L’idée reçue sur le massacre de oiseaux par les éoliennes …
Alors que la filière éolienne doit pouvoir répondre aux engagements nationaux de recourir aux énergies renouvelables. Cette politique doit aussi s’inscrire dans la démarche du développement durable et particulièrement dans la stratégie nationale pour la biodiversité visant à stopper la perte de la diversité biologique.
En effet, en raison de sa mobilité et de son omniprésence dans les espaces naturels, l’avifaune est l’un des groupes les plus sensibles aux effets de l’installation d’un parc éolien. Et du fait de son expansion, la filière n'est pas sans conséquence pour l'avifaunne : collision, déplacement à cause des dérangements, effet de barrière ou perte d'habitats.
Le risque de collision existe bel et bien, mais il est très variable selon le comportement des oiseaux, la configuration du site éolien et les conditions environnementales. Il est plus sensible s’agissant des rapaces et des grands voiliers.
Même si plusieurs études ont été menées sur l'impact des éoliennes sur les oiseaux et les chauves-souris, tous s’accordent dans leur ensemble pour évaluer un risque de collision oiseau/éolienne minime dans de bonnes conditions de visibilité (durant la journée, en absence de pluie ou de brouillard), bien que de grandes variations existent entre sites d’études.
Un taux de mortalité moyen de 33 oiseaux par éolienne et par an a cependant été constaté sur des axes migratoires importants, et de 2 à 12 sur des parcs éoliens en Aragon, Espagne.
En outre, pour certaines espèces, le risque de collision peut augmenter en fonction de facteurs tels que le comportement de chasse pour les rapaces, les migrations nocturnes et l’emplacement des sites éoliens.
Les perturbations engendrées par la présence des éoliennes (modification du milieu, dérangement humain qui leur sont liés) semblent avoir plus de conséquences que les turbines en elles-mêmes.
Aussi, l’influence des parcs éoliens sur les oiseaux présente d’importantes variations en fonction des différents sites étudiés. Aussi la mise en place d’une étude d’impact spécifique pour chaque cas d’implantation de parc éolien est recommandée.
Les effets des éoliennes sont classés en deux catégories : les effets directs par collisions et les perturbations indirectes correspondant au dérangement généré par la présence des éoliennes.
S’agissant des Chauves-souris, la connaissance des impacts des éoliennes est plus récente que celle des impacts sur les oiseaux. Le principal enjeu à envisager est le risque de mortalité. Les causes de mortalité des chauves-souris sont cependant multiples (pesticides et produits de traitement des charpentes, prédation, mortalité routière, etc.). A la différence des oiseaux, on sait désormais que les perturbations indirectes dues aux éoliennes (dérangements, effet « barrière » ou perte d’habitat) sont marginales.
Le vent joue un rôle important dans l’activité des chauves-souris. De manière générale, l’activité de ces animaux baisse significativement pour des vitesses de vent supérieures à 6m/s (le niveau d’activité se réduit alors de 95%). L’activité se concentre sur des périodes sans vent ou à des très faibles vitesses de vent
Pour définir les impacts des éoliennes sur toute l’avifaune, il est nécessaire de connaître les différents peuplements d’oiseaux fréquentant le site d’implantation du parc éolien. Cependant, les populations ne sont pas forcément présentes au même moment ni inféodées au site étudié. Dans ces conditions, il devient nécessaire de détailler l’étude en fonction du statut des espèces (nicheur, hivernant, migrateur) et de leur comportement (diurne, nocturne). Cela implique une période de suivi suffisamment longue (un an minimum pour faire un bon état des lieux, couvrir les migrations pré- et post-nuptiales). Pour les espèces présentes, l’abondance mais également la répartition spatiale ainsi que la structure des populations peuvent être évaluées.
Le taux de collisions observé au cours des études déjà réalisées reste relativement bas comparé à celui observé au niveau d’autres structures métalliques comme les pylônes électriques, les lignes à haute tension et les tours de communication. Les oiseaux adoptent un comportement d’évitement. Cependant, s’agissant d’espèces menacées, les collisions, même en nombre réduit, peuvent avoir une influence non négligeable sur les populations, du fait de leur vulnérabilité. La présence de telles espèces et la connaissance des axes migratoires sont également à prendre en compte lors d’études d’impact.
D’autre part, des oiseaux peuvent fréquenter un parc éolien sans qu’il y ait un risque d’exposition pour eux. En effet, des facteurs tels que les hauteurs de vol, les types de vol (battu, plané, rectiligne), les comportements (de chasse, d’attente sur un perchoir de regroupement), les caractéristiques biologiques des espèces (vision panoramique ou non, audition) jouent aussi sur leur vulnérabilité. L’un des problèmes majeurs des études d’impacts reste donc de définir le risque en fonction des espèces et des saisons, et de réussir à le quantifier.
D’autres facteurs externes sont à prendre en compte. Tout d’abord, les facteurs climatiques semblent être déterminants, la mortalité augmentant lors de mauvaises conditions de visibilité. Les vents dominants peuvent aussi avoir une influence. Des caractéristiques propres au site comme la topographie peuvent également poser problème lorsque des oiseaux grands planeurs sont actifs sur le secteur étudié. De même, des critères liés à l’emplacement du site sont également à prendre en compte, surtout dans le cas de la proximité de zones attractives pour les oiseaux (milieux humides, estuaires, aire de reproduction ou de nourrissage, halte migratoire connue).
D’une manière générale, il est recommandé d’éloigner les parcs éoliens de tout site protégé (cf. les études menées à Tarifa, Espagne) ou zone à forte concentration d’oiseaux (axe migratoire important, sanctuaire pour l’avifaune, zone de protection spéciale...). Les caractéristiques techniques des parcs éoliens peuvent aussi constituer un facteur de risque important de collisions, comme par exemple la structure des tours en treillis qui peut être attractive pour les rapaces (perchoir de guet pour localiser les proies). L’emplacement des turbines les unes par rapport aux autres joue un rôle majeur à cet égard : il faut éviter les alignements de turbines correspondant à de véritables barrières pour les oiseaux, ou aménager la présence de ”portes d’accès“.
Dans les cas de collisions, il est relativement aisé d’estimer les impacts directs des éoliennes par la recherche de cadavres sur les sites concernés. Les effets indirects peuvent se traduire quant à eux par : une augmentation de la dépense énergétique lors des vols pour éviter les turbines ; un détournement des oiseaux vers des zones à risque plus important pour eux (autoroutes, lignes ferroviaires...) ; une perturbation au niveau des ressources alimentaires ; une modification de la répartition des proies, augmentant le risque de collision (localisation de terriers de proies à proximité des turbines) ; une diminution de l’aire d’utilisation ; une fragmentation de l’habitat. Les impacts doivent donc être observés non seulement au niveau des espèces, mais également au niveau des communautés. Des facteurs anthropiques peuvent également jouer, comme le type de plantations ou de cultures situées à proximité des éoliennes ou la présence d’autres structures à risque pour les oiseaux aux abords immédiats.
Parmi les principales mesures envisageables pour supprimer, réduire ou compenser les impacts d’un projet éolien sur l’avifaune peuvent être cités les quelques exemples suivants qui ne constituent pas une liste exhaustive. Il convient de s’assurer de la faisabilité des mesures proposées et de leur proportionnalité vis-à-vis du projet éolien :
- le choix du site : c’est le facteur principal qui permet de réduire ou de supprimer la majorité des incidences sur les milieux naturels donc sur les oiseaux ;
- le positionnement des éoliennes afin d’éviter les effets de barrière ou d’entonnoir. Une orientation des parcs parallèle aux axes migratoires réduit efficacement les effets négatifs surl’avifaune migratrice. L’aménagement d’un espace inter-éolien plus large que les autres au sein d’une ligne d’éoliennes peut parfois être envisagé pour limiter l’effet barrière, ou le risque de collision.
Cependant, les retours d’expériences sont lacunaires à ce propos. Les transits quotidiens d’oiseaux entre les zones de repos, de reproduction et d’alimentation doivent également être pris en compte et intégrés à la conception du projet. Il en va de même pour les caractéristiques aérologiques du site et l’utilisation de courants ascendants par les oiseaux planeurs, ou encore pour les corridors biologiques de déplacements (lisières de bois, haies…) ;
- le choix de la période de travaux et la planification du chantier en fonction du calendrier des espèces, en particulier en dehors des périodes de reproduction des espèces locales les plus sensibles. Les restrictions de périodes de travaux doivent déterminées en fonction de la phénologie des espèces concernées et des opérations qui présentent le plus d’impacts (par exemple les terrassements ou les excavations) ;
- le suivi du chantier : ce suivi ornithologique est plutôt simple à mettre en place et efficace pour limiter les dérangements et les perturbations en période de reproduction. Lorsque le délai a été important entre la réalisation de l’étude et le début des travaux, ce suivi permet de prendre en compte l’évolution de la situation initiale des populations nicheuses. Il nécessite d’être organisé en amont et doit faire l’objet d’une concertation ;
- la création d’un habitat de substitution avec, par exemple, la reconstitution d’un réseau de haies, la création d’une réserve foncière à l’écart du parc éolien pour le maintien de jachères à faune sauvage, etc. De telles mesures doivent être en relation avec des impacts résiduels importants identifiés et n’être proposées que lorsque tous les efforts pour supprimer et réduire les impacts ont été faits.
Les suivis post implantation ciblés, des actions de protection des nichées de busards, la sensibilisation des agriculteurs, l’encouragement à la plantation de haies peuvent par exemple constituer des mesures d’accompagnement.
L’éclairage des mâts des éoliennes (hors balisage lumineux obligatoire) pour avertir les oiseaux est à proscrire, dans la mesure où les sources lumineuses ont généralement des effets pervers. Par temps de brume et de brouillard, elles attirent les oiseaux et augmentent ainsi le risque de collision (des cas de collisions massives ont été relevés). De même, le balisage de lignes électriques extérieures au parc éolien est susceptible de représenter un obstacle cumulé.