Pas de différence notable entre un mur à joints verticaux remplis et un mur à joints verticaux non remplis…
Avec l’entrée en vigueur de la RT 2012, le test d’étanchéité est obligatoire. L’occultation des entrées d’air et bouches d’extraction du système de ventilation et en mettant la maison en surpression ou dépression, ce test permet de quantifier les entrées ou sorties d’air parasites. Ce contrôle systématique entraine des changements dans les comportements des acteurs.
Chacun y va de sa recette : remplissage des joints verticaux, enduits intérieurs à ajouter, voire tout à la fois... sans même se demander si un mur maçonné hourdé et enduit dans les règles de l’art n’apporte pas, déjà, les performances suffisantes.
Au nom du « ça ne peut pas faire de mal », on voit donc fleurir des préconisations supplémentaires dont la nécessité n’est pas démontrée. Qui croire ? Que faut-il vraiment faire pour respecter les exigences réglementaires ?
L’UMGO-FFB, le CERIB et le CTMNC ont souhaité combattre quelques idées reçues en évaluant l’influence du remplissage des joints verticaux sur l’étanchéité à l’air des parois maçonnées enduites.
Une campagne d’essais, menée avec le soutien du « Programme Recherche Développement Métiers » de la FFB, a été confiée au laboratoire Ginger CEBTP pour évaluer l’étanchéité à l’air de murets en briques terre cuite et en bloc béton, représentatifs des chantiers les plus répandus (joints épais/minces, joints verticaux remplis ou non).
Ainsi dans ce cadre de recherche, la campagne d’essais s’est axée avec deux principaux objectifs :
- connaitre le niveau de perméabilité à l’air atteint en partie courante par une maçonnerie réalisée soit en blocs béton soit en briques de terre cuite avec enduit extérieur ;
- quantifier l’impact du remplissage des joints verticaux sur cette propriété.
Tous les résultats montrent qu’il n’y a pas de différence notable entre un mur à joints verticaux remplis ou non. Par ailleurs, le poids de toutes les parois maçonnées enduites dans la perméabilité à l’air totale d’une maison conforme à la RT2012 est inférieur à 1%.
Il n’est donc pas nécessaire de prévoir des dispositifs supplémentaires d’étanchéité à l’air (deuxième enduit intérieur par exemple) si la paroi est maçonnée et enduite sur une face selon les règles de l’art.
Un éventuel test intermédiaire sert avant tout à vérifier les points singuliers (portes et fenêtres, coffres de volets roulants, fourreaux, tuyaux, charpente...) à un moment où ils sont encore accessibles. La valeur mesurée n’a pas de sens avant enduisage.
Ces travaux contribueront à la mise à jour des textes existants (Mininfil, DTU...) en réaffirmant le positionnement du plan d’étanchéité à l’air à extérieur du gros œuvre pour un bâtiment isolé par l’intérieur ou à isolation répartie.
En conclusion :
Une paroi maçonnée enduite sur une face est étanche à l’air ;
Cette performance est indépendante du type de montage (joints minces ou épais) et du remplissage ou non des joints verticaux.
L’essai réalisé est un essai de laboratoire qui s’appuie sur la norme NF EN 12114 [6]. Les corps d’épreuve, à savoir des murets de dimensions 1,50 m x 1,50 m, sont montés à l’intérieur d’un cadre métallique étanche. Ce cadre est ensuite plaqué de façon également étanche sur une paroi (ou un caisson) au travers de laquelle est insufflé de l’air au moyen d’un compresseur ou d’un ventilateur.
Pour la réalisation de l’essai, la tache a consisté à appliquer par paliers successifs une différence de pression négative ou positive comprise entre 5 et 100 Pa environ. La lecture de la pression s'effectue à l'aide d'un manomètre. Le débit d’air traversant est mesuré à chaque palier à l'aide de débitmètres à colonne d'air.
On extrapole ensuite le débit de fuite pour une pression de 4 Pa, afin de se rapprocher des conditions d’expression de l’exigence de la RT 2012.
Afin d’affiner l’analyse, le tableau 3 présente pour une maison individuelle, le pourcentage de débit induits par les parois maçonnées par rapport à l’objectif fixé par la RT 2012. Ce bilan global, illustré en figure 2, est réalisé en considérant une habitation carrée de plain-pied de 100 m2 habitables avec 83 m2 de maçonneries (A) pour 17 m2 de menuiserie (B) et 100 m2 de planchers hauts (C) (ratios d’ouvertures RT 2012).
Tableau 3 – Exploitation des résultats de mesures : pourcentage de fuite induit par les parois maçonnées enduites dans une maison individuelle type
Les résultats montrent que pour une maison individuelle type respectant à minima l’exigence de la RT 2012 (soit 0,6 m3/h.m2 sous 4Pa), la contribution de toutes les parois maçonnées enduites reste inférieure à 1 % de cette valeur, ce qui veut dire que 99% des pénétrations d’air parasites auraient pour origine les autres éléments de la maison.
En complément et afin d’estimer la pérennité de la perméabilité à l’air en présence d’une altération du plan d’étanchéité, les deux essais précédents N°3 et N°7 ont été renouvelés avec un enduit fissuré.
Pour chaque essai, deux fissures traversantes (uniquement l’enduit, pas les éléments de maçonnerie) ont été réalisées sur enduit frais, une horizontale et une en diagonale soit environ 1,6 m de fissure par m2 de mur. Chaque fissure fait environ 0,5 mm d’ouverture.
Les résultats obtenus, respectivement 0,034 et 0,011 m3/(h.m2) sous 4 Pa, sont supérieurs aux précédents. Néanmoins, l’objectif réglementaire de la RT 2012 (0,6 m3/h.m2 sous 4Pa) est toujours largement respecté.
Conclusion :
L’ensemble des résultats obtenus présente des valeurs extrêmement faibles et montre que :
- une paroi maçonnée enduite à l’extérieur peut être considérée comme étanche à l’air ;
- cette performance est indépendante de la nature du matériau de maçonnerie testé, du type de montage (joints minces ou épais) et du remplissage ou non-remplissage des joints verticaux.
Il est donc superflu de prévoir des dispositifs supplémentaires d’étanchéité à l’air (deuxième enduit intérieur, films plastiques...) pour l’atteinte de l’objectif réglementaire.
La réalisation d’un essai d’étanchéité à l’air intermédiaire est à vocation pédagogique. Il sert avant tout à vérifier qualitativement les points singuliers (portes et fenêtres, coffres de volets roulants, fourreaux, tuyaux, charpente...) à un moment où ils sont encore accessibles. La valeur mesurée n’a pas de sens avant enduisage.
Ces travaux contribueront à la mise à jour des textes existants (Guides Mininfil, DTU 20.1, ...) en réaffirmant la pertinence du positionnement du plan d’étanchéité à l’air à l’extérieur du gros œuvre, lorsque celui-ci est isolé par l’intérieur ou à isolation répartie.