculpté par les frères Marsy, représente Latone et ses enfants. L’ensemble se
dressait à l’origine, en 1670, sur un rocher. Il était entouré de six grenouilles à demi sorties de l’eau, et vingt-quatre autres disposées hors du bassin, sur la plate-forme de gazon. La déesse
regardait alors vers le château. Cet aménagement fut modifié par Jules Hardouin-Mansart entre 1687 et 1689. Le rocher fit place à un soubassement concentrique en marbre et le groupe de Latone
regarde désormais vers le Grand Canal. Le bassin de Latone se prolonge par un parterre où sont placés les deux bassins des lézards.
Le bassin de Bacchus :
Bassin dit de l’Automne, il est l’égal des trois autres bassins consacrés aux saisons et proches de l’Allée royale. Bacchus, figure mythologique romaine, enseigne à travers le monde la culture de
la vigne. Dieu du vin et l’ivresse, il symbolise l’époque des vendanges et est entouré de petits satyres, moitié enfants, moitié boucs.
Le bassin du Miroir :
Louis XIV commanda le bassin du Miroir vers 1702. Construite en face du Jardin du Roi, la sculpture des deux dragons, qui encadrent le bassin, fut confiée à Jean Hardy. Installé sur trois
niveaux, le bassin donne sur cinq allées et quatre statues antiquisantes, dont celle d’Apollon.
Le bassin de Saturne :
Parfaitement symétrique au bassin de Flore, le bassin de Saturne, situé dans la partie sud, a été sculpté par François Girardon et symbolise la saison de l’hiver. Saturne trône au centre, entouré
de ses petits amours, sur une île parsemée de coquillages.
Le bassin d’Apollon :
Dès 1636, sous Louis XIII, existait à cet endroit un bassin, dit alors des Cygnes, que Louis XIV fit orner de l’impressionnant et célèbre ensemble en plomb doré représentant Apollon sur son char.
L’œuvre de Tuby, d’après un dessin de Le Brun, s’inspire de la légende d’Apollon, dieu du Soleil et emblème du Roi. Tuby exécuta ce groupe monumental entre 1668 et 1670 à la manufacture des
Gobelins, date à laquelle il fut transporté à Versailles puis mis en place et doré l’année suivante.
Le bassin de Flore :
Situé au carrefour de plusieurs bosquets, dont celui de la Reine, le bassin de Flore, déesse romaine des fleurs, des jardins et du printemps, symbolise la première saison de l’année. Sculptée par
Tuby, elle est représentée avec une couronne de fleurs, au centre du bassin.
Le bassin de Cérès :
Le Bassin de Cérès, carré, a été conçu entre 1672 et 1679 par Thomas Regnaudin, d’après un dessin de Charles Le Brun. Cérès, déesse romaine des moissons, est assise sur un lit de gerbes de blés,
accompagné de bleuets et de roses. Symbole de l’été, il complète celui de Bacchus, Flore et Saturne qui incarnent les trois autres saisons.
Le bassin de Neptune :
C’est sous la direction de Le Nôtre que fut construit, entre 1679 et 1681, le bassin de Neptune, nommé alors pièce d’eau sous le Dragon, ou pièce des Sapins. Ange-Jacques Gabriel en modifia
légèrement le tracé en 1736 et, en 1740, on mit en place le décor sculpté. Trois groupes : Neptune et Amphitrite, Protée ainsi que Le Dieu Océan réalisé par Jean-Baptise Lemoyne. Le nouveau
bassin, inauguré par Louis XV, suscita l’admiration par le nombre, l’ampleur et la variété des jets d’eau jouant sur les sculptures de plomb. Il compte quatre-vingt-dix-neuf jets d’eau qui
constituent un extraordinaire ensemble hydraulique.
Le bassin du Dragon :
L’Allée d’Eau débouche par une demi-lune sur le bassin du Dragon qui représente un des épisodes de la légende apollinienne : le serpent Python, qui fut tué d’une flèche par le jeune Apollon. Le
reptile est entouré de dauphins et d’Amours armés d’arcs et de flèches, montés sur des cygnes. Le jet d’eau principal s’élève à vingt-sept mètres de haut, c'est le plus haut des fontaines des
jardins de Versailles. De chaque côté de ce bassin restitué en 1889, des allées donnent accès à deux bosquets, celui de la France Triomphante et à l’ouest, celui des Trois Fontaines.
Le bassin des Nymphes :
Recevant la décharge d’eau de la fontaine de la Pyramide, la cascade, dite le Bain des Nymphes de Diane, est ornée de bas-reliefs dont le plus connu, en plomb autrefois doré et situé sur le mur
de soutènement, est une œuvre de Girardon (1668-1670). Les autres sont de Le Gros, de Le Hongre et de Magnier.
Le bassin de la Pyramide :
Exécutée par le sculpteur François Girardon sur un dessin de Le Brun, la Pyramide, au centre de son bassin, demanda trois ans de travail. Elle est composée de quatre vasques de plomb superposées,
supportées par des tritons, des dauphins et des écrevisses en plomb.
Les allées : Des murs de verdure
Au-delà des parterres, les jardins sont quadrillés par un réseau d’allées rectilignes tracées sur un plan géométrique. Au XVIIe siècle, elles étaient
bordées de palissades et de charmilles ou d’ormilles, haies de charme ou d’ormes taillées de manière à former de véritables murailles vertes. Quelques nichées étaient aménagées dans ces murs de
verdure pour abriter des statues
L'allée royale :
Appelée aussi « Tapis vert », en raison de la bande de gazon qui se déroule au milieu, l’Allée royale mesure 335 mètres de long sur 40 mètres de large. Son tracé date de Louis XIII, mais Le Nôtre
la fit élargir et scander de douze statues et douze vases, placés par paires symétriques. Pour la plupart, ce sont des œuvres envoyées par les élèves de l’Académie de France à Rome au
XVIIe siècle. De part et d’autre, des allées permettent d’accéder aux bosquets que le promeneur découvre au fur et à mesure de son cheminement.
L’allée d’Eau :
D’après son frère Charles, célèbre pour ses contes, c’est Claude Perrault, l’architecte, qui dessina cette allée, dite aussi allée des Marmousets, mot familier issu de « marmots », désignant les
enfants. La promenade est scandée de vingt-deux groupes en bronze soutenant des vasques de marbre de Languedoc.
L’allée de Flore et de Cérès :
Symétriques aux bassins de Bacchus et de Saturne, les bassins de Cérès et de Flore symbolisent respectivement l’été et le printemps. Flore, à demi-nue, repose sur un lit de fleurs; elle est
également entourée d’Amours qui tressent des guirlandes. Le sculpteur Tuby réalisa ce groupe entre 1672 et 1677. Cérès, la faucille à la main, entourée d’Amours, est couché sur un sol jonché
d’épis de blé. C’est l’œuvre du sculpteur Regnaudin.
L’allée de Bacchus et de Saturne :
Les allées de Bacchus (l’automne) et Saturne (l’hiver) sont scandées par deux bassins décorés en leur centre de statues en plomb doré, œuvres des frères Marsy pour l’un et de Girardon pour
l’autre. Ils symbolisent avec leurs symétriques de la partie nord les quatre saisons. Dans son guide des jardins, Louis XIV en parle en ces termes : « De l’autre côté, l’allée royale, l’Apollon,
le canal, les gerbes des bosquets, Flore, Saturne, à droite Cérès, à gauche Bacchus ».
Le Grand Canal :
Le Grand Canal est la création la plus originale d’André Le Nôtre qui a transformé la perspective est-ouest en une longue trouée lumineuse. Les travaux durèrent onze ans, de 1668 à 1679. Le Grand
Canal, long de 1 670 mètres, fut le cadre de nombreuses fêtes nautiques et de nombreuses embarcations y naviguaient. Dès 1669, Louis XIV fit venir des chaloupes et des vaisseaux en réduction. En
1674, la République de Venise envoya au Roi deux gondoles et quatre gondoliers qui logeaient dans une suite de bâtiments à la tête du Canal, appelés depuis Petite Venise. Si l’été voit la flotte
du Roi s’y déployer, l’hiver, patins et traineaux investissent les eaux gelées du Grand Canal.
L'orangerie :
En contrebas du château, l'Orangerie, par son ampleur, par sa hauteur, par la pureté de ses lignes, est l'un des endroits où Jules Hardouin-Mansart a le mieux affirmé son talent de grand
architecte. Orangers du Portugal, d'Espagne ou d'Italie, citronniers, grenadiers - certains ont plus de 200 ans - lauriers roses, palmiers y sont conservés l’hiver et se déploient l'été sur son
parterre.
Construite entre 1684 et 1686, en remplacement de la petite orangerie édifiée par Le Vau en 1663, elle se compose d’une galerie centrale voûtée, longue de 150 mètres, prolongée par deux galeries
latérales situées sous les escaliers des premières et deuxièmes Cent Marches. L’ensemble est éclairé par de grandes fenêtres.
Le parterre de l’Orangerie s’étend sur trois hectares, prolongés visuellement par la pièce d'eau des Suisses. Sous Louis XIV, il était orné de quelques sculptures aujourd’hui au musée du Louvre.
Composé de quatre pièces de gazon et d’un bassin circulaire, il accueille en été les 1 055 arbres en caisses sortis dès le début du printemps.
La Pièce d’eau des Suisses :
Creusé pour embellir l’axe nord-sud des jardins, théâtre de fêtes nautiques sous l’Ancien Régime, ce grand bassin remplace une zone marécageuse appelée « étang puant » qui causait de nombreuses
maladies parmi les habitants de Versailles.
De forme octogonale à partir de 1665, il fut agrandi vers 1678 par les Gardes suisses puis à nouveau en 1682 en le dotant de ses extrémités arrondies. Les terres retirées lors des travaux
servirent à la création du Potager du Roi.
À son extrémité sud, on installa une statue équestre du Bernin représentant Louis XIV, transformé en Marcus Curtius par François Girardon car le Roi ne se trouvait pas à son avantage. Il pouvait
d’ailleurs accéder à son potager par des allées de platanes maintenant bi-centenaires et une « grille royale » qui donne toujours sur la pièce d’eau.
Le domaine de Versailles
Surface totale de 787 hectares dont :
- Grand Parc : 428 hectares
- Domaine de Trianon : 96 hectares
– Jardin et ses bosquets (petit parc) : 77 hectares
- Terrain des Mortemets : 66 hectares
- Domaine de Marly : 53 hectares
- Pièce d'eau des Suisses : 39 hectares
- Grand Canal : 24 hectares - Place d'Armes : 4 hectares
Les jardins
Les structures végétales du jardin
- 350 000 arbres dans le domaine
- 40 km de charmilles
- 32 hectares de pelouse
- 43 km d’allées
- 23 km de treillage
- 700 topiaires de 67 formes différentes
- 6000 arbres taillés régulièrement dont 1886 tilleuls autour du Grand Canal
- 300 000 fleurs plantées chaque année par les jardiniers, dont 260 000 produites dans les serres du domaine.
- 1500 arbres en caisse à l’Orangerie, dont 900 orangers.
Les effets des tempêtes de 1990 et 1999
- 1500 arbres abattus en février 1990
- 10 000 arbres décimés en décembre 1999.
La statuaire en plein air
Éléments sculptés dans le Petit Parc (comprenant vases, vasques, termes, statues, reliefs, mascarons, bustes, candélabres, chapiteaux, groupes), dont :
- 235 vases
- 155 statues, 86 groupes sculptés
Les bassins et fontaines
- 55 bassins et fontaines et plus de 600 jeux d’eau
- 35 km de canalisations hydrauliques (90% en fonte et 10% en plomb)
52 jardiniers et 11 fontainiers pour les jardins de Versailles et de Trianon