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Elections présidentielles - Nucléaire : La question demeure indéfinie ???

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z-machineElections présidentielles - Nucléaire : La question demeure indéfinie ???

Alors que les échéances présidentielles françaises de 2012 approchent, et que de nombreux débats tintent le périple médiatique, celui du nucléaire reste entièrement posé.

Toujours accaparé par ceux des ‘pour’ et ceux des ‘contre’, un débat totalement stérile puisqu’aucune argumentation sérieuse n’est apportée à la lumière de l’opinion, comme deux aimants que tout oppose mais qui bien au contraire s’attire, à ce sujet, le blog de l’habitat durable avait d’ailleurs publié l’article suivant, «  Peut-on se passer du nucléaire en France … ? » ?

Cette monopolisation entraine un débat de forme sans arborer un véritable raisonnement sur le devenir du nucléaire en France et dans le monde et les enjeux énergétiques qui en découlent …

Pourtant en cette année d’élections, l’avenir du nucléaire doit permettre de se convier dans le débat politique de façon précise, celui qui fixe les facteurs d’influence de la perception de l’énergie nucléaire à travers ses aspects économiques et environnementaux. Fukushima, étant présent dans les esprits, a apporté une vision troublée et les nombreuses questions demeurent actuellement sans réponses ; Le nucléaire est-il vraiment moins coûteux ? Le nucléaire salit-il l’environnement et menace-t-il notre santé ? Le nucléaire est-il risqué ? Les Français veulent peser les réponses à ces trois questions pour évaluer la place du nucléaire dans le mix énergétique.

Avant l’accident de Fukushima, la réflexion portée sur la sûreté des installations, qui n’était pas jusque maintenant primordiale pour les Français, l’est d’autant plus à l’aube des échéances de 2012… Mais outre cette question, celle de l’évaluation du coût économique de la filière comparé à ceux des autres moyens de production d’électricité, ainsi que des réflexions conséquentes aux impacts environnementaux et sanitaires du nucléaire en matière de transparence. Le débat de fond doit être entrepris avec toutes les connaissances et donnant le droit de l’accès aux éléments techniques et scientifiques dont disposent les experts… 

Alors approfondissons ce qui semble peut-être l’un des enjeux fondamentaux pour notre avenir et celui de nos enfants ! Produire de l’énergie par de l’énergie !

De tout temps, l’énergie a joué un rôle majeur dans le développement humain et économique ainsi que dans le bien-être de la société. Par exemple, le bois de chauffage est utilisé depuis la nuit des temps pour faire du feu, tandis que les premières civilisations utilisaient déjà le vent pour naviguer en mer.

Au fil de l’extension des villes, les besoins en énergie se sont accentués. L’homme a commencé à surexploiter les forêts, au point de provoquer des pénuries de bois dans certaines régions. Aussi est-il devenu nécessaire de gérer l’offre et la demande de bois.

En ce qui concerne le vent, la situation est tout autre. Les bateaux à voiles en disposent gratuitement, comme les meuniers pour moudre le grain dans leurs moulins. C’est l’apparition des premières turbines à vent qui a incité les entreprises à mesurer la production de la force éolienne, c’est-à-dire l’électricité ainsi générée, plutôt que le vent lui-même.

Sans la chaleur et l’électricité issues de la combustion, l’activité économique serait limitée et entravée. Les sociétés modernes utilisent de plus en plus d’énergie pour l’industrie, les services, les habitations et le transport. C’est particulièrement vrai pour le pétrole, qui est aujourd’hui le produit le plus commercialisé. Qui plus est, la croissance économique est partiellement liée à son prix.

Néanmoins, ni le pétrole ni les autres combustibles fossiles, tels que le charbon et le gaz naturel, ne sont inépuisables. L’effet combiné de la demande croissante et de l’épuisement des ressources impose une surveillance étroite de la situation énergétique. D’autres raisons rendent nécessaire une connaissance approfondie de l’offre et de la demande d’énergie, notamment la dépendance à l’égard de l’énergie, la sécurité et l’efficacité ainsi que les préoccupations environnementales.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est précisément lorsque de plus en plus d’énergie est produite, commercialisée, transformée et consommée, lorsque la dépendance vis-à-vis d’elle s’accroît et lorsque les émissions de gaz à effet de serre figurent en tête des priorités internationales qu’il devient de plus en plus difficile de fournir un panorama fiable et ponctuel de la situation énergétique dans de nombreux pays.

Alors que la production mondiale est assurée en majorité par le charbon (40% en 2010) et le gaz naturel (22%), les énergies renouvelables arrivent juste ensuite (18%), nettement devant le nucléaire (13%). La combinaison de cette valeur avec celle de la part de l’électricité dans la consommation énergétique finale mondiale (17%) nous indique que la contribution du nucléaire à la consommation énergétique mondiale est donc de 2,2%.

Le modèle français de production d’électricité repose, pour un peu plus des trois-quarts, sur l’outil électronucléaire. Le choix de cette énergie s’est confirmé tout au long de la Ve République et s’est étendu dans la durée en fonction de la croissance de la consommation électrique tirée par une démographie et une économie orientées à la hausse. Cette hausse importante de la production nucléaire passant de 10 TWh en 1973 à plus de 400 TWh traduit celle de la consommation électrique qui s’est accrue deux fois plus vite que la consommation d’énergie, en passant d’un peu plus de 150TWh au début des années 1970 à près de 500 TWh aujourd’hui et s’est accompagnée en même temps d’une baisse de la production thermique classique, le nucléaire a donc remplacé le fioul pour la production électrique.

Réduire les consommations énergétiques reste l’enjeu principal d’ailleurs, la lutte contre le changement climatique et la sécurité d’approvisionnement constituent plus que jamais deux objectifs fondamentaux. En effet, les prix de l’énergie, déterminés par l’équilibre entre une offre qui se raréfie - le pic pétrolier s’est, selon l’AIE, produit en 2006 -, une forte demande des pays émergents et le nécessaire renforcement de la sûreté nucléaire, s’orientent définitivement à la hausse.

Dans un tel contexte, les pays industrialisés et les pays émergents devront adopter des objectifs de court terme et les moyens adaptés. La vision court-terme de notre devenir énergétique se dessine bien en Europe avec le « Paquet Energie 3x20 », les 20 % d’économie d’énergie et les 23 % d’EnR pour la France (Grenelle de l’Environnement).

L’accident de Fukushima rebat les cartes du mix énergétique mondial et doit conduire au renforcement de la part des énergies renouvelables. Mais aussi, la recherche scientifique peut permettre d’insérer de nouvelles technologies pour un nucléaire vert.

Un nucléaire de conception militaire et non civil, revenir sur l’article «  Peut-on se passer du nucléaire en France … ? » qui pose là la question de la sûreté des centrales françaises. Et notamment de leur durée de vie ?

La catastrophe qui a frappé la centrale de Fukushima Dai-ichi au Japon le 11 mars 2011 a définitivement démontré qu’un scénario d’accident jugé jusque là trop improbable pouvait se réaliser. Pour répondre aux défaillances multiples et sans précédent de la sûreté nucléaire ainsi mises en évidence, le Gouvernement français a engagé très vite une démarche d’évaluation complémentaire de la sûreté (ECS) des principales installations nucléaires. Les rapports ECS des exploitants ont été publiés en septembre 2011 et leur analyse par l’IRSN a été publiée en novembre 2011. Ces mesures de transparence inédites, accompagnées d’une concertation dans les instances nationales et locales concernées, ouvrent la voie à une expertise plus approfondie.

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Un rapport établi par des experts indépendants dresse une analyse critique de la démarche conduite à travers les ECS, depuis leur cahier des charges jusqu’aux conclusions de l’IRSN, en s’appuyant notamment sur l’analyse menée par EDF sur les trois sites de Gravelines, Civaux et Flamanville couvrant les différents paliers du parc de réacteurs ainsi que le projet de réacteur EPR en construction, et sur l’analyse menée par Areva pour les usines de retraitement de La Hague.

Les rapports ECS étudiés présentent des points forts qu’il est important de souligner. Pour la première fois, des hypothèses écartées à la conception et dans la conduite des installations sont envisagées et leurs conséquences examinées. Conformément au cahier des charges, ils étudient de façon systématique les scénarios d’accident grave qui pourraient être déclenchés par un séisme et/ou l’inondation, y compris dépassant le dimensionnement des installations, ainsi que l’ensemble des situations pouvant découler d’une perte des alimentations électriques et/ou des sources de refroidissement. Enfin, les dispositifs qui devraient être mis en place pour prévenir des rejets radioactifs importants sont décrits en détail, et des propositions de dispositifs de renforcement sont introduites. Par conséquent, les documents ECS fournissent un premier éclairage important sur la sûreté nucléaire en France et les mesures qui pourraient être nécessaires pour réduire les risques d’accidents graves telles qu’on doit les envisager après Fukushima.

Principales conclusions :

Le rapport commandité par pour Greenpeace France analyse des évaluations complémentaires de sûreté confirme, au-delà des conclusions tirées dans leurs rapports par les exploitants, qu’à la lumière de Fukushima plusieurs scénarios d’accident majeur doivent être considérés comme plausibles :

• pour les 58 réacteurs en exploitation d’EDF, quelque soit le palier considéré : - un accident de fusion du cœur peut conduire à une rupture brutale de l’enceinte (fuite

atmosphérique majeure) et/ou un percement du radier (contamination des eaux), - un accident de vidange de piscine d’entreposage peut conduire à un feu du combustible et à des

rejets très importants faute d’enceinte de confinement de ce bâtiment ;

• pour le projet de réacteur EPR, les mêmes risques ne peuvent pas être totalement écartés ;

• pour les usines de retraitement de La Hague, un accident majeur peut se produire sur une piscine de combustible ou sur un stockage de déchets liquides hautement radioactifs.

Les rapports ECS constituent un bon point de départ pour envisager le renforcement de la sûreté des installations vis-à-vis de ces scénarios, mais ils présentent en l’état trop de limites et de lacunes pour fonder des décisions définitives.

À l’examen, le cahier des charges très limité et son interprétation par les exploitants ont en effet conduit à des faiblesses importantes dans les ECS :

1. Une réserve générale doit être posée sur les conclusions apportées par les exploitants, du fait d’une part des limites dans l’analyse de l’état réel des installations, et d’autre part que les démonstrations présentées n’ont dans l’ensemble pas pu s’appuyer sur de nouvelles études. De nombreuses conclusions reposent ainsi sur la justification par les « jugements d’experts » et la confiance des ingénieurs dans la qualité de la conception et de la construction des installations ;

2. Le tableau des déclencheurs et aggravations possibles de situations accidentelles n’est pas complet et les situations étudiées dans les ECS ne sont donc pas « enveloppe » des scénarios d’accident. Les éléments suivants manquent ou ne sont pas suffisamment développés dans les ECS : a) les scénarios découlant de défaillances matérielles sur les équipements des installations, d’erreurs

humaines et d’actes de malveillance, b) les défaillances et agressions secondaires pouvant résulter d’un séisme et/ou une inondation et d’une perte d’alimentation électrique et/ou de refroidissement, notamment : (i) ruptures dans les circuits primaire et secondaire de refroidissement des réacteurs, (ii) chutes de charge (y compris d’un assemblage de combustible usé lors de son transfert ou d’un château de transport du combustible), (iii) incendies et (iv) explosions, y compris les explosions d’hydrogène dans les réacteurs et les explosions chimiques de « red oil » à La Hague.

3. Des facteurs susceptibles de rendre plus difficiles la gestion d’un accident, notamment la contamination sur le site due à la défaillance d’installations secondaires non-classées ne sont pas pris en compte. La contamination du site s’est révélée être un facteur important dans les difficultés auxquelles les autorités et le personnel se sont heurtés pour gérer l’accident de Fukushima. Celui-ci a aussi démontré que la contamination hors site peut compliquer la mobilisation des secours extérieurs et détourner les ressources, comme le personnel de protection. À ce titre, la réflexion menée dans le cadre des ECS doit conduire à une réévaluation des scénarios pour la planification de la gestion des conséquences immédiates de l’accident hors site et la gestion post-accidentelle à plus long terme.

4. Plusieurs questions génériques importantes ne sont pas examinées, dont :

a) les limites imposées par les choix non ou difficilement réversibles de conception, telles que le dimensionnement des enceintes des réacteurs ou celui des piscines d’entreposage du combustible sur les sites des centrales et à La Hague ;

b) le rôle que le vieillissement joue dans l’aggravation des conséquences des accidents. Les ECS sont basées sur un état théorique des installations mi-2011 et ne prennent pas en compte le vieillissement, qui augmente le risque de défaillance des dispositifs de sûreté et celui de rupture d’éléments matériels, y compris non remplaçables (cuve et enceinte des réacteurs).

5. En général, les propositions développées autour de l’idée de « noyau dur » pour l’alimentation électrique et le refroidissement, et du renforcement des moyens de gestion de crise répondent par l’aval sans réduire en amont le potentiel de danger. Il manque par exemple dans les ECS :

a) une réflexion sur des facteurs de risques tels que l’utilisation de gaines de combustible en zirconium. Le zirconium joue un rôle central dans les accidents de fusion et dans la production d’hydrogène lors de ces types d’accidents, comme cela s’est produit à Three Mile Island et à Fukushima, mais la possibilité de recourir à des matériaux alternatifs n'est pas abordée ;

b) une évaluation du facteur aggravant que constitue l’utilisation du combustible MOX ou du risque que génère l’entreposage concentré de grandes quantités de combustible, dont une part importante de MOX, à La Hague.

Les documents ECS devraient être révisés selon un cahier des charges plus complet, qui inclut les agressions internes et externes, et la gestion des crises prenant en compte la contamination sur site et hors site. Les analyses présentées devraient également mieux identifier les marges d’incertitude pesant sur les conclusions et les moyens et délais envisagés pour les réduire. En outre, les ECS devraient prendre en compte l’état actuel des installations.

Élargir le cercle de l’expertise de ces dossiers nous semble nécessaire et constitue à terme un moyen de faire émerger et de mettre en débat une approche plus complète pour définir des nouvelles exigences de sûreté et leurs conditions de mise en œuvre. À ce titre, un processus de recensement systématique et de suivi des différents approfondissements et prolongements de la démarche ECS devrait être mis en place, et des revues indépendantes devraient être prévues aux étapes les plus critiques. Ce processus devrait en particulier couvrir la réalisation des améliorations des ECS recommandées ci-après.

Les scénarios d’accident pour les réacteurs : les rapports ECS d’EDF montrent des limites importantes dans l’étude des scénarios considérés. Outre les limites fixées par le champ et le cahier des charges des ECS, EDF écarte systématiquement toute hypothèse d’aggravation des scénarios par des agressions induites par le déroulement de l’accident. De plus, EDF écarte pour les réacteurs l’ensemble des phénomènes les plus redoutés de rupture de l’enceinte par explosion ou percement du radier pour ne retenir que le cas le moins pénalisant d’une montée en pression lente et d’une dépressurisation de l’enceinte. Enfin, EDF ne retient pour les piscines qu’une situation d’échauffement sans vidange qui ne conduit pas à un accident grave, alors que différentes hypothèses pouvant engendrer une vidange et conduire à des conséquences plus sérieuses doivent être envisagées.

Le zircaloy: la gaine des crayons de combustible est faite d’un alliage, le zircaloy, composé principalement de zirconium. Le découvrement du combustible suite à une perte du refroidissement de la cuve déclenche une série de phénomènes qui entraîne la fusion du cœur. Le zircaloy joue un rôle central dans le déroulement de ces événements ainsi que dans la production d’hydrogène et le risque d’explosion. Cependant aucun document ECS n’envisage les possibilités pour remplacer le zirconium comme matériau de gainage du combustible.

Le combustible MOX : vingt-deux réacteurs, tous 900 MWe sont autorisés à utiliser, et vingt-et-un utilisent effectivement un combustible mixte de dioxyde de plutonium et d’uranium (MOX) jusqu’à 30 % du cœur du réacteur. Le combustible MOX pose un ensemble de problèmes de sûreté lors d’un accident, et l’entreposage du combustible usé MOX est plus compliqué de part sa charge thermique plus grande. Les conséquences de la fusion du cœur chargé en combustible MOX ou d’incendies de combustible usé MOX pourraient aussi être beaucoup plus graves que celles avec du combustible de dioxyde d’uranium (UOX). Les documents ECS ne prennent pas compte de ces différences. Cette problématique est importante pour tous les réacteurs chargés en MOX, mais encore plus pour le site de Gravelines, où six réacteurs sont autorisés à utiliser du MOX et cinq d’entre eux l’utilisent. Cette situation est également importante pour La Hague, où au moins 900 tonnes de MOX, principalement du combustible usé, sont entreposées. Cela représente plus que le MOX engagé ou entreposé dans l’ensemble des sites utilisant le combustible MOX. Bien que la charge thermique du combustible MOX usé entreposé sur les sites des réacteurs soit trop grande pour être entreposé à sec, la plupart du MOX à La Hague pourrait être entreposée de cette façon. L’entreposage à sec présente globalement une meilleure sûreté que l’entreposage en piscine.

La conception et le dimensionnement des réacteurs: les choix de conception et de dimensionnement qui ont été retenus lors de la construction des différentes installations ont un rôle déterminant sur leur capacité à résister aux scénarios non envisagés à l’époque considérés dans les ECS. Par exemple :

a) Des différences ont été introduites entre les différents paliers du parc de réacteurs d’EDF. Les réacteurs 1 300 et 1 450 MWe ont une double paroi de béton respectivement précontraint et armé alors que les réacteurs 900 MWe ont une simple paroi en béton armé dont la surface intérieure est recouverte d’une peau métallique destinée à assurer l’étanchéité. La double paroi a été conçue notamment pour mieux résister aux agressions externes. Par contre, l’absence de peau métallique intérieure est susceptible de les rendre plus vulnérable aux agressions internes telles qu’une explosion d’hydrogène. EDF n’a pas examiné les conséquences en termes de robustesse de ce type de différences dans le dimensionnement des paliers du parc français.

b) Les piscines d’entreposage du combustible usé n’ont pas été conçues et ne sont pas traitées avec le même degré de préoccupation vis-à-vis de la sûreté que les réacteurs, car durant les premières décennies de l’énergie nucléaire, seuls les accidents de réacteurs étaient considérés comme importants. Par conséquent, les piscines et les bâtiments combustibles ne sont pas dimensionnés au même niveau que les enceintes de confinement des réacteurs et n’offrent donc pas le même degré de résistance aux agressions externes ou internes. Fukushima a clairement démontré les risques associés aux piscines de combustible usé. De plus, la quantité des radionucléides à vie longue du combustible en piscine, notamment l’inventaire du césium137 (le principal contaminant à vie longue après Tchernobyl et Fukushima) à La Hague est beaucoup plus important que dans n’importe quel réacteur. Face à cette situation, il convient à la fois de réfléchir au renforcement et d’adapter les méthodes de gestion.

Les écarts de conformité et le vieillissement : l’existence d’écarts entre le référentiel des installations sur lequel est basée l’évaluation de sûreté et leur état réel induit un risque important qui ne peut être réduit qu’en améliorant la connaissance détaillée des écarts pour les traiter d’une part, et en prenant en compte la possibilité d’écarts non détectés d’autre part.

De plus, le vieillissement et l’usure des différents dispositifs participant à la sûreté réduisent régulièrement les marges de sûreté réputées acquises à la conception et à la construction. À ce titre, il convient de rappeler que les réacteurs ont été conçus pour fonctionner au moins 30 ans mais pas plus de 40 ans. Or le vieillissement fragilise notamment des éléments non remplaçables et abaisse leur seuil de rupture aux chocs thermiques ou mécaniques, réduisant les marges de sûreté. Aucun renforcement ne semble à même de repousser les limites imposées par le vieillissement. Ainsi certaines enceintes des 1 300 MWe et 1 450 MWe apparaissent déjà dégradées, tandis que pour les cuves de plusieurs réacteurs de 900 MWe les marges estimées vis-à-vis du risque de rupture apparaissent parfois insuffisantes avant 40 ans. Par ailleurs, l’usure continue de l’ensemble des équipements crée un risque diffus et croissant avec le temps de défaillance de la sûreté.

Le réacteur EPR : Le projet de réacteur EPR en cours de construction à Flamanville a été conçu dès l’origine pour mieux résister aux agressions diverses et réduire à la fois la probabilité et les conséquences de scénarios d’accidents graves. Toutefois, sa conception doit être confrontée au retour d’expérience de Fukushima. Des premiers éléments de discussion sont apparus sur l’implantation vulnérable à l’inondation de ses diesels de secours, sur la protection de sa salle de commande contre un accident du cœur ou sur le degré de sûreté de sa piscine d’entreposage. En amont de cette discussion, il faut rappeler que la démonstration générique de la sûreté de l’EPR n’est pas achevée sur des points aussi cruciaux que son système de contrôle commande ou son dispositif innovant de récupérateur de corium. Par ailleurs, le chantier de construction a été affecté par de nombreux problèmes entraînant d’importantes non conformités.

Les usines de retraitement de La Hague : Mis à part le combustible usé stocké sur site, La Hague dispose d’un vaste inventaire de déchets liquides hautement radioactifs qui doivent être refroidis. La perte totale du refroidissement pendant plusieurs jours pourrait entraîner une explosion avec possibilité de dispersion de contamination sur une vaste étendue. En 1957, l’explosion d’une cuve contenant des déchets de retraitement en Union Soviétique a entraîné une contamination qui perdure des sols d’une vaste région. Les autorités norvégiennes en matière de radioprotection ont estimé

Sellafield, au nord-ouest de l’Angleterre, pourrait produire une contamination au césium-137 correspondant à un dixième au moins et jusqu’à cinquante fois des retombées de l’accident de Tchernobyl en Norvège.

Par ailleurs, de « l’huile rouge » (ou « red oil ») est formée quand un mélange de produits chimiques organiques entre en contact avec de l’acide à des températures élevées. Le contrôle du flux des matières et de la température, ainsi que la capacité d’effectuer des mesures sont importantes pour éviter les explosions de red oil. Dans le passé, plusieurs se sont produites aux États-Unis, et plus récemment en Russie en 1993, lorsqu’une partie d’un bâtiment de retraitement a été détruite par la force de l’explosion. L’IRSN a publié un document technique sur ces sujets en 2008. Pourtant, Areva n’a pas examiné le problème des explosions de red oil dans le cadre de l’ECS post-Fukushima, c’est-à-dire dans le contexte de perte totale de refroidissement et/ou de l’alimentation électrique.

Ce rapport démontre bien la réelle dangerosité d’une telle technologie qui rappelons-le provient à l’origine d’une technologie militaire.

La sûreté nucléaire ne peut s’envisager sans une recherche permanente de perfectionnement, aussi bien sur le plan de la résilience des installations que sur celui des conditions de leur exploitation ou encore de la transparence de cette activité vis-à-vis du public. Hors l’accident de Fukushima rappelle qu’une catastrophe d’une telle ampleur remet en toute cause la maîtrise et l’organisation même rigoureuse sur la gestion du nucléaire.

L’histoire du nucléaire montre que la taille de tous les premiers réacteurs était inférieure à celle des réacteurs que l’on déploie aujourd’hui. Comme la tendance générale a toujours été de passer à une échelle supérieure (qui permet d’obtenir des coûts spécifiques inférieurs en raison des économies d’échelle), les centrales nucléaires que l’on installe aujourd’hui sont équipées de réacteurs d’une puissance située entre 1 000 et 1 600 MWe.

Alors quid de la conception des réacteurs qui sont la cause principale du facteur risque ? Etrangement, personne à travers les analyses médiatiques ne rappelle qu’il y a une quarantaine d’années, les responsables ont, entre autres raisons, porté leur choix sur les réacteurs à eau pressurisée dont le circuit primaire est entièrement placé dans l’enceinte de confinement, la turbine étant placée à l’extérieur de l’enceinte et alimentée par un circuit secondaire non radioactif, plutôt que les réacteurs à eau bouillante n’ayant qu’un circuit, le circuit vapeur (radioactif), alimentant la turbine et sortant de l’enceinte (cas des réacteurs de Fukushima). Même si certains dispositifs ont été installés sur les sites français, non pourvus sur les réacteurs de Fukushima comme l’équipement de turbines passives, ou filtres à sable, les réacteurs ERP demeurent très complexes.

Enfin, le coût de la filière électronucléaire demeure un sujet d’importance puisque la France est à l’aube d’une prise de décision qui va impacter les prochaines décennies en raison d’un renouvellement ou non de près de 22 réacteurs dans pas moins de 10 ans puisque en 2022 ces réacteurs atteindront 40 ans de fonctionnement. Et donc par hypothèse d’une durée de vie de 40 ans, le remplacement des réacteurs du parc impliquerait un surcoût d’investissement important. Il faut donc un effort considérable d’investissement équivalent à la construction de ces 11 EPR d’ici la fin de 2022 et de génération 4 dont personne ne connaît encore aujourd’hui ni le dessin ni la faisabilité, ni les risques, ni le coût. !!!!

La mise en œuvre d’un tel programme d’investissement à court terme paraît très peu probable, voire impossible, y compris pour des considérations industrielles.

L’absence de décision, ou une décision motivée pour le pour ou le contre entraineront de préjudices sérieux pour l’avenir du pays. Car quel que soit cette prise de décision, c’est bien le coût moyen de production qui augmentera et générera d’autant plus de précarité.

Superphénix


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