« Jardins des délices, jardins des délires » Festival International des Jardins 2012 - Domaine de
Chaumont-sur-Loire
Pour son 20ème anniversaire, le Festival International des Jardins embrasse une thématique haute en couleurs : Jardins des délices, jardins des délires.
Convoquant l’art, la littérature, mais aussi la gastronomie, cette édition se tourne résolument vers la fantaisie.
Haut lieu d’harmonie et de fertilité, symboliquement lié à l’Eden et aux paysages idylliques de l’Arcadie, le jardin est traditionnellement le lieu du bonheur, de l’euphorie, de la félicité, de
l’épanouissement de tous les sens. En référence à cette tradition, le jardin de l’édition 2012 sera idéalement un jardin des délices. Mais il sera encore le jardin des délires et de l’audace : le
lieu de l’imagination sans limites, de la luxuriance végétale, de l’extravagance botanique, provoquant la surprise et le merveilleux, parfois même le fantastique.
Puisant aux sources d’un imaginaire d’aujourd’hui et de ses pouvoirs techniques et magiques, l’édition 2012 ira de découvertes en inventions. De jardins en jardins, on y rencontrera de véritables
cabinets de curiosités, jouant sur l’accumulation, sur les surprises de tous ordres : visuelles, hydrauliques, olfactives... Ses maîtres mots, l’inattendu, l’abondance, l’émerveillement en
recèlent toutes les promesses.
Topiaires extraordinaires, fabriques et folies contemporaines, féeries vertes, jungles de poche, jeux d’eau, plantes prodigieuses, excentricités botaniques, légumes ou fruits phénoménaux, les
jardins 2012 iront voir de l’autre côté du miroir. Extravaguant ainsi, jardinant l’inconscient, donnant à la raison les raisons de se perdre, de cœur battant en herbes folles, visitant dans
l’histoire les jardins fabuleux, jardins de plumes, de couleurs et de chansons, les lauréats du Festival 2012 sauront enchanter, surprendre, étonner, faire rêver.
Faisant preuve de recherche, d’innovation scientifique et artistique, veillant à une très grande diversité végétale et incitant au respect de l’environnement, les équipes de créateurs proposent
des jardins originaux, novateurs, audacieux et oniriques. Tout en eux veut conduire au plaisir et à la quintessence des principales beautés de l’univers.
Tel est l’objectif des jardins 2012 de Chaumont-sur-Loire : délires délicieux, délices délirants.
En 2012, le Festival International des Jardins fête son 20ème anniversaire. Depuis 1992, le Festival International des Jardins constitue un panorama
étonnant de l’état de la création paysagère et jardiniste dans le monde. En 21 saisons, près de 500 jardins originaux ont été créés, prototypes des jardins de demain.
A la fois mine d’idées et pépinière de talents, ce rendez-vous incontournable donne un éclairage dynamique sur l’art des jardins et intéresse le public et la profession en présentant de nouveaux
végétaux, de nouveaux matériaux, des idées et des approches novatrices. La diversité, la créativité et la qualité des propositions des concepteurs ont contribué à établir la réputation mondiale
du Festival, devenu un rendez-vous à ne pas manquer pour la découverte des projets d’une nouvelle génération de paysagistes, d’architectes, de scénographes ou de jardiniers...
Pour ses 20 ans (1992-2012), d’avril à octobre 2012, le Festival International des Jardins promet une édition haute en couleurs, dont la présidence du jury a été, cette année encore, confiée à
une personnalité de renom : le grand chef Alain Passard.
A côté du Festival, le vallon des brumes, le potager biologique expérimental et tous les jardins permanents du Parc et de la Ferme proposent au public des jardins inventifs et foisonnants
évoluant au fil des saisons.
Les jardins du Festival
« Coulisses d’un festin »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-1]()
Etienne RIVIERE et Marion DELAGE, plasticiens, Aline GAYOU, paysagiste DPLG, Mathilde COINEAU, étudiante, Pauline BERTIN, architecte et Laura YORO, costumière France
Folie potagère, ivresse légumière, overdose sucrée : entrez dans le jardin de la fée, pour partager un moment de délice dans son potager magique ! Entre ses mains, la simple fleur ornementale se
fait délirante, la comestible devient extravagante, le légume rare bavard. Car il s’agit-là d’un univers pavé de plantes à contremploi et de remises au goût du jour. Les légumes classiques
affichent des dimensions folles, les variétés oubliées retrouvent de leur superbe.
A l’entrée, le tunnel végétal, tapissé de grimpantes (haricots et concombres, passiflore et chèvrefeuille) donne le ton. Le cœur fleuri de ce jardin est gardé par une fée en tablier ! Ici
s’épanouit l’extravagance : artichauts et poireaux géants, citrouilles magiques, blettes et folles calebasses, insoupçonnables poire de terre et céleri rave, le tout ombragé par
d’invraisemblables choux palmiers. Grandeur et folie des sens s’expriment aussi dans les sucrés : melon gourmand, courge sucrine, amour en cage, fraisiers et groseilliers.
Folie des mélanges, déraison gourmande : derrière un mur de bocaux, multicolores et intrigants, se trouve la clé des alliances ! Confitures de capucines, gâteau de courges, chou à la coco,
haricots en crinoline ne sont plus de pures folies ! Car ici vit l’arbre aux recettes. Décalées, oubliées, audacieuses, les compositions imaginées par des chefs passionnés sont suspendues dans le
feuillage de ce roi végétal. Chacun peut s’en emparer, plagier, détourner, recopier ces idées, suivant ses propres délires et colportant en tous lieux la folie végétale sans limite !
« Le jardin bleu » The smoke blue garden
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-2]()
Jérôme HOUADEC, artiste scénographe et Christian HOUADEC, paysagiste France
« La chenille et Alice se considérèrent un instant en silence. Enfin, la chenille sorti le houka de sa bouche, et lui adressa la parole, d’une voix endormie et traînante. « Qui êtes-vous ? »*.
S’il est un monde délirant, exubérant et halluciné, c’est sans nul doute c’est celui de Lewis Carroll. De l’autre côté du Miroir, c’est un univers où règne le non-sens, un pays peuplé d’étranges
personnages... Et si nous suivions Alice, sur un chemin nébuleux, à travers la forêt enfumée ? Dans le gris bleuté quasi monochrome, parfumé d’un entêtant Eucalyptus Gunnii, est-ce la folie qui
nous guette ? Où est-elle bien là, la fameuse chenille ? Fière, juchée sur son champignon, fumant ces idées sans queue ni tête qui nous contaminent jusqu’à la déraison.
Vaporeuse, caractérielle, mais aussi énigmatique et onirique, Absolem la piquante, navigue entre divagations et délires sémantiques. Entre rêve et réalité, l’étrange insecte à la morphologie
éphémère trône en ce jardin. Et, pour qui passe de l’autre côté du miroir, l’envers de son décor de fils révèle la magique métamorphose...
*(Tiré de « Alice au Pays des Merveilles », Lewis Carroll, 1869)
« Lèche - vitrine »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-3]()
ATELIERRURALTACTIKS- NicolasEPAILLARDet Benjamin JARDEL, architectes et YOHIMBE PAYSAGISTE - Julien MASSÉ, paysagiste France
Un hymne à la tentation ! Ce jardin défierait-il les lois du désir et de la frustration ? L’abondance, la profusion, le luxe de l’excès : tout y attise notre convoitise. La parcelle, généreuse,
offerte et flamboyante, regorge de fleurs, de plantes et de fruits tous plus séduisants les uns que les autres. Des délices, des milliers de délices, lumineux et rouges, symboles de désir et de
la passion. Mais inaccessibles. Car l’abondance et le rêve se goûtent avec les yeux.
Un cadre métallique nous tient à distance du jardin. Des failles entaillent pourtant l’obstacle et l’on veut croire qu’elles permettraient d’approcher ce trésor de plus près... mais le bonheur
reste inaccessible : les orifices, trop étroits, interdisent bel et bien l’accès. Et l’Eden tentateur demeure impénétrable. Folie passagère, démence, psychose, si près du plaisir sans jamais
l’atteindre... Et si le cadre se refermait sur le visiteur, pour l’emprisonner ; se révélant être une cage ?! Le principe est alors cruellement inversé : les délices tentateurs sont en pleine
liberté, et c’est le spectateur qui est emprisonné ! La frustration multiplie le désir mais elle nous paralyse, comme le désir inassouvi colporté par ces mille vitrines et belles images qui
peuplent notre quotidien.
« Le potager »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-4]()
BUREAU D’ETUDES DE GALLY - Etienne BERTRAND, architecte- paysagiste et urbaniste, Amélie FONTANA, scénographe et décoratrice végétal, Mathilde MONTASTIER, concepteur du Paysage, Vincent ZORZI,
Christophe BOUTAVANT, Mathieu JACOBS, designer végétal, Erwan SIMON, Quentin METAYER, Eric GATEBOIS et Marie-Pierre MOUILLARD France
Malgré les apparences, ceci n’est pas un potager. Entrer dans ce jardin, c’est d’abord se croire dans une cour au décor minéral. Des vapeurs d’eau émanent du sol, et l’on croirait marcher dans
les tréfonds d’une marmite bouillonnante. Des demi-sphères, végétalisées, évoquent de grosses bulles éclatant à la surface de cette grande soupe. Menthe poivrée, menthe verte, menthe douce
envahissent les espaces, et distillent leur parfum.
Achevant ce parcours, les narines étourdies et l’esprit aiguisé, le curieux se retourne pour un dernier coup d’œil... et c’est là qu’apparaît le secret du jardin ! Les jeux de perspectives, de
formes et de matériaux opèrent alors un renversement total pour ce jardin trompe-l’œil, qui nous révèle une surprise extraordinaire !
« Liberté, Égalité, Fraternité »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-5]()
Sim FLEMONS et John WARLAND, paysagistes Royaume-Uni
« Une révolution, c’est une idée qui a trouvé ses baïonnettes » Napoléon Bonaparte
Après des années de soulèvements, la communauté des nains de jardin ne peut plus supporter son extermination. Arrachés à leur tranquille existence souterraine, marginalisés par la société
horticole traditionnelle, dérobés par des fronts de libération mal inspirés et moqués par des jardiniers élitistes, ils engagent la révolte.
Les nains de jardin mènent leur propre révolte, en quête de liberté, d’égalité et de fraternité.
Leurs revendications sont simples : - Tous les nains de jardin ont leur propre beauté - Tous les nains de jardin remplissent un rôle esthétique utile dans la société horticole - Tous les nains de
jardin ont droit à la quiétude d’un logis souterrain - Les nains de jardin exigent la fin de leur soumission horticole contemporaine
« Hasta la victoria siempre! »
« Un jardin psyché-délice »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-6]()
Christophe BAERWANGER, architecte-paysagiste, Léa DUFOUR, paysagiste concepteur, Richard MARIOTTE, étudiant en architecture du paysage Sara MOREAU, architecte DPLG et Charles CLÉMENT,
collaborateur d’architecte France
Il était une fois une enfant très sage qui s’appelait Olympe. Comme on venait de lui annoncer qu’elle allait rentrer dans les Ordres, dévorée par la peur, elle s’enfonça dans un merveilleux
jardin et finit par s’abriter dans une énorme et délicieuse pâtisserie. Elle s’y endormit aussitôt et rêva qu’elle était mangée de l’intérieur.
Les années passèrent... Olympe fut enfin réveillée par un rayon de soleil à son zénith. Sa faim de vivre avait grandi avec elle, autant que son refus de se plier aux règles qu’on voulait lui
imposer. Elle s’enfonça alors un peu plus loin dans le jardin, jusqu’à une étrange île flottante. Sous un parasol démesuré, se trouvait une coupe remplie d’un étrange élixir... La jeune fille ne
résista pas longtemps à la tentation. Enivrée, elle s’allongea, s’assoupit, et reprit son rêve là où elle l’avait laissé. Olympe se réveilla, alors que le soleil commençait à disparaître.
Désormais elle n’avait plus peur de l’avenir, au contraire.
Poursuivant son chemin, elle quitta l’île et atterrit dans une clairière délirante. Elle y cueillit la pomme d’amour et croqua la vie qui s’offrait désormais à elle. Lorsque Olympe sortit de son
délire, la lune était pleine. C’est alors qu’elle aperçut la sortie du jardin.
« Le jardin bijou »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-7]()
Loulou DE LA FALAISE, créatrice de bijoux France
Le Festival a souhaité conserver ce jardin, créé en 2011 par la créatrice Loulou de la Falaise en souvenir de son charme, de son élégance et sa débordante imagination.
Ce « Jardin Bijou » est un jardin précieux, dans toutes les acceptions du mot : il est à la fois emprunt de luxe et sophistiqué, mais demeure aussi un jardin fragile et délicat. Le jardin, ses
fleurs, ses fruits et les moments qu’on y passe sont inestimables.
Composé de plantes robustes et fleurissant jusqu’à l’automne, le « Jardin Bijou » a été conçu pour être admiré : ses rayures rappellent celles d’un tissu bayadère. En son cœur, le joyau repose
sur un tapis végétal à l’aspect moiré mettant en valeur ses fleurs aux couleurs ’améthyste, de lapis lazuli, de perles et de corail.
C’est aussi un jardin où l’on peut s’attarder : assis sur des bancs aux branches tortueuses et enveloppantes, à écouter l’eau bruissante et scintillante de la fontaine et des ruisseaux
étincelants.
« Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, et j’aime avec fureur Les choses où le son se mêle à la lumière. »
(« Les Bijoux », extrait « Les Fleurs du Mal », Charles Baudelaire)
« Le jardin de la Belle au Bois Dormant » Thornrose - a garden of thorny delights
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-8]()
URBAN ARMADA - Niels DE BRUIN, architecte-paysagiste et Nevena KRILLIC, architecte et TITAN HOMES Ltd Suède
Chargée de rêve et de merveilleux, l’histoire de la « Belle au Bois Dormant » est au cœur de ce jardin. « Thornrose » est le jardin des épineux délices. Flânant dans son château, la princesse
guidée par sa curiosité, se pique au rouet de la sorcière. Ensorcelée, la belle plonge dans un sommeil millénaire, dont seul un amour sincère et véritable pourra la sauver.
Le beau et le sublime, le plaisir et la souffrance se côtoient dans ce récit où s’incarnent tour à tour l’effrayante folie d’une sorcière et la superbe sérénité de milliers de rêves.
Suivez la princesse en son jardin. La forêt, les graviers, l’arbre mort sont autant d’obstacles jalonnant votre quête. Un large mur de roses, vous ouvre le chemin, vers un monde merveilleux et
tranchant, planté de végétaux fascinants et inquiétants.
« D’un monde à l’autre »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-9]()
YEWO LANDSCAPES - Dominik SCHEUCH et Edina MASSÀNY, architectes-paysagistes Autriche & Hongrie
L’ambivalence règne en ce jardin. L’inquiétant délire, obscur et fiévreux, laisse la place au pétillement d’un délice euphorique, avant d’ouvrir les portes du merveilleux. Initiatique, pour ainsi
dire, ce triptyque joue avec les émotions. Les paysages vierges et pittoresques sont confrontés à la confusion d’une inquiétante végétation ; tout oppose le clair et l’obscur, les délires et
délices. Le rêve côtoie le cauchemar.
Un chemin mène d’abord à la mélancolie sombre, au Monde du délire : l’obscurité enveloppante brouille les chemins dans un labyrinthe fait de caisses à vin en bois. L’humidité et la brume
s’immiscent, insistantes, suscitant une impression inhospitalière, dans un univers dur et irrationnel.
Le second chemin nous guide ensuite au Jardin des délices, le monde des plaisirs. Végétation luxuriante, couleurs vives et parfum d’euphorie y peuplent la douceur des paysages. C’est avec le
Jardin des merveilles que l’on goûte enfin au repos et à la sérénité. L’eau rassérénante y tient une place centrale et tout invite à la contemplation. L’imagination continue alors son chemin,
gardant ouvert l’esprit de l’Arcadie.
« Locus genii, le génie est partout »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-10]()
Cristina MAZZUCCHELLI, Alice STRADA, Alberto CALLARI, Eugenia GARAVAGLIA, Sandro DEGNI et Alessandro MUZZI Italie
La beauté et l’harmonie d’un jardin puisent leur source dans la capacité de son concepteur à révéler l’essence intime qui s’y cache. C’est le Genius loci. Mais ne pourrait-on risquer l’audace de
demander à ce génie s’il existe un endroit où il pourrait se déplacer librement, un lieu dans lequel il ne serait pas dérangé, un Locus genii ?
Cette idée extravagante est au cœur de ce jardin, inspiré un classique des Mille et une nuits. Prenez-vous donc pour Aladin et cédez au charme irrésistible de cette grotte. A l’intérieur
s’épanouissent des arbres extraordinaires, dont les fruits sont des pierres précieuses. Etourdi par tant de beauté, vous suivez le chemin qui vous mène jusqu’à la lampe du génie protecteur, celui
qui exaucera tous vos rêves. Mais là, quelle surprise : il n’y a pas une mais des dizaines de lampes magiques ! Car le génie, fatigué d’être confiné dans un espace étriqué, peut désormais passer
d’une lampe à l’autre, dans un joyeux fracas de nuages et de brumes.
Dans quelle lampe se trouve le génie? Inutile de le dire : le génie est partout !
« En pâtisserie, tout est permis »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-11]()
Matthieu GABILLARD et Simon TREMBLAIS, étudiants et Jean-Luc LARCHER, enseignant - LEGTAANGERS LEFRESNE France
La pâtisserie, comme l’art des jardins, respecte des codes, des principes. Un grain de folie, d’heureux incidents, muent pourtant les recettes et brisent les carcans. C’est alors la nouveauté, la
surprise et le renouveau. La ganache, par exemple, est l’invention d’un commis pâtissier maladroit. La tarte tatin, elle, n’est-elle pas le fruit d’une expérience ? Dans l’aventure du goût, le
végétal tient une place de choix. Sous les bons auspices du hasard, les nouvelles variétés ont révélé leurs trésors !
Pâtissiers se rêvant architectes, jardiniers chercheurs de saveurs : les uns fascinent les autres, et ces deux univers s’interpellent et s’inspirent. Souvenons-nous du délirant
Antonin Carême ! Grand chef pâtissier, architecte des sucreries, dont les fulgurantes créations pâtissières furent immortalisées dans le « Pâtissier pittoresque », ouvrage qui passionne encore
aujourd’hui architectes, paysagistes et cuisiniers !
Entrons donc dans le laboratoire du pâtissier jardinier, découvrons les saveurs, dans une exploration au service de l’audace gustative !
« Le délire des sens » Circling senses
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-12]()
Valentin BUCHWEITZ, Bernhard KUPIERZ, Frieder SCHUMACHER et László TRENKA, étudiants Sigurd Karl HENNE et Karl H.C. LUDWIG, enseignants HOCHSCHULE FÜR WIRTSCHAFT UND UMWELL NÜRTINGEN-GEISLINGEN
Allemagne
Nos sens nous trompent, parfois. Nous croyons voir des objets qui n’existent pas. Le jardin est le lieu privilégié de ce jeu des perceptions. On y déambule avec lenteur, animé tout à la fois d’un
sentiment d’étrangeté et de joie.
Le cheminement en ce jardin se fait par étapes, la découverte de chacune des parties doit être progressive. Tout commence par un tunnel, inquiétant dans son obscurité rougeoyante. Suivant la
lumière qui en perce l’extrémité, notre instinct nous guide vers un espace ouvert et lumineux. Dès la sortie du tunnel, c’est une plongée dans un monde onirique : un rêve de bambou.
Mais alors que les bancs invitent à la détente, des verres multicolores fascinent notre regard. Mobiles, ils se prêtent à de folles compositions. Une infinité d’images peut être composée, jouant
du reflet de l’espace et des visiteurs. Créer des images, suivre son inspiration, jouer avec les formes et les couleurs : tout appelle l’inspiration. Mais bientôt, au vagabondage de l’imagination
succède la concentration. Car sur le chemin vers la sortie, il faudra être vigilant : le passage sera parsemé d’embûches.
« Cordon bleu »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-13]()
Le Jardin d’Alain PASSARD conception Béatrice SAUREL avec Soazig DEFAULT et Michel RACINE et la participation de François BARRÉ, Chantal COLLEU-DUMOND, Christian BOURLANGES, Alain COSSON,
Caroline DE SADE, Ariane DELILEZ, Alex DENMAN, Hélène et Patrice FUSTIER, Jean-Bernard GUILLOT, Guillaume HENRION, Jean-Pierre LE DANTEC et Dominique MASSON
Le jardin du jury ? Qu’est-ce qui a poussé dans le feu de l’action les jurés de cette année ? Des étoiles, celles qui brillent dans les yeux de son président, le chef Alain Passard, lorsqu’il
évoque son jardin des délires délicieux, un Eden de fleurs et de saveurs mêlées, bruissant de vie, de surprises et d’émotions. Le jardin est parti de là, de ces fils invisibles qui guident le
geste du cuisinier vers une partition de saveurs. Ils sont à Chaumont-sur-Loire, des cordons bleus sur lesquels dansent, comme autant de breloques, tous les ustensiles qui nous ont donné un jour,
l’envie de passer aux fourneaux. Tous relient la main, celle offerte par l’arbre de la parcelle à une assiette géante, une jardinière de légumes « Arlequin », posée entre eau et terre, dans
laquelle poussent les ingrédients de cette recette d’été. Feuilles, racines et fleurs multicolores s’y s’épanouissent avec générosité, pour titiller les sens des visiteurs. Tandis que les
cucurbitacées s’enroulent jour après jour autour de ces liens, qui font la grande cuisine délicieuse et délirante, aussi.
« Orange mécanique »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-14]()
Rudy TOULOTTE, architecte DPLG-paysagiste et Carola IGLÉSIAS GARCIA DE SOLA, architecte France & Espagne
Ce jardin serait-il celui des Hespérides, où l’arbre aux pommes d’or est gardé par un dragon ? Les fruits précieux y seraient devenus des oranges... Planté d’orangers, l’espace exalte la fine
odeur de ces fruits convoités. Mais le regard a beau les chercher, impossible de déceler les touches fruitées sur les branches stériles.
Une peau d’orange déroulée, de couleur vive, plus artificielle que naturelle, vous guide en immersion dans le jardin... dans l’antre-même de l’orange ! Pressez-vous à l’intérieur, fiez- vous aux
parfums délicieux de la fleur d’oranger et à la couleur de l’orange qui vous colle à la peau. Savourer une orange bien juteuse dans ce jardin serait un vrai délice, mais ici, en cette saison,
cela serait un pur délire !
Ce jardin planté d’orangers qui ne produisent pas de fruits est un contre-pied à la culture intensive de l’orange, l’un des fruits les plus consommés au monde. Sa culture en est devenue
délirante, dans certains pays. Alors en ce jardin, prenez le temps de vous mettre dans la peau de l’orange : trouvez un lieu de repos, d’échange et de réflexion liée au “fruit d’or”...
« Paradis terrestre » Mag Mell
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-15]()
Rita HIGGINS et Peter LITTLE Irlande
« Mag Mell », c’est un paradis, une île légendaire qui se trouverait à l’ouest de l’Irlande, ou un royaume englouti dans l’océan. Ici sont réunis tous les plaisirs. Ici le bonheur dure toujours,
nulle ne manque de pain ou de vin. « Mag Mell », c’est un peu l’Elysée de la mythologie grecque ou le Valhalla Nordique.
Inspiré de l’univers de Bosch, des jungles du Douanier Rousseau, habité de la nature mystique irlandaise, ce jardin est une réflexion sur le paradis perdu, un espace onirique enveloppant et
intrigant. A l’intérieur, un chemin de bois qui vous mène jusqu’au centre. De-ci, de-là, de petits morceaux
de Paradis jalonnent votre parcours : extraordinaires fontaines, fascinants fruits-lampadaires, délicieux arbres magiques. Ces structures métalliques aux étonnantes formes courbes et végétales
vous accompagnent.
A l’intérieur, un microclimat vous enveloppe. La végétation entoure une fontaine surplombée d’un arc-en-ciel éternel. Feuillage luxuriant, fruits généreux, fraîcheur réconfortante, tout est
auréolé d’une lumière bienveillante et résonne des chants de la nature. Observez cet Eden, entrez : vous faite partie de ce Paradis.
« Le jardin des renards rouges » Foxes in the garden
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-16]()
Susan FRYE, architecte et enseignante en architecture paysagisme à l’Université du Nouveau-Mexique, Katya CRAWFORD et Veree PARKER SIMONS enseignants en architecture paysagisme à l’Université du
Nouveau-Mexique Etats-Unis
Ambivalent, énigmatique, à la fois inquiétant et tout à fait sympathique, le renard rode dans ce jardin. Une fois passé l’odorant rideau de plantes grimpantes qui en marque l’entrée, le jardin
décline la sauge et le chardon. Auréolé de brume, le visiteur est bientôt invité à savourer le charme serein d’un bassin de nénuphars. Mais de l’autre côté de l’étendue d’eau, les renards le
guettent. Amis ou ennemis ? Difficile de le dire.
Un étroit chemin dessine la voie vers un grand trône, celui du roi de la forêt. Un peu plus loin, la voie s’ouvre vers la rive opposée, pour approcher les renards. Entre fascination et anxiété,
ce jardin joue avec l’ambiguïté de nos sentiments. A travers la figure du renard, il convoque des émotions contradictoires. Ce jardin encourage ses visiteurs à s’approcher des renards. Entre
l’ombre et la lumière, le bien et le mal, l’ambivalence est partout, comme dans un rêve.
« Emeraude »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-17]()
DAUPHINSARCHITECTURE- FaïçalOUDORetHuguesJOINAU, architectes et Quentin GEFFROY, paysagiste France
« Là-haut, là-bas, à portée du regard, tout près jaillit un monde. Qu’habite ce récif de terre ? Je le contourne, en devine des odeurs, des sons, des images, mais il me semble lointain,
inaccessible. Je tourne autour et je n’arrive toujours pas à y rentrer, peut-être qu’il n’yapasd’accès?Oulaclefn’estpaslàoùjecrois?»
Entrez dans un monde inconnu. Une fois ses portes franchies, vous voici face à un mur en pisé, lisse, surmonté d’un monde végétal « miniaturisé ». Mais où est le jardin ? Levez les yeux, vous le
découvrirez, là-haut, comme sorti de terre : son sol vous surplombe. Des plantes majestueuses sollicitent l’imaginaire : ce jardin, inaccessible, est délicieux de suggestion, mais il est aussi
délirant de frustration, car on ne peut qu’en deviner la beauté.
Ponctuellement, sur votre chemin, des extraits d’une revue scientifique sont affichés sur la palissade. Ils révèlent les secrets des plantes que vous devinez, là-haut, dans le jardin.
« Sans dessus dessous »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-18]()
Adrien DEFOSSE, architecte paysagiste urbaniste CNAM et Damien ROIDOT, architecte paysagiste urbaniste France
Le délire n’est-il pas l’héritier de la folie ? Et la Folie... ne nous procure-t-elle pas des instants délicieux, de plaisir et de liberté... d’effervescence ?! Excentricité, exubérance,
imaginaire, délice et démesure coexistent dans ce monde, nous assaillent sans être jamais accessibles que par l’imagination, ou la folie. Vivre ces instants, c’est d’abord connaître le doute,
l’inconfort et la difficulté du choix. Sortir des sentiers battus, du cadre et des normes nécessite de pousser certaines portes, d’emprunter d’étranges itinéraires, pour continuer à avancer, à
s’initier à la folie.
L’expérience de l’inconnu, du différent, de l’étranger, du hors norme est un impératif en ce jardin. L’immersion y est totale, dans la « folie végétale ». Car il existe un monde, inouï, sublime
et délirant dans lequel les fleurs sont géantes, les arbres mystérieux, les plantes envoûtantes...
Ici, plus rien n’est impossible.
« Jardin des délires délicieux »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-19]()
Guillaume VIGAN, paysagiste et Alexandre GRANGER, architecte et urbaniste France
Volupté, tout n’est que volupté en ce jardin des sens, du plaisir et du désir. Corps et âme, nous y sommes invités à vivre des expériences intimes ou partagées. Il se veut comme le prolongement
du logis, une projection fantasmée de la chambre à coucher, avec ses règles, ses normes, ses rituels et leur transgression.
C’est en traversant un verger dense d’arbres fruitiers qu’il est possible d’y pénétrer. A travers ce méandre, on parvient à un espace ouvert sur le ciel. Tout n’est que luxe et raffinement. Au
centre, trône le lit à baldaquin, déposé sur un socle de roses rouges, qui convoque la passion.
Invitation au repos, à la méditation, à la rencontre amoureuse, le lit à baldaquin projette l’intimité du logis dans ce lieu à la fois ouvert et clos qu’est le jardin. La puissance évocatrice
d’une végétation, généreuse, sensuelle, flattant les sens, y tient une place essentielle. Les arbres fruitiers côtoient les roses rouges et la vigne vierge, à fleur de peau. Tous les sens sont en
éveil.
« Delirium tremens »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-20]()
Marine VIGIER et Émilie DELERUE, paysagistes DPLG, Marie-Laure HANNE, designer paysagiste, Jérôme JOLY et Frédéric DELCAYROU, jardiniers France
Le jardin du « Delirium Tremens » naît du délire : une scénographie d’ambiances végétales, minérales et animales farfelues... Dans cette invitation insolite à arpenter le sentier des poètes
disparus, le regard glisse, malgré lui, entre les lames d’une conscience dissimulant le monde des délices et des délires. La raison s’étiole au contact des plantes interdites, flanche au rythme
des planches qui tombent, se dilate dans un rêve onirique de plantes exquises et terribles. Le jardin s’anime en hallucinations visuelles, désorientant, obnubilant les visiteurs qui s’y plongent
jusqu’au paroxysme du délire.
L’extravagance des fantasmes enfantins est au cœur de ce jardin, où la mise en scène évoque les divagations chimériques et chamaniques, sur les pas des grands écrivains du symbolisme. Les
associations inopinées de plantes dessinent des élucubrations utopiques, le graphisme chambarde les matières usuelles jusqu’à l’illusion, l’exaltation des sens nous porte jusqu’au déséquilibre et
à l’hallucination.
« Le calendrier des sept lunes »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-21]()
RCPDESIGNGLOBAL-Régine CHARVETPELLOetsonéquipe interne, dirigeante et fondatrice de l’agence RCP design global, Alix DE SAINT VENANT, propriétaire du Château et Potager- conservatoire de Valmer
et paysagiste, Marc DE FERRIÈRE LE VAYER, professeur des Universités à l’Université François-Rabelais de Tours et Xavier MATTHIAS, maraîcher bio France
Un calendrier jardin hors normes, régi par les sept lunes de la durée du Festival. Régi par le cycle lunaire, ce jardin dissimule aussi sept lunes, à découvrir... Attention, il faudra bien
chercher !
Espace sensoriel et olfactif, ce jardin lunaire est dédié au temps et à la lune, à l’attente, aux jeux et à l’enfance. A découvrir en un coup d’œil, ou à savourer lune après lune : il est tout à
la fois un et multiple. Marquant le passage du temps, l’avancée du cycle, une fenêtre s’ouvre chaque semaine. Tout invite à revenir, pour découvrir les trésors de la semaine suivante... et la
suivante encore pendant toute la durée de la saison du Festival. 28 ouvertures sur un croissant de lune et une seule accessible par semaine, grâce à un mécanisme délirant, qui rend délicieux le
moment de la surprise. 28 cabinets de curiosités, qui ont une vie propre cachée, puis découverte, pour le plaisir de tous.
« Les chrysadélires »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-22]()
Laurent FAYOLLE et Noël PINSARD, paysagistes France
« Prenez garde, ne vous éloignez pas trop des sentiers battus, le jardin dans lequel vous entrez a été investi par des bêtes géantes. Elles ont tissé leurs toiles à travers cette jungle
foisonnante. Ne vous approchez pas trop d’elles ! Vous risquez de tomber dans un sommeil profond et délicieux, si vous vous lovez entre leurs pattes. »
Enchanté après avoir croqué une tomate magique, celui qui entre en ce jardin rapetisse et se retrouve dans un monde d’insectes. Ils ont été pétrifiés et leurs toiles ont été colonisées, petit à
petit, par une étrange végétation. A la fois luxuriantes et potagères, les plantes envahissent l’espace, elles grimpent partout. Leurs feuilles sont énormes, leurs fleurs et leurs fruits poussent
à foison.
Cette jungle est accompagnée de deux chrysalides, sortes de chaises longues jumelles, invitant à la discussion, au repos et à la contemplation du jardin, sous la lumière tamisée des lattis. Le
contraste se dessine entre un jardin potager envahissant et une chrysalide protectrice.
« Le jardin de la bière »
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-23]()
Joost EMMERIK, designer Pays-Bas
Toutes les composantes de la bière, cette boisson si populaire, sont cultivées dans ce jardin. Champ d’orge, couloir de houblon, riante fontaine composent une saisissante harmonie végétale. Au
fil des mois, le temps fait son œuvre, et c’est, d’avril à octobre, tout le cycle de la culture qui nous est révélé. Les végétaux mûrissent, font varier leurs couleurs et seront à l’automne prêt
pour la récolte.
Au fond du jardin, une jarre de levure est posée sur une grande table. La modeste quantité de levure contenue suffirait à transformer tout le contenu du jardin en quelque deux cents litres de
bière ! Ainsi, une fois le Festival terminé, alors que le souvenir perdure dans les esprits, le « Jardin de la Bière » pourrait-il offrir une continuité à ce délire.
Le « Jardin de la Bière » c’est ainsi non seulement un retour sur les origines de la bière, mais aussi une petite leçon de patience et un hommage au pouvoir de la simplicité dans le design et la
botanique.
CARTES VERTES :
Chaque édition du Festival International des Jardins est l’occasion d’inviter des personnalités qui n’émanent pas toujours du monde du jardin. Qu’ils interprètent le thème de l’année à leur
manière ou laissent libre cours à leur imagination, ces invités ont carte verte et bénéficient d’une grande liberté de création. Délicieux et délirants, les projets du designer Pablo Reinoso, de
l’architecte Jean-Philippe Poirée-Ville et du directeur artistique en maquillage Nicolas Degennes sont autant d’échos à la folie végétale et artistique de cette nouvelle édition du Festival. Le
grand paysagiste chinois Shu Wang créera également un jardin nouveau dans les prés du Goualoup.
Jean-Philippe POIRÉE-VILLE « Sylphes »
Tour d’Amboise, Château
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-24]()
Projet
C’est un rêve vert et fou que Jean-Philippe Poirée-Ville installe à l’ombre du Château. Spirale végétale inspirée, reliant l’architecture à la nature. Le procédé mis au point par Jean-Philippe
Poirée-Ville permet de créer d’audacieuses structures végétalisées, aux lignes étonnantes. A Chaumont- sur-Loire, l’artiste imagine une installation monumentale à la force graphique inédite. La
structure végétale dessine des entrelacs, pareils à l’interminable ruban que déroulerait une princesse. Se projetant sur la façade historique du Château, l’ombre des Entrelacs introduit également
une lecture nouvelle du patrimoine : son graphisme à la rondeur végétale vient épouser la rigueur architecturale.
Éléments biographiques
Jean Philippe Poirée-Ville est architecte et paysagiste, diplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture en 1996. Il suit parallèlement l’enseignement dispensé à l’Ecole Nationale Supérieure du
Paysage où il peut concrétiser avec bonheur son talent de jardinier des cimes. Son appétit artistique et sa soif de création le conduisent à concevoir en 2003, un nouveau système de cultures
aériennes hydroponiques (hors sol) qui s’appuie sur un premier brevet : ce sera la liane végétalisée. Il est lauréat du concours d’entreprise innovante en 2006. La ville de Strasbourg, la
fondation EDF, le château de Versailles le sollicitent pour créer des œuvres végétales. Il collabore tout autant avec l’INRA qu’avec des agences d’architecte de renom: Renzo Piano, Jean Nouvel,
Jean-Michel Wilmotte, ou des paysagistes comme l’agence TER.
Conjuguant architecture, paysage et botanique, Jean-Philippe Poirée-Ville apporte une réponse aux enjeux grandissants d’une écologie de la ville fondée sur la revégétalisation et l’équilibre
biologique. D’autre part, il crée une signalétique urbaine qui exprime avec force l’identité d’une ville plus soutenable, plus poétique.
Shu WANG « Le jardin des nuées qui s’attardent »
Prés du Goualoup
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-25]()
Projet
« L’oiseau en cage se souvient de son vieux bois, Le poisson en bassin rêve de son fond ancien » Tao Yuanming, « Retour pour demeurer aux vergers et aux champs ! ».
Au cœur des Prés du Goualoup, nouvellement aménagés, le grand paysagiste chinois Wang Shu choisit des matériaux simples : le bois de pin, la vigne, l’eau d’un petit bassin. Etendue sur une
vingtaine de mètres de long, la structure qu’il imagine est faite d’un entrecroisement de pièces de bois, rappelant les savants enchevêtrements des nids d’oiseaux. Comme retournée, la fragile
structure est progressivement gagnée par la vigne qui pousse à ses côtés.
A l’intérieur, un pont nous guide et traverse un bassin. La surface de l’eau s’offre comme un miroir et nous renvoie le jeu poétique de l’ombre et de la lumière, du bois statique et des feuilles
de vignes vibrantes dans le vent. Les nuages se reflètent dans ce délicat bassin et l’on se plait à les croire pris dans les filets du nid, qui nous entoure et se reflète, lui aussi.
C’est une pause, une parenthèse contemplative que l’on peut ici savourer, dans le calme et la sérénité : l’accès est étroit, le pont limite le nombre de visiteurs en ce lieu. On peut alors donner
libre cours à l’imaginaire, à la réflexion, à l’amitié, répondant alors à l’invitation qui nous est faite, dans le nom du jardin. Tingyun ting, « pavillon des Nuées qui s’attardent », fait
référence à un poème de Tao Yuanming, « Tingyun » (« Les Nuées qui s’attardent ») : un vibrant hymne à l’amitié.
Éléments biographiques
Wang Shu a étudié l’architecture à l’Université du Sud Est à Nankin, avant d’obtenir un doctorat en architecture à l’Université Tongji de Shanghai (2000). Il a créé son agence, Amateur
Architecture Studio, avec sa femme Lu Wenyu en 1998 à Hangzhou, où il est également directeur du département d’architecture de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts depuis 2003.
Ses projets ont été diffusés à travers le monde dans de nombreuses revues et expositions (« Alors la Chine ? » en 2003, « Positions » en 2008, « Architecture as Resistance » en 2009), et lui ont
valu plusieurs distinctions dès 2003 en Chine, mais aussi à l’étranger, parmi lesquelles le Global Award for Sustainable Architecture en 2007 et la Grande médaille d’or de l’Académie
d’architecture en 2011.
Après avoir passé les années 90 sur les chantiers à apprendre les techniques traditionnelles auprès des artisans, il a réalisé plusieurs projets, surtout des équipements culturels, dans lesquels
il fait preuve d’une approche sensible et poétique du savoir-faire constructif traditionnel tout en utilisant un vocabulaire architectural très contemporain : bibliothèque du collège Wenzheng à
l’Université de Suzhou (2000) avec TONG Ming, Musée d’art contemporain de Ningbo (2005), « Five Scattered Houses » à Ningbo (2006), Jardin des tuiles à la Xe biennale de Venise (2006), « maison
de la céramique » dans le parc de Jinhua (2007). Au-delà des techniques constructives, ce sont aussi les formes et les usages traditionnels qu’il souhaite réinterpréter dans ses projets, afin de
recréer une continuité, souvent perdue en Chine, avec la tradition: tours d’habitation (2006) et rénovation de la rue Zhongshan (2009) à Hangzhou, pavillon Tengtou-Ningbo à l’Exposition
universelle de Shanghai (2010).
Ses projets montrent un souci permanent des relations entre l’édifice, le paysage et la nature. Wang Shu se compare volontiers à un peintre classique : campus Xiangshan de l’École supérieure des
Beaux-Arts à Hangzhou (2004-2007), Musée d’histoire de Ningbo (2008). Le travail qu’il dirige actuellement pour
la réhabilitation des friches portuaires de Zhoushan, en ayant fait appel à d’autres architectes lauréats comme lui du Global Award, montre toute l’attention qu’il porte au site, à son histoire,
à ses anciens usages, et son attachement au recyclage.
Protagoniste exemplaire de la jeune architecture en Chine, Wang Shu nous montre comment dans un contexte si différent de la France, la recherche de la qualité architecturale, urbaine et paysagère
passe par la redécouverte de la tradition, sa compréhension et son dépassement.
Nicolas DEGENNES « Toi et Moi, Une Rencontre »
Nicolas Degennes - Création et mise en scène Francis Kurkdjian - Parfumage de la fontaine Production - Parfums Givenchy
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-26]()
Le regard aigu d’un créateur à la fois extérieur et fasciné par le monde du jardin. De son imagination foisonnante naît un jardin féérique qui multiplie les jeux de couleurs et de matières pour
mieux faire surgir la beauté et l’émotion.
Projet
Dès le seuil, trois lames s’élèvent habillées de noir brillant, tels les « totems des ancêtres » si chers aux temples shintoïstes japonais. Manière d’obstruer le passage, mais aussi de capter
notre attention et notre regard en ne laissant diffuser la lumière de l’intérieur qu’à travers quelques failles.
À l’intérieur, l’espace est noir et intime. Un chemin de bitume à l’étrange et voluptueuse matité contraste avec un désert de paillettes de mica aux reflets noirs. Ici et là apparaissent quelques
rochers, tout aussi sombres qu’étincelants, des explosions de fleurs blanches, comme légèrement pixellisées de rouge, évoluant au fil de la saison. Plus loin, la chevelure intrigante d’une forêt
d’ophiopogons au noir extrême se mêle à la blanche candeur de reines marguerites... et puis, qui semblent jaillir du sol volcanique, quatre arbres majestueux s’élèvent, gardiens de la passion
habillés de rouge feu, bois rendus vivants sous le scalpel et les messages d’imaginaires amoureux.
Cachée au cœur de ce lieu de mystère et de recueillement, une fontaine parfumée, masse étincelante et noire comme percée de blanc en son bassin, distille au gré des heures de la nuit et du jour
ses notes envoûtantes, philtre d’humeur et d’amour créé par le parfumeur Francis Kurkdjian pour l’offrir aux « Toi » et aux « Moi », célébrer cette palpitation de la première rencontre, cette
union sacrée de tous les sens.
Autour de ce miroir d’eau s’organisent quelques bancs dédiés à la contemplation et à la fraîcheur du sentir et du voir, protégés par l’ombre bienveillante d’écrans de bambous noirs ; enfin, pour
celles ou ceux qui voudraient communier au plus près avec cette source merveilleuse, une clairière, creusée en contrebas du bassin, permet de venir effleurer l’eau magique, d’en caresser presque
les délicates effluves..
Éléments biographiques
Directeur Artistique Maquillage et Couleurs depuis plus de dix ans pour Parfums Givenchy, Nicolas Degennes est avant tout un capteur de l’air du temps, un véritable créateur d’imaginaires et
d’émotion. Il a dessiné ce jardin comme une palette de couleurs et de matières, un univers de perception synesthésique, où tous les sens se rencontrent et se mêlent pour mieux nous transporter
dans une nature qui déborde le cadre du réel.
Pablo REINOSO
Prés du Goualoup, Grange aux Abeilles et Manège des Ecuries
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-27]()
Projet
Pablo Reinoso, bien connu pour ses extraordinaires et délirants bancs spaghettis ne pouvait être absent de l’édition 2012 : Jardins des délices, jardins des délires ! Dans l’imaginaire de
l’artiste, le banc devient fantasque, comme doué d’une vie propre qui l’amènerait à se développer, à pousser, à germer ; laissant libre cours à d’impossibles excroissances, dont la folie excède
le cadre habituel de notre quotidien. Bousculant nos habitudes en intervenant sur un objet pour ainsi dire commun, Pablo Reinoso introduit le merveilleux au sein du parc du Domaine. Ses bancs
spaghettis et ses fantasques instruments de jardin surprennent le visiteur au cœur du Festival et dans nombres d’espaces du Domaine, comme autant d’incitations à déceler l’extravagance partout
dissimulée.
Éléments biographiques
Né en 1955 à Buenos Aires, Pablo Reinoso a quitté l’Argentine pour vivre à Paris dès l’âge de 24 ans. Ses études à l’école d’architecture à l’Université de Buenos Aires, précèdent son
installation en Italie, en 1978, à Carrare, où il apprend la sculpture du marbre. Prolifique, aimant à croiser les disciplines, il mène ses expérimentations aux quatre coins du monde de l’art,
entre design et création plastique, photographie, vidéo ou encore édition. Après de premières réalisations usant de la sculpture sur bois, pierre et minéraux, Pablo Reinoso s’attache à des
matériaux légers, flexibles voire volatiles. Naissent alors ses « Breathing sculptures », dont le mouvement, animé par des pompes à air, évoque la respiration, la présence organique. Dans les
années 1990, il se tourne résolument vers le design avant de donner naissance à ses premiers Bancs spaghetti, bientôt installés dans plusieurs pays du monde, jusqu’à la ville japonaise de
Fukuroi, autour du stade de football qui a accueilli le championnat du monde 2002. Son expertise et son talent lui ouvrent également les portes de la direction artistiques de grandes marques,
telles que Givenchy, la Veuve Clicquot ou encore Kenzo.
Invités
« Le Délicieux et le Délirant »
Ecole Nationale d’Horticulture d’Angers (Agrocampus Ouest) France
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-28]()
Projet
Passée la porte anguleuse et rectangulaire de ce jardin, on rejoint un univers merveilleux. Cet espace de contemplation est une ouverture vers le céleste, qui invite à la détente et ménage des
échappées visuelles : le monde « terrestre », à l’entrée du jardin et le monde « céleste », celui des nuages, s’offrent au promeneur.
L’esprit de ce jardin fait référence à l’avant post-modernisme, dont les dimensions culturelles, écologiques, économiques, fonctionnelles, esthétiques s’expriment à travers des formes
d’environnements singulières.
Ainsi, les fruits exotiques font-ils écho à la culture asiatique dans ses dimensions tant civilisationnelles que divines.
Éléments biographiques
L’Institut National d’Horticulture est un établissement public d’enseignement supérieur et de recherche du Ministère de l’Agriculture. Forte d’une tradition qui remonte aux années 1970, l’INH est
intégrée au sein d’AGROCAMPUS OUEST depuis 1998.
Né de la volonté de créer au cœur du 1er bassin agricole et alimentaire européen un Grand établissement en sciences du vivant, AGROCAMPUS OUEST constitue aujourd’hui un ensemble unique en France
par la palette des thématiques couvertes et des expertises rassemblées dans les domaines de l’agronomie, de l’alimentation, de l’environnement, de l’horticulture et du paysage, mais aussi de
l’alimentation au cadre de vie.
« En vert »
LA SUPERSTRUCTURE - Patrice GOBERT, architecte, Marie-Christine LORIERS et Pascal MONTEL, artistes, Béatrice TOLLU, designer et Thierry DALCANT, paysagiste France
![« Jardins des délices, jardins des délires » F-copie-29]()
Projet
Le promeneur s’égare dans un monde inversé. Envers. En vert. L’allée sableuse du parc de Chaumont-sur-Loire, l’a guidé, tout naturellement, vers une parcelle ombreuse. Il découvre un parterre
foisonnant, il s’immerge dans la verte odeur des feuillages exubérants, étranges, découpés, charnus ou légers. Et aussitôt le monde bascule.
Quels fruits cherchent ces personnages vêtus de costume noir, la tête plantée dans la végétation, les pieds en l’air posés sur une échelle qui paraît monter au ciel ? Quel chant de la terre
écoutent ils ? Quels sont ces arbres, dont les embranchements sortent du sol ?
Trois bornes optiques, vidéo et sonores sont installées au bord de ce monde à l’envers. Le curieux s’approche de l’œilleton. Des viseurs, des lentilles rétablissent le sens commun : voici une
chorégraphie immobile, dans un verger aux fruits secrets, cachés dans une riche frondaison.
Le visiteur est dé-placé en situation imagée, en rêve éveillé. Plaisir, malaise. Le basculement ludique interroge sur la relation subjective, mal connue et fragile qui nous lie à notre terre,
notre sol, au système nature. La saisissante notion d’équilibre.
Éléments biographiques
La Superstructure n’existe pas. Elle est un lieu, des rencontres, des projets. Point fixe, un atelier ouvert, à Paris : architecture, paysage, design textile, création d’objets et environnements
urbains ou végétaux, dessin, écriture, enseignement.
Dans ce groupe multidisciplinaire et changeant, s’est cristallisée une idée: le jardin. Non pas vu dans les perspectives du savoir paysagiste, mais plutôt, et avec modestie, comme une
installation in situ, une figure vivante utilisant la palette du végétal et l’évocation narrative.
Ce fut l’angle d’approche du projet « Voir Rouge » lauréat 2009 du Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire sur le thème de la couleur. Depuis, l’idée de « Voir Rouge » a pris
racines, en variations contextuelles, à Saint-Pétersbourg, et en Allemagne à Bingen, toujours en lien avec le Festival de Chaumont-sur-Loire.
En écho, les partenaires de ce projet pensent avoir modifié leur approche de leurs domaines personnels de création. Plus que jamais, ils revendiquent la synergie de groupe, l’attention aux
contextes sociaux et environnementaux et la porosité entre les cultures.
Informations pratiques
Domaine de Chaumont-sur-Loire
Etablissement Public de Coopération Culturelle créé par la Région Centre et la Commune de Chaumont-sur-Loire
41150 Chaumont-sur-Loire
tél:0254209922
fax : 02 54 20 99 24
contact@domaine-chaumont.fr
www.domaine-chaumont.fr
Tarifs
Entrée gratuite jusqu’à 6 ans 1 Ce billet vous permet de visiter la totalité du Domaine: Festival des Jardins, Château, Ecuries et Parc 2 Ce tarif comprend la visite du Festival des Jardins et du
Parc. Il ne permet pas la visite du Château et des Ecuries 3 Ce tarif comprend la visite du Château, des Ecuries et du Parc. Il ne permet pas la visite du Festival des Jardins
Carte Pass : 35,00 euros par an, visitez en journée autant de fois que vous le souhaitez le Festival International des Jardins, le Centre d’Arts etdeNatureetleChâteau
(supplémentpourlesmanifestationsnocturnesetles«Splendeursd’Automne»).
2. Horaires
Le Festival International des Jardins est ouvert tous les jours du 25 avril au 21 octobre 2012, de 10h00 à 20h00 (horaires variables selon les saisons) La visite guidée d’une sélection de jardins
dure environ 1h15. La visite libre nécessite 2 heures.
Le Château et le Parc sont ouverts toute l’année, les expositions du 06 avril au 07 novembre 2012. A partir d’avril, le Château est ouvert de 10h00 à 18h00 (horaires variables selon les saisons).
Visites libres, visites guidées.
3. Accès
Chaumont-sur-Loire est situé entre Blois et Tours, à 185 km de Paris. Autoroute A10 et A85, sortie Blois ou Amboise.
Nombreux trains chaque jour sur la ligne Paris Austerlitz - Orléans - Tours, arrêt à Onzain.