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La rénovation du musée d’Albert-Kahn et son jardin à Boulogne-Billancourt par Kengo Kuma

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ALBERT-KAHN-MUSE-E-ET-JARDINS-.jpgLa rénovation du musée d’Albert-Kahn et son jardin à Boulogne-Billancourt par Kengo Kuma

Le Conseil Général des Hauts-de-Seine a dévoilé le projet lauréat pour la rénovation d’Albert-Kahn, musée et jardin à Boulogne-Billancourt.  Il sera soumis, lundi 14 janvier, au vote des conseillers généraux.

Le Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, a présenté le nom du lauréat pour le projet de rénovation d’Albert-Kahn, musée et jardin, de Boulogne-Billancourt. Un projet proposé par le groupement KUMA & Associates Europe qui l’a emporté, à la suite d’un concours international d’architecture emmené par un jury constitué d’élus des Hauts-de- Seine et de professionnels.

ALBERT-KAHN-MUSE-E-ET-JARDINS8.jpg© CG92 

Un projet de rénovation car avec plus de 104 000 visiteurs en 2008 et plus de 116 000 visiteurs en 2009, Albert-Kahn, musée et jardins s’est installé ces dernières années dans le paysage culturel français et même international. Afin d’éviter toute crise de croissance, le musée et ses jardins situés vont donc faire l’objet d’une opération de rénovation.

Avec deux maisons citadines du début du XXe siècle, une maison contemporaine et deux jardins, le musée Albert Kahn possède déjà un patrimoine japonais remarquable. Mais cette « orientation » japonaise sera encore renforcée par l’installation d’une maison rurale japonaise du milieu du XIXe siècle, la maison de Kiso. S’y ajouteront un nouveau jardin zen et une collection de bonsaïs. Plus spectaculaire encore, la pagode de cinq étages et douze mètres de haut détruite par le feu en 1952 sera reconstruite afin de constituer un point visuel fort d’attraction pour les visiteurs de la vallée de la Seine. « Le patrimoine japonais du site Albert-Kahn serait alors le plus important d’Europe. »

Côté jardins, le projet prévoit la reconstruction des serres sur les ailes du palmarium. L’une accueillerait la collection de bonsaïs, l’autre une exposition interactive sur l’histoire des jardins Kahn, depuis leur conception jusqu’à nos jours. Le bâtiment situé dans la perspective des jardins français serait, quant à lui, consacré à des animations sur l’art du jardin.

Les aménagements nouveaux concernent la bande de terrain mitoyenne des jardins, le long de la rue du Port. Ce terrain de 750 m2 englobe une partie non bâtie et divers logements qui seraient rasés pour accueillir un immeuble neuf qui fera l’objet d’un concours international. Il abritera des équipements publics (restaurant panoramique, boutique, etc.) ainsi qu’une nouvelle salle d’exposition. « La galerie actuelle resterait consacrée aux autochromes des Archives de la planète. Ce nouvel équipement serait mieux adapté aux besoins actuels en muséographie. Il accueillerait les grandes expositions annuelles. »

« Nous avons décidé, grâce à la construction d’un nouveau bâtiment et à la réhabilitation de l’ensemble du bâti primordial, de donner une dimension plus conforme à la nouvelle stature du musée Albert-Kahn, au cœur de la Vallée de la Culture », a expliqué M.Devedjian. En effet, la fréquentation du musée est en constante augmentation depuis cinq ans pour atteindre les 125 000 visiteurs en 2012. « Un des enjeux de cette rénovation était de redonner une visibilité au fonds patrimonial d’Albert-Kahn, musée et jardin, et de toucher un public le plus large et le plus nombreux possible », a poursuivi le président du conseil général.

« Le musée Albert-Kahn détient la collections d’autochromes la plus importante au monde et il est important de la mettre en valeur », a souligné Christian Dupuy, vice-président du conseil général en charge de la culture. Propriété du conseil général et élément majeur de la Vallée de la culture, le musée rassemble 72 000 plaques autochromes, le premier procédé de restitution photographique des couleurs. Ces collections sont articulées autour de l’œuvre d’Albert Kahn.

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS1© Musée Albert-Kahn

Un nouveau bâtiment d’inspiration japonaise

En présence du maire de Boulogne-Billancourt Pierre-Christophe Baguet, l’architecte lauréat Kengo Kuma a présenté son projet et la maquette du futur musée Albert-Kahn. D’inspiration japonaise, le nouveau bâtiment sera dédié aux expositions permanentes et temporaires sur une surface de 2 300 m2. Il a été pensé autour d’un élément traditionnel de l’architecture japonaise, l’« Engawa », un espace intermédiaire tout en transparence qui lie l’intérieur du bâtiment à l’extérieur, et dans lequel les visiteurs seront libres de déambuler tout en contemplant les jardins.

Neuf autres bâtiments seront rénovés. Outre la création d’un auditorium de 120 places destiné aux conférences, un restaurant et un salon de thé verront le jour, ouverts sur un jardin zen. Les jardins existants seront quant à eux préservés.

Le projet s’inscrit dans une démarche écologique, respectueuse de l’environnement avec l’utilisation de la géothermie sur nappe comme source d’énergie et l’emploi du matériau bois pour la réalisation de l’« Engawa ».

Trente mois de travaux entre janvier 2015 à juillet 2017 sont à prévoir. Le site restera néanmoins ouvert au public tout au long du chantier. Le coût total du projet s’élève à 26,7 millions d’euros (valeur 2011), investis par le conseil général.

 ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS3© Musée Albert-Kahn

Albert Kahn et son jardin…

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS2© Musée Albert-Kahn

Albert Kahn :

Issu d’une famille juive alsacienne commerçante, Albert Kahn a seize ans lorsqu’il quitte sa région natale pour venir travailler à Paris. Il crée sa propre banque en 1898 et édifie progressivement une fortune considérable. Il dispose alors des moyens nécessaires pour œuvrer à son idéal de paix universelle.

Convaincu que la connaissance des cultures étrangères encourage le respect entre les peuples, Albert Kahn entreprend la constitution des « Archives de la Planète », un témoignage en photos et en films de la vie au début du XXe siècle aux quatre coins de la planète.

Le krach boursier d’octobre 1929 porte un coup fatal à la fortune du banquier et à la réalisation de son œuvre. À partir de 1933, ses biens et ses collections sont peu à peu saisis. En 1936, la Préfecture de la Seine rachète la propriété à l'occasion de l'Exposition universelle de 1937. Albert Kahn meurt en 1940 ruiné, dans sa maison dont il n’est plus que l’usufruitier. Les jardins et les collections appartiennent depuis 1964 au Département des Hauts-de-Seine.

Entre 1909 et 1931, Albert Kahn finance des campagnes photographiques et cinématographiques dans 50 pays, pour conserver la mémoire de la vie quotidienne et de la vie politique, culturelle et sociale de l’époque. Ses équipes utilisent deux inventions des frères Lumière : le cinématographe (1895) et l’autochrome (1907). Ancêtre de la diapositive, le procédé autochrome permettait de fixer des images en couleurs véritables sur des plaques de verre. Elles étaient recouvertes de grains de fécule de pomme de terre colorés en rouge, en vert et en bleu. Ces archives constituent aujourd’hui les collections du musée départemental Albert-Kahn

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS7© Musée Albert-Kahn

Les collections du musée :

Avec 72 000 plaques autochromes, le musée Albert-Kahn détient la plus importante collection d’autochromes au monde. L’ensemble des films

(180 000 mètres) en 35 mm noir et blanc, muets, représente environ 100 heures de projection.

L'histoire des jardins :

En 1893, Albert Kahn s’installe à Boulogne-Billancourt et loue un hôtel particulier situé 6, quai du 4-Septembre. Dès 1894, le paysagiste Eugène Deny aménage le jardin de la maison. En 1895, Albert Kahn devient le propriétaire de cette maison ainsi que de quatre terrains attenants ; il entreprend alors la création de ses jardins.           

La démarche du banquier lui fait choisir un genre de jardin particulier au XIXe : le jardin dit « de scènes ». Chaque acquisition de terrain lui donne l’occasion de créer une nouvelle scène paysagère. Ainsi sont réunies des espèces de tous les continents, Europe, Amérique, Afrique, Océanie et Asie. Les jardins invitent le visiteur à effectuer un voyage autour du monde.

Les jardins Albert-Kahn sont gérés selon une approche dite « différenciée », qui permet de conserver l’esprit unique du site tout en incluant des techniques et des méthodes écologiques. Respectueux de la complexité esthétique du lieu, les jardiniers, spécialement formés à la taille japonaise des arbres ou à celle des fruitiers et des rosiers, participent à l’œuvre d’art que représentent ces jardins. Par exemple, les feuilles dorées tombant à l’automne sont laissées sur les pelouses du jardin anglais, pour leurs couleurs comme pour la couche d’humus qu’elles forment, fertilisant naturellement la terre.

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS5© Musée Albert-Kahn

- LE VILLAGE JAPONAIS ET LE JARDIN JAPONAIS CONTEMPORAIN :

Le jardin japonais a été créé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à l’occasion des voyages d’Albert Kahn au Japon. Il comprend aujourd’hui un « village » bâti par des artisans japonais venus spécialement le réaliser. Pour ce faire, Albert Kahn fit livrer en pièces détachées les deux maisons d’habitation et des végétaux japonais dont une collection de bonsaïs. Le jardin contemporain a remplacé en 1990 une partie des anciens jardins. Le paysagiste Fumiaki takano y a néanmoins conservé le pont rouge et le portique donnant sur le verger. Ce nouveau jardin symbolise la vie et l’œuvre d’Albert Kahn, de sa naissance à sa mort, ainsi que ses liens d’amitié avec le Japon. L’eau y est omniprésente. D’autres évocations du Japon sont présentes comme la montagne aux azalées qui représente le mont Fuji.

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS4© Musée Albert-Kahn

- LE JARDIN FRANCAIS :

En 1895, Albert Kahn fait appel aux prestigieux paysagistes Henri et Achille Duchêne pour dessiner le jardin français et le verger-roseraie. La roseraie est un hommage à l’art du jardin de la Renaissance et le jardin français au classicisme du XVIIe siècle La pelouse rectangulaire, ornée de broderies dans les angles, est ceinturée de plates-bandes de fleurs saisonnières. Des rangées de tilleuls et de marronniers taillés en rideaux accentuent la régularité de l’architecture de cette scène paysagère.

Le verger-roseraie :

L’espace allie jardin d’utilité et jardin d’agrément. Les pommiers et les poiriers sont soit taillés selon des formes géométriques, soit laissés en port libre pour évoquer les cultures de plein vent. Au mois de juin, les arbres fruitiers sur lesquels s’enroulent des rosiers grimpants et les tonnelles se couvrent de roses.

L’étude des autochromes issus des collections du musée a permis une restauration en 1989 et la réintroduction de variétés anciennes.

Le Palmarium ou jardin d’hiver :

La partie centrale de ce bâtiment, construit à la fin du XIXe, sert de jardin d’hiver orné de plantes exotiques. Magnifique ouvrage de ferronnerie et de verre, cette serre est doublée à l’intérieur d’un treillage peint en blanc. Deux serres latérales en forme de dos d’âne (détruites vers 1914) abritaient entre autres une culture de chrysanthèmes.

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS

- LE JARDIN ANGLAIS :

Depuis la balustrade en pierre du jardin français, on découvre la pelouse aux lignes courbes et arrondies d’un jardin naturel créé en 1895. Une rivière serpente en bordure de la pelouse pour terminer son parcours dans un bassin surmonté d’une rocaille et d’un pont en ciment reproduisant la texture du bois. Alors qu’au centre le gazon est très entre- tenu, sur les pourtours des plantes à bulbes s’épanouissent plus librement. En automne, le jardin se teinte d’or grâce aux deux ginkgos biloba centenaires.

- LA FORET VOSGIENNE :

Cette forêt est une évocation des paysages montagneux de l’enfance d’Albert Kahn. Elle reproduit sur 3 000 m2 une forêt qui, dans les Vosges, occupe 800 000 hectares. Blocs de granit, épicéas verts mêlés de charmes, hêtres, noisetiers et chênes évoquent le versant lorrain des Vosges. Dans un décor de grès rose, pins sylvestres, pins noirs, chênes sessiles et hêtres, évoquent eux, le versant alsacien. Les dégâts de la tempête de 1999 ont été l’occasion d’une restauration complète de cet espace par le Conseil général.

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS6© Musée Albert-Kahn

- LE MARAIS :

Sous la forêt bleue, avec leurs espèces aquatiques (nénuphars, massettes, prêles, iris d’eau...), les deux pièces d’eau évoquent un marais. La composition de cette parcelle fait la part belle à la recherche du naturel.

- LA PRAIRIE Et LA FORET DOREE :

Dans la prairie, la priorité est donnée aux couleurs et aux formes végétales. La forêt dorée en bordure de la prairie doit son nom aux bouleaux qui prennent en automne une teinte jaune et or très lumineuse et aux pousses printanières des épicéas.

- LA FORET BLEUE :

Les couleurs des cèdres de l’Atlas et des épicéas du Colorado ont donné leur nom à cet espace. Ces conifères forment toute l’année un rideau végétal bleuté et épais ponctué de rhododendrons et d’azalées. Les arbres avaient beaucoup grandi depuis 1899, date de création de ce jardin. Une restauration a été entreprise dans les années 1990 avec la replantation de jeunes conifères. La tempête de 1999 a mis à terre de nombreux arbres. Les plantations qui ont suivi ont permis à l’écran bleu conçu par Albert Kahn de retrouver sa densité.

ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS6© Musée Albert-Kahn


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